Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Le Walî (tuteur) d’une femme peut la marier jeune s’il voit un quelconque intérêt dans ce mariage. Il est également permis au tuteur d’un enfant de l'assigner à un travail adapté et non pénible. Il est en outre permis à l’homme de corriger sa femme en la frappant pour mettre fin à sa désobéissance après avoir essayé dans l'ordre les deux autres moyens mentionnés dans le Coran (sens du verset) : « […] Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. […] » (Coran 4/34)
Il est également permis de discipliner un enfant en le frappant et ce en dernier recours, à condition que les coups ne soient pas violents, ne lui brisent pas les os, ne le blessent pas, ne soient pas portés au visage, ne soient pas donnés à un moment de colère et ne prennent pas la forme d'une vengeance.
Il n'est pas permis à l'Etat d'interdire ces actes par une loi ou de les restreindre sous prétexte d'un intérêt public, car cela reviendrait à interdire une chose qu’Allah, exalté soit-Il, et Son messager () ont rendue licite ou à imposer une chose qu’ils n’ont pas imposée. Allah, exalté soit-Il, a blâmé celui qui rend illicite ce qu’Allah, exalté soit-Il, a rendu licite et dit (sens du verset) :
· « Que dites-vous de ce qu'Allah a fait descendre pour vous comme subsistance et dont vous avez alors fait des choses licites et des choses interdites ? – Dis : "Est-ce Allah qui vous l'a permis ? Ou bien forgez-vous (des mensonges) contre Allah ?" » (Coran 10/59)
· « Ou bien auraient-ils des associés [à Allah] qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu'Allah n'a jamais permises? […] » (Coran 42/21)
Le détenteur de l’autorité n'a pas le droit de rendre illicite ce qui est licite et n'a pas le droit d'exiger une autorisation ou une permission pour l'exercice d'actes licites. Par contre, il est permis aux dirigeants musulmans d’interdire une chose permise de manière temporaire et spécifique sous certaines conditions à savoir :
Premièrement : que l'acte interdit, bien que licite à la base, ait des conséquences néfastes ou qu'il mène à des actes illicites. Dans ce cas, le dirigeant peut empêcher cette chose néfaste ou illicite de se produire. Exemple : interdire à une personne atteinte de la lèpre ou du sida de se marier afin qu’elle ne transmette pas sa maladie aux autres ou interdire à celui qui ne voit pas bien de conduire afin d’éviter les accidents. Tout ceci relève de la règle islamique bien connue : repousser le mal pour les autres et pour soi-même. Au début de l’Islam, il était interdit aux Musulmans d'insulter les idoles des polythéistes pour ne pas les amener à insulter Allah, exalté soit-Il, par inimitié ou par ignorance.
La nuisance est facile à vérifier et n’est pas un terme ambigu comme l’intérêt public. C’est pourquoi si l’État interdit une chose permise par la Charia, il doit impérativement apporter la preuve qu'elle entraîne une nuisance.
Deuxièmement : que l'acte interdit soit spécifiquement lié à l’État et à ses employés. En effet, dans ce cas, l’État a le droit d’imposer ou d’interdire une chose aux personnes qui sont placées sous son autorité comme les employés, les soldats et les ouvriers, et ce dans un but légitime comme le fait d’imposer aux employés des horaires déterminés ou d’imposer à l’armée un uniforme spécifique. Le Prophète () et ses khalifes bien guidés agissaient ainsi. Ils interdisaient aux gens qui travaillaient pour eux d’accepter les cadeaux même si, à l’origine, il est permis d’accepter un cadeau.
Troisièmement : que l'acte interdit se rapporte aux services ou aux finances publiques. En effet, selon la Sunna, les Musulmans doivent s’associer pour payer les services publics comme l’eau, l'entretien des jardins, le gaz et les routes. La gestion de tous ces services revient à l'État afin de garantir l'intérêt des Musulmans et de s'assurer que certains ne paient pas plus que d'autres. Dans ce cas, l’État a le droit d’imposer ou d’interdire certaines choses qui sont à l’origine permises par la Charia. En effet, le Prophète () a protégé le cimetière d'al-Baqi' à Médine, et il a repris à ‘Ubayd ibn Djamâl la mine de sel qu’il lui avait donnée parce que les gens en avaient besoin. De même, il a distribué l’argent de la bataille de Hunayn aux émigrés de la Mecque en raison de leur pauvreté, ainsi qu’à ceux qui venaient d’embrasser l’Islam au détriment des habitants de Médine. Il a de même ordonné que la route soit divisée en sept voies afin d’organiser le trafic et il a ordonné aux gens qui habitaient plus en hauteur de retenir l’eau puis de l’envoyer à ceux qui habitaient plus bas. Quant à ‘Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, il a protégé al-Charaf et al-Rabdha. Il existe beaucoup d’autres exemples qui montrent que l’État a le droit d’organiser les services ou les finances publiques dans lesquels les Musulmans sont associés.
Quatrièmement : que l'acte interdit se rapporte aux obligations communautaires dont l’État a la charge. En effet, la Charia a mandaté l’État pour accomplir certaines obligations communautaires comme la collecte de la Zakat, le Djihâd etc. Dans ce cas l’État a le droit d’imposer ou d’interdire certaines choses à ceux qui sont sous son autorité. Le Prophète () a prescrit la contribution au Djihâd et imposé à celui qui s'est engagé à cette contribution de se présenter et de ne pas s’absenter sans autorisation. ‘Uthmân, qu'Allah soit satisfait de lui, a consacré un mois de l'année à la collecte de la Zakât comme cela a été rapporté dans le livre al-Muwatta. L’État peut donc gérer comme bon lui semble les obligations communautaires dont il a la charge, afin de s’assurer qu’elles seront accomplies conformément à la Charia. Si l’obligation communautaire ne se rapporte pas à l’État comme l’effort d'interprétation pour déduire des textes religieux certaines dispositions, l’État n’a pas à s'y ingérer. Et il n'a pas le droit d'interdire ou d'imposer quoi que ce soit aux gens qui le font.
En guise de conclusion, nous disons que l’État n’a pas le droit d’interdire un acte permis ni d'exiger une autorisation préalable pour l'exercice de cet acte. L’État à le droit d’interdire certaines choses permises dans des cas bien précis, mais à des fins légitimes et selon les règles mentionnées précédemment. En effet permettre une chose est une Loi instaurée par le Créateur. Lorsque les preuves légales existent de la permission d’une chose par le Créateur Suprême, aucune créature ne peut l’interdire dans l’absolu.
Et Allah sait mieux.