L'obésité, l'excès de nourriture et l'absence de sport pour perdre du poids
2-2-2020 | IslamWeb
Question:
La science atteste que l'obésité, le fait de ne pas faire de sport et avoir une alimentation non saine conduit à la mort. Le musulman commet-il un péché s'il ne fait pas le nécessaire pour perdre du poids?
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Votre question porte sur trois points: une alimentation non saine, l'obésité et le sport.
Pour ce qui est de l'alimentation: le fait qu'elle ne soit pas saine n'est pas suffisant pour constituer une cause de l'interdiction sur le plan religieux et lui donner un autre statut que le sien qui est initialement autorisé.
Ce qui peut constituer une cause d'interdiction dans ce cas et s'il est avéré que cela provoque une nuisance démesurée qu'un homme normal ne pourrait supporter.
Quant à l'obésité: Elle est blâmable quand elle résulte d'un comportement enclin au bas monde, à disposer avec largesse des jouissances et à s'adonner continuellement à ses envies. De ce point de vue, cela est interdit.
Par contre, si une personne est naturellement obèse, sans que cela ne résulte de son choix ou de ses actes, mais qu'Allah l'a créé ainsi, alors cela n'est pas blâmable ni interdit, puisque la personne concernée n'y peut rien.
Une question y est liée: Le statut de manger davantage de nourriture après être rassasié: les savants divergent pour savoir si cela est interdit ou réprouvable. Al-Haytamî dit dans son Tuhfa: ' Les deux cheikhs disent clairement qu'il est réprouvable de manger davantage après avoir été rassasié. D'autres disent que c'est interdit. On doit comprendre le premier avis, que cela est uniquement réprouvable, dans le cas ou cela ne lui cause pas de tort. Et le deuxième avis, que cela est interdit, quand cela lui en cause.' Fin de citation.
Il est mentionné dans le livre Kashshâf al-Qinâ': La sunna veut que le ventre soit divisé en trois parties: un tiers pour la nourriture, un deuxième pour la boisson et le troisième pour respirer conformément au hadith: " Il suffit à un homme de manger quelques bouchées pour vivre. S'il doit vraiment manger plus, alors qu'il réserve un tiers [de son ventre] à sa nourriture, un tiers à sa boisson et un tiers à sa respiration ". Et il est permis de manger davantage que peut contenir le tiers de son estomac sans pour autant se causer du tort en le faisant. Par contre, il est interdit de manger beaucoup si on craint que cela nous nuise ou provoque une indigestion. L'auteur du livre al-Furû' l'a rapporté de cheikh Taqî al-Dîn après avoir mentionné son avis qui dit que cela est réprouvable.' Fin de citation.
On voit bien que certains savants ne considèrent pas que manger à satiété et dans des quantités importantes est interdit bien qu'il n'échappe à aucun d'eux que cela ait des mauvaises répercussions sur la santé.
Pour ce qui est du sport et de ne pas perdre de poids, cela, au mieux, s'inscrit dans le cadre de la médication. Or, se soigner n'est pas obligatoire à priori, sauf dans des cas exceptionnels. Ibn Taymiyya a dit: ' Se soigner n'est pas obligatoire. Celui qui discute cet avis devra se confronter à plusieurs textes de la sunna parmi lesquels: le hadith de la femme noire que le Prophète, , a laissé choisir entre patienter avec son épreuve et entrer au Paradis ou invoquer en sa faveur et être guéri et elle choisit la première option. Et s'il était obligatoire de se soigner, il n'avait pas lieu de lui laisser le choix, comme on peut avoir le choix de manger pour ne pas avoir faim. Un autre hadith dans lequel Ubayy invoqua d'avoir la fièvre. Un autre hadith dans lequel il laissa le choix aux habitants de Quba de patienter face à la fièvre ou d'invoquer en leur faveur et ils choisirent de patienter. Un autre hadith dans lequel il invoqua pour que les membres de sa communauté meurent par meurtre ou par la peste. Un autre hadith dans lequel il interdit de sortir d'un territoire dans lequel s'est propagée la peste.
Il devra aussi répondre à l'attitude des prophètes qui furent éprouvés par la maladie et ont patienté en ne mettant pas en œuvre les moyens pour repousser cette maladie comme le fit Ayyoub, 'alayhi al-salâm, et d'autres.
Il devra aussi répondre à l'attitude des pieux prédécesseurs: Quand Abu Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, répondit à ceux qui lui proposaient de faire venir un médecin: Il, m'a déjà vu. Et qu'a-t-il dit lui demanda-t-on? Je fais ce que je veux leur asséna-t-il. De tels propos et d'autres similaires ont été rapportés de Rabi'Ibn Khathîm, le serviteur repentant qui est le meilleur des gens de Koufa ou l'un des meilleurs. Et aussi, de Omar ibn Abd Al-'Aziz, le calife bien guidé, et bien d'autres qu'on ne peut recenser tant ils sont nombreux.
Je ne connais aucun homme qui nous ait précédé ayant jugé obligatoire le fait de se soigner. Mais les gens de mérite et de connaissance préféraient délaisser les soins par choix, pour obtenir le mérite d'accepter le destin divin et de s'en satisfaire et de s'y soumettre. C'est ce qui est rapporté d'Ahmad, bien que certains des tenants de son école considèrent que se soigner est obligatoire, et d'autres que cela est recommandé, ils considèrent que c'est l'avis qui prévaut.' Fin de citation tiré du Majmou' Fatâwa.
Dans la Mawsû'a al-Fiqhiyya al-Kuwaytiyya il est dit: 'La plupart des savants malikites et hanafites disent qu'il est permis de se soigner. L'expression utilisée par les malikites est la suivante: Il n'y a pas de mal à se soigner. Par contre, Ceux de l'école de Shafi'î, et Al-Qâdî, Ibn 'Aqîl, et Ibn Al-Jawzî parmi les hanbalites soutiennent que cela est recommandé en raison du hadith: " Allah n'a pas descendu sur cette terre de maladie sans son remède et a fait que pour chaque maladie il y a un remède. Soignez-vous! Mais ne vous soignez pas avec ce qui est illicite." Et en raison d'autres hadiths qui mentionnent l'obligation de se soigner. Ils disent également: Le fait que le Prophète, , se soit soigné et qu'il ait pratiqué la saignée est une preuve que cela est autorisé. Pour les Shafi'ites, si on est sûr que se soigner va être utile alors il est obligatoire de le faire, comme c'est le cas lorsqu'on panse une plaie. Mais si on ne l'est pas c'est uniquement recommandé. La plupart des hanbalites considèrent qu'il est préférable de ne pas se soigner. C'est ce qui est rapporté d'Ahmad. Ces savants justifient leur position en disant que cela est plus proche d'une attitude de confiance en Allah.' Fin de citation.
Et Allah sait mieux.
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