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Les victimes de l’islamophobie en Grande-Bretagne

Les victimes de l’islamophobie en Grande-Bretagne

De sa propre initiative, une organisation a décidé de comptabiliser les actes racistes contre les musulmans vivant dans la société britannique, lesquels sont en augmentation. Cette organisation à but non-lucratif, dont le nom est « Faith Matters » et dont le siège est à la Londres, se démène, avec une aide financière du gouvernement britannique, pour aider les victimes de l’islamophobie. Pour ce faire elle comptabilise et donc met en évidence les exactions continues que subit la communauté musulmane au Royaume-Unis, le but est de communiquer aux services de sécurité tous les cas d’agressions islamophobes recensés par l’organisation. Après un an de travail, cette dernière présentera donc un rapport aux services concernés qui comportera une estimation de l’ampleur des problèmes réels rencontrés par les musulmans britanniques. Ces chiffres donneront des arguments supplémentaires à ceux qui font pression sur le gouvernement britannique pour qu’il classe les actes islamophobes à part des actes racistes généraux, comme c’est déjà le cas d’ailleurs des actes dits « antisémites » qui sont considérés par la loi comme des délits ayant des effets et dispositions juridiques indépendants des autres délits racistes.
L’observation de la réalité, une occasion de faire changer les choses :
A ce propos, le directeur de l’organisation Fiyaz Mughal a expliqué à une radio le but de cette initiative en disant : « Au Royaume-Unis, nombreux sont ceux qui pensent que ces chiffres mettant en évidence la réalité des actes islamophobes ne se basent sur rien de tangible, selon eux ces actes n’existent pas. C’est ce type d’opinion qui a décidé l’organisation « Faith Matters » de mettre sur pieds un projet visant à mesurer les attaques islamophobes avec le soutien financier du gouvernement britannique. Nous avons également créé un numéro téléphonique afin d’aider les victimes d’actes islamophobes qui pourront expliquer ce qui leur ait arrivé en apportant des éléments formels, puis leur mésaventure sera notifiée et communiquée aux autorités compétentes ».
Fiyaz Mughal a appelé toutes les personnes qui ont été victimes de comportements ou d’agressions islamophobes, ou même qui ont reçu un message avec un commentaire spécieux faisant allusion à leur pratique de l’Islam, de le faire savoir, et ce, afin de faire avancer la lutte contre ce type de discrimination. D’après ses investigations, l’organisation a découvert que la police britannique n’a diligenté une enquête que pour 14 cas d’acte islamophobe sur les 44 plaintes qu’elle a reçues dans l’année.
Malgré les demandes répétées des organismes qui se chargent de la défense de droits des musulmans en Grande-Bretagne de donner aux délits islamophobes le même cadre juridique que les actes « antisémites », la législateur britannique continue à placer les actes antimusulmans parmi les autres délits attentant aux religions telles que le christianisme, l’hindouisme ou encore le sikhisme. Légalement, l’antisémitisme est un délit à part, ou plutôt au-dessus des autres.
A propos de ces demandes, le porte-parole des hauts gradés de la police a déclaré ceci à la BBC : « Les délits antisémites ont commencé à être enregistrés séparément depuis 2006, ce fut une réponse à une demande du gouvernement après que ce dernier ait mené des enquêtes sur cette question ». Il poursuit et explique que : « définir précisément les délits attentant aux autres religions est un immense défi, car en général la loi britannique ne considère pas ce type de délits comme étant des délits racistes. Par conséquent, toute tentative de vouloir classer séparément les délits islamophobes provoquera des erreurs dans la procédure qui visera à faire le distinguo entre ce qui relève de la haine religieuse de ce qui relève du racisme ». Il précise que bien que la police britannique ne publie pas les plaintes ayant pour objet l’islamophobie, il est important de signaler que toutes les forces de polices locales conservent ces plaintes ».
Qui est le responsable de cette islamophobie ?
Cette initiative de « Faith Matters » visant à recenser les actes islamophobes est survenue après que des chiffres officiels montrant que ceux-ci étaient en augmentation ont été rendus publics. En conséquence de cela le Conseil islamique britannique a, lors d’un colloque organisé en juin 2011, exigé des pouvoirs publics qu’ils soient plus vigilants sur cette question et enquêtent sérieusement sur les agressions violentes et les menaces de mort dont sont victimes les musulmans ainsi que sur les profanations de tombes musulmanes. Le Conseil a par ailleurs critiqué le fait que les pouvoirs publics n’encouragent pas les musulmans à dénoncer et mettre sur la place publique les actes islamophobes dont ils peuvent être les victimes.
Selon un article publié par le journal The Independent le 12 juin 2011 rapportant les propos du secrétaire général du Conseil islamique britannique, Farooq Murad, les registres de la police londonienne indiqueraient qu’il y a eu 762 délits islamophobes dans la capitale britannique entre avril 2009 et avril 2011. Et alors qu’on recense 1200 actes islamophobes dans tout le Royaume-Unis durant les six premiers mois de l’année 2012, il n’y a eu durant cette même période que 546 actes antisémites.
Au même moment où les chiffres montrent que l’islamophobie gagne du terrain en Grande-Bretagne, une enquête effectuée par un institut de sondage en août 2011 montre que 99 % des personnes interrogées confirment que l’islamophobie est une réalité, 53 % des sondés imputent la responsabilité de ce phénomène aux médias britanniques et 11 % d’entre eux estiment que ce sont les musulmans eux-mêmes qui en sont responsables. Selon le docteur Leon Moosavi, professeur à l’Université de Lancaster et spécialiste de l’islamophobie, « la peur de l’Islam et des musulmans est un problème qui est en train de gagner en importance au Royaume-Unis ». Face à ce constat alarmant, Moosavi insiste beaucoup sur la nécessité de diffuser le vrai visage de la culture islamique dans la société britannique afin de stopper ce phénomène. Le professeur de Lancaster a par ailleurs déclaré dans un reportage diffusé par la radio britannique que : « L’enseignement des préceptes de la religion musulmane dans les écoles britanniques est devenu urgent, parallèlement il incombe aux musulmans eux-mêmes de diffuser la culture de l’Islam parmi les gens ».
Cependant, il semble que la diffusion de la culture islamique dans le Royaume-Unis est devenue une source d’inquiétude à l’intérieur de la société britannique, d’autant plus que le nombre de ceux qui ont embrassé l’Islam dans ce pays a désormais dépassé les 100 000. Ce chiffre se trouve dans un rapport diffusé par « Faith Matters ». Ce rapport estime que le nombre de Britanniques qui ont déclaré s’être convertis à l’Islam au cours de l’année 2010 atteint les 5200, parmi eu 1400 vivent à Londres et 70 % d’entre eux sont de race blanche. L’âge moyen de tous ces convertis est 27 ans. Enfin, il est à noter que les musulmans de Grande-Bretagne représentent environ 3 % de la population totale.
Etant donné la montée des actes islamophobes, est-ce que les musulmans britanniques, dont le nombre atteint presque les deux millions d’individus, vont être capables de pousser à la promulgation d’une loi qui incrimine ceux qui les agresseront pour des motifs religieux, comme c’est déjà le cas pour les actes antisémites ? Ou bien resteront-ils des citoyens de seconde zone subissant un deux poids deux mesures intolérables de la part d'un pays qui prétend être démocratique et libéral ?
 

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