Voici donc le second et dernier article consacré au temps passé par certains grands Compagnons auprès du Prophète (). Nous poursuivons ici notre liste non exhaustive de certains de ces Compagnons :
- ‘Amrû ibn al-Âs al-Sahmî al-Qarchî (Radhia Allahou Anhou) fut le conquérant de l’Egypte ainsi que l’un des plus grands personnages de l’Islam et l’un de ses chefs les plus capables et déterminés. Le Prophète () lui confia le commandement d’une armée deux mois seulement après sa conversion à l’Islam, laquelle armée se vit renforcée, par un ordre du Prophète (), par des contingents dirigés par Abû Bakr, ‘Umar et Abû ‘Ubayda, puis il fut envoyé avec son armée contre Oman ; par ailleurs, il conquit Qansarîn, il conclut la paix avec les habitants des villes d’Alep, de Manbij et d’Antioche. Enfin, notons qu’il a été rapporté de lui 39 hadiths.
- Khâlid ibn al-Walîd (Radhia Allahou Anhou) fut le grand chef de l’immense conquête islamique, le Prophète () lui donna le surnom d’ « épée d’Allah dégainée ». Il est notable qu’il ne fut jamais défait alors qu’il mena plus de cent batailles ou escarmouches, il terrassa et vainquit des adverses supérieurs en hommes, en forces et en nombre comme ce fut le cas avec les armées de l’Empire byzantin, des Sassanides, des Perses et de leurs alliés ou encore de nombreuses tribus arabes. Il n’accompagna le Prophète () que durant les 24 derniers mois de la vie de celui-ci.
- Djarîr ibn ‘Abdallah al-Badjalî (Radhia Allahou Anhou), lequel était appelé par ‘Umar ibn al-Khattâb le « Yûsuf de la Oumma » pour sa beauté et son respect mêlé de crainte. Il se convertit à l’Islam l’année durant laquelle le Prophète () mourut, c’est ainsi qu’il ne put accompagner ce dernier que durant environ 80 jours. Ce dernier disait la chose suivante : « Le Prophète () m’a pris sous son aile depuis que je me suis converti à l’Islam, de plus à chaque fois que je le voyais, il me souriait. Djarîr conduisit plusieurs batailles à la tête de son clan les Badjaliyyîn et notamment durant les attaques d’al-Buwayb, d’al-Qâdisiyya, de Djalûlâ` ou de Nahâwand ; par ailleurs, il est celui qui conquit Hulwân (qui est l’une des villes de montagne se trouvant dans l’est de l’Iraq) en 18 de l’Hégire et Hamdhân en 23 de l’Hégire. Il a été rapporté de lui plus de 300 hadiths qui se trouvent dans les neuf livres authentiques de hadiths.
- Mâlik ibn al-Hawîrth al-Laythî (Radhia Allahou Anhou), ses hadiths font partie des meilleurs de ceux qui ont été rapportés sur les caractéristiques de la prière du Prophète (), et ce, bien qu’il n’ait passé en compagnie du Prophète () que vingt nuits. Ses hadiths comportent plusieurs règles et éléments importants que seul lui à évoquer ; Boukhari a rapporté de lui le hadith suivant : « Je suis venu voir le Prophète () avec un groupe de mon peuple, et nous restèrent auprès de lui durant vingt nuits, il () était miséricordieux et bienveillant, et lorsqu’il () constata que nos familles nous manquaient, il () nous dit la chose suivante : « Retournez auprès des vôtres, enseignez-leur la religion, accomplissez la prière et quand vient le temps de celle-ci, alors que l’un d’entre vous fasse l’Adhân et que le plus âgé parmi vous la dirige » » (Boukhari). Il rapporta du Prophète () 25 hadiths, il mourut en l’an 74 de l’Hégire.
- Abû al-Tufayl ‘Âmir ibn Wâthila était l’un des grands personnages de sa tribu et il était le plus noble de cette dernière, c’était un homme vertueux, intelligent, d’une grande répartie et éloquent ainsi qu’un grand poète ; quand le Prophète () mourut, il avait huit ans, il mourut lui-même en l’an 100 de l’Hégire, il est la dernière personne à mourir qui avait vu le Prophète ().
Nous pouvons déduire de ce tout ce qui a été dit ici le fait qu’il n’est pas nécessaire d’avoir accompagné le Prophète () pour être considéré comme un Compagnon, bien au contraire il suffisait simplement de l’avoir vu une fois et de mourir dans l’Islam pour être considéré comme tel, la durée du « compagnonnage » ne changeait donc rien – c’est en tout cas l’avis des spécialistes du Hadith et grands savants de l’Islam. Par ailleurs, notons également qu’un long compagnonnage avec le Prophète () n’est pas le critère d’une vertu supérieure et ne place pas de fait le Compagnon en question au-dessus des autres ; c’est ainsi que nous avons vu précédemment des Compagnons qui ont joué un rôle prépondérant au service de l’Islam et qui ont eu une grande influence dans la diffusion du message islamique et de la connaissance de la religion d’Allah alors qu’ils n’ont accompagné le Prophète () que durant des périodes plus ou moins courtes. Et malgré ce fait indiscutable, c’est-à-dire leur court compagnonnage auprès du Prophète (), il nous faut constater que les musulmans à travers le monde récoltent encore jusqu’à aujourd’hui les fruits de leurs conquêtes et de leurs sciences, de même qu’ils trouvent dans leurs actions et paroles une guidée.
A l’inverse de ces grands Compagnons, nous trouvons un groupe de gens qui ont été des contemporains du Prophète () depuis la période de la Révélation et tout le long des périodes mecquoise et médinoise, lesquels gens furent en outre appelés par lui à l’Islam jours et nuits, ouvertement et discrètement, et pourtant ils ne réussiront pas dans l’au-delà et n’eurent aucune fierté dans ce bas-monde, car ils ne répondirent pas à cet appel. Ainsi, ces individus moururent dans le malheur après les 23 années qu’ils passèrent à lutter contre la diffusion du message de l’Islam et à tenter d’étouffer la lumière d’Allah, de plus leur souvenir a été enseveli dans leurs tombeaux, les gens ont oubliés et l’histoire ne retient d’eux que des réalisations et actions néfastes et malfaisantes. Nous demandons à Allah Ses bienfaits et nous Lui demandons de ne pas nous abandonner.
En résumé de ce que nous avons vu dans cet article nous pouvons affirmer que la réalisation de grandes choses et la contribution à élever la civilisation ne dépendant pas de l’âge notamment, mais cela a plutôt à voir avec les efforts et le travail consentis afin de réaliser ces grands buts, c’est ainsi que les résultats et la récompense qui peut en découler dépendent des efforts fournis.
Dr Mahfûdh Walad Khayrî
Traduction Islamweb.