Les Qadarites sont des gens qui nient la croyance au destin. Ils affirment : il n’y a pas de destin et rien n’a été prédestiné, soit, écrit à l’avance. Or, une telle allégation est une infirmation de la préscience divine et une croyance qu’Allah ne connait les choses qu’après qu’elles se soient déroulées.
Une telle doctrine est un égarement évident. C’est une mécréance en Allah, un démenti de ce qui est nécessairement connu de tous comme étant un point essentiel de la religion.
La croyance authentique, au sujet de laquelle les preuves scripturaires du Coran et de la Sunna affluent, attestent de la préscience d’Allah et qu’Il a écrit le décret de tout ce qu’Il a créé avant même de les créer, et que rien n’arrive au sein de tout ce qu’Il a créé sauf ce qu’Il veut et souhaite.
Allah, exalté soit-Il, dit :
« Nous avons créé toute chose selon un décret préalable. » (Coran 54/49).
« Nul malheur ne s’abat sur terre ou sur vos personnes qui ne soit consigné dans un livre avant même qu’il ne se produise par Notre volonté [Ou : avant même que Nous procédions à la création (de la terre ou de ces personnes).], chose des plus aisées pour Allah. » (Coran 57/22).
« Allah ouvre à l’islam le cœur de celui qu’Il entend guider. Quant à celui qu’Il entend égarer, Il rend son cœur serré et oppressé, comme si ce dernier tentait de monter au ciel. C’est ainsi qu’Allah livre aux tourments ceux qui rejettent la foi. » (Coran 6/125).
Mouslim rapporte un hadith de Abdullah ibn ‘Amr ibn Al-‘âs (qu’Allah soit satisfait de lui) : j’ai entendu le Prophète () dire : « Allah a écrit le décret de tout ce qu’Il a créé avant de créer les cieux et la terre de cinquante-mille ans. Son trône était alors sur l’eau. »
Selon Ali (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit : « La place de chacun de vous est déjà inscrite, soit en Enfer, soit au Paradis. » Les compagnons dirent : « Messager d’Allah ! Alors pourquoi œuvrer ? Ne devons-nous pas alors nous en remettre à notre destin ? » Il répondit : « Au contraire, œuvrez ! Car à chacun sera facilité ce pour quoi il a été créé. » Puis il récita ce verset : « A celui qui, par crainte du Seigneur, fait la charité dans l’espoir d’obtenir la récompense de l’au-delà, Nous faciliterons l’accomplissement du bien. » Rapporté par Boukhari et Mouslim dont c’est la version.
Dans ses Sunans, Abû Dâwûd rapporte de Ubâda ibn Al-Sâmit (qu’Allah soit satisfait de lui) qu’il a dit à son fils : « Ô, mon fils, tu ne goûteras pas à la saveur de la véritable foi tant que tu ne sauras pas que ce qui ne t’a point atteint ne pouvait en aucun cas t’atteindre et que ce qui t’a atteint ne pouvait que t’atteindre. J’ai entendu le Prophète () dire : « La première chose qu’Allah créa fut le calame auquel il dit : « Ecris le décret de toute chose qui doit arriver jusqu’au jour de la résurrection. » Ô mon fils, j’ai entendu le Prophète () dire : « Celui qui ne meurt pas en ayant cette croyance ne fait pas partie des miens. »
Il existe plusieurs hadiths dans la Sunna qui sont attribués au Prophète () et dans lesquels il condamne les Qadarites. Il les décrit comme étant les mages de cette communauté. Et même si les chaines de transmission de ces hadiths ne sont pas toutes exemptes de reproches, il n’en reste pas moins que certaines atteignent un degré d’authenticité considéré comme bon (Hasan). Parmi ces hadiths :
Selon Ibn Omar, le Prophète () a dit : « Les Qadarites sont les mages de cette communauté. S’ils sont malades, ne leur rendez pas visite et s’ils meurent, n’assistez pas à leurs funérailles. » Rapporté par Abû Dâwûd. Al-Suyûtî, dans sa compilation de hadith, a apposé un symbole indiquant que ce hadith est authentique. Al-Albânî le juge bon, Hasan, dans Sahih Al-Jâmi’.
Le premier homme à avoir soutenu la doctrine des Qadarites est Ma’bad Al-Juhani Al-Basrî, à la fin de l’époque des compagnons. Ghaylân Al-Dimashqî l’a apprise de lui. Les compagnons qui avaient été informé de cette doctrine s’étaient désavoués d’eux. C’est le cas de Abdullah ibn Omar, Abou Horayra, Ibn Abbâs, Anas ibn Maik, Abdullah ibn Awfa et ‘Uqba ibn Nâfi’ Al-Juhani. Et c’est aussi le cas d’autres compagnons.
Dans le recueil de Mouslim, selon Yahya ibn Ya’mar : le premier à avoir soutenu la doctrine de l’inexistence du destin à Bassora fut Ma’bad Al-Juhani. Avec Humayd ibn Abd Al-Rahmân Al-Himyarî, je me rendais au pèlerinage, un Hajj ou une Omra. Je lui dis : ‘’Si nous allions à la rencontre d’un des compagnons du Prophète () pour l’interroger au sujet de ce que disent ces gens au sujet du destin ?’’ Et nous avons pu y croiser Abdullah ibn Omar ibn Al-Khattâb … Je lui dis : ‘’Ô Abd Al-Rahmân, dans notre contrée est apparu des gens qui lisent le Coran et sont en quête de savoir’’ et il lui expliqua qu’ils prétendent qu’il n’y a pas de destin et que rien n’a été prédestiné. Il dit : « Si vous croisez l’un d’eux, dites-lui que je me désavoue d’eux et qu’ils se sont désavoués de moi. Par celui sur lequel jure Abdullah ibn Omar : si l’un d’eux dépensait en aumône une quantité d’or de poids équivalent à la montagne d’Uhud, Allah n’accepterait pas son œuvre jusqu’à ce qu’il ait foi au destin. »
Et bien que les adeptes de la Sunna et de la communauté des musulmans attestent de l’existence du destin, ils reconnaissent également à l’homme un libre arbitre, la possibilité de choisir de faire ce qu’il veut et une volonté qui lui est propre et qui est la raison même pour laquelle l’homme a été chargé d’assumer les préceptes de la religion. L’homme et ses volontés sont des créatures d’Allah. C’est ce qu’atteste le Coran et que la Sunna exprime en des termes clairs. Comme dans ce verset :
« À ceux d’entre vous qui veulent suivre la bonne direction. » (Coran 81/28).
« Dis : « Ceci est la vérité émanant de votre Seigneur. » Y croira qui voudra et la reniera qui voudra. » (Coran 18/29).
« Mais vous ne le voudrez que si Allah Lui-même, Omniscient et infiniment Sage, le veut. » (Coran 76/30).
Et nous avons déjà expliqué cela dans le détail au cours de plusieurs Fatwas. Il vous est possible de les consulter en utilisant le moteur de recherche à thèmes : Croyance/piliers de la foi/ La foi au destin.
A partir de ce qui vient d’être dit, on sait que l’allégation énoncée dans la question est complètement fausse, celle qui prétend que ‘’ la volonté de l’homme et la force de son âme, la force de sa concentration ou sa résolution seraient les seules choses qui auraient un impact ‘’. En effet, rien n’advient dans tout ce qu’Allah a créé sauf ce qu’Il veut. Personne ne peut faire quoi que ce soit sauf si Allah le veut, comme il est dit dans le verset :
« À ceux d’entre vous qui veulent suivre la bonne direction. Mais vous ne le voudrez que si Allah le veut, Lui le Seigneur de la Création. » (Coran 81/28-29).
Dans ce verset, Allah atteste bien du fait que le serviteur dispose d’une volonté. Et Il nous informe également que cette volonté ne peut se réaliser qu’après la volonté d’Allah. Le serviteur fait effectivement son acte. Et c’est pour cela qu’on lui demandera des comptes à ce sujet et qu’il en sera rétribué.
Pour ce qui est de poser comme condition d’avoir la certitude pour que les invocations soient exaucées, cela est équivalent aux autres conditions d’exaucement des invocations comme le fait de consommer de la nourriture licite, de porter des vêtements licites, ou de poser comme condition que l’invocation ne conduit pas au péché, comme la rupture des liens de parenté. La présence du cœur et la certitude du fidèle que son Seigneur l’exaucera est une des causes d’acceptation de l’invocation. Cela fait partie de la bonne opinion du fidèle à l’égard de son Seigneur. Et Allah agit avec Son serviteur en fonction de ce que celui-ci pense de Lui. Et nous avons déjà expliqué cela dans la Fatwa 9081.
Leur allégation : ‘’ l’invocation n’est pas utile, mais ce qui l’est c’est la certitude et la volonté’’, c’est une erreur évidente. La certitude ici signifie que le fidèle a la certitude qu’Allah exaucera son invocation. Et ceci ne peut être que si le fidèle en fait une.
Et il n’y a aucune possibilité de comparer le musulman monothéiste qui unifie son Seigneur en Lui vouant un culte pur et exclusif et a pour foi que le Créateur, le Roi dont rien ne se passe dans son royaume s’Il ne le veut pas, il n’y a aucune comparaison à faire entre un tel musulman et un adorateur des idoles.
Les adorateurs des idoles attestaient de l’existence du destin, mais ils prenaient cette croyance comme argument pour justifier qu’il était permis de commettre du polythéisme et des déviances, comme le dit Allah dans ce verset :
« Les idolâtres diront : « Si Allah l’avait voulu, ni nous, ni nos ancêtres, ne Lui aurions associé de faux dieux et n’aurions rien interdit de nous-mêmes. » Argument fallacieux semblable à celui invoqué par leurs devanciers, jusqu’au jour où ces derniers durent affronter Nos rigueurs. Dis-leur : « Auriez-vous quelque preuve à nous présenter ? » Vous n’avez, en réalité, aucune certitude. Vous vous perdez simplement en conjectures et ne faites que mentir. » (Coran 6/148).
Se référer au destin pour justifier les péchés et les fautes est une démarche absolument fausse. Le polythéiste commet son péché en choisissant de le faire. Il ne ressent à aucun moment que quelqu’un l’y force. Il lui incombe donc de se conformer à l’ordre de son Seigneur et Lui vouer un culte pur et exclusif, délaisser tout polythéisme. Tout cela est dans ses possibilités et dans ses capacités. Vous trouverez le développement de tout cela dans des Fatwas précédentes.
Et Allah sait mieux.