Réponse à des allégations concernant le statut de la femme et la force uridique de la Sunna
28-3-2013 | IslamWeb
Question:
As-Salam alaykoum, J’ai lu quelques articles que vous avez écrit concernant la femme, que je trouve déplacés voire choquants. Par exemple, l'un autorise à l'homme d'interdire à sa femme de sortir, chose que Dieu n’a jamais permis dans le Coran, vous vous basez sûrement sur des hadiths mais quelle injustice de puiser dans l’œuvre d'un être humain de pareilles injustices à l'égard de la femme. Je vois que la doctrine saoudienne wahhabite a eu de l'effet chez vous. Les savants ne sont pas tous d’accord sur ce point et les saoudiens s’acharnent, eux, sur ce point à en oublier même la parole d'Allah dans le Coran qui dit que l'époux est celui qui se comporte convenablement, qui est bon, affectueux et qui se comporte avec sa femme comme il aimerait que sa femme se comporte avec lui (verset 2:228, At-Tabari présente dans son Tafsir l’exégèse qu’a fait Ibn Abbas dans ce verset-pilier). Accepteriez-vous que votre femme vous interdise de sortir sans aucune raison ? Je ne crois pas. On voit que la femme qui pose la question dans l’article et qui a dû être certainement outrée de la réponse souffrait de ce traitement et de ce droit injuste inventé par les hommes dans des hadiths authentifiés ou mal interprétés voire instrumentalisés en faveur du mari. Les femmes du Prophète (saws) vaquaient à leurs occupations extérieures, à un moment où celles-ci étaient la cible d’attaques hypocrites de la part des opposants au Prophète (saws), Dieu les a exhortés à rester en sécurité dans leur foyer (sourate 33:33) mais pas à y être enfermées ! Le marché n'est pas un lieu de délinquance comme il a été dit dans votre article et la femme peut sortir comme bon lui semble tant qu'elle ne met pas en péril sa vie de famille et sa sécurité - Et cela va de même pour l'homme. Autre chose, le travail de la femme est une sécurité, ce n'est pas une course contre les hommes ! Une femme qui travaille n’abandonne pas forcément son foyer et le mari est là aussi pour s'occuper des enfants et du foyer. Dans une société où la vie est chère et où la sécurité de l'emploi s'est fragilisée - le travail de la femme est une nécessité. Le Prophète lui même (saws) a été soutenu financièrement par sa femme Khadidja dans les moments dures. Les hommes ne remplissent pas toujours leurs devoirs, ils ne subviennent pas toujours financièrement aux besoins de leur femme, donc la femme doit pouvoir compter sur un travail solide pour subvenir aux besoins de sa famille. Le travail d'une femme est une sécurité contre les injustices de l'homme en toute circonstances. Vous ignorez cette réalité dans vos articles en dénonçant la féminisation de la société qui est en partie une bonne chose en soi et en assimilant le travail à l'esclavagisme de la femme. C'est une aberration que d'en faire une généralité. L’autorité du mari n'est pas synonyme de despotisme, Dieu parle de ses responsabilités à soutenir la famille financièrement - c'est tout ! La femme qui lui donne des enfants doit pouvoir être soutenue pour cette raison. Dieu a dit comportez-vous convenablement envers elles mais pas Ordonnez lui ! Interdisez lui ! Telle ou telle chose qui n'est pas blâmable comme sortir pour une quelconque raison même sans nécessité. La femme dans l'islam est un sujet épineux que, je pense, vous avez maladroitement traité. Privilégiez le coran sur les hadiths et lisez ces deniers à la lumière du coran pas le contraire. A force d'être obnubilés par les hadiths vous oubliez la parole d'Allah dans le Coran qui défini comme fondement du couple dans l'islam : la réciprocité et le respect de chacun envers l’autre.
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons.
Nous vous remercions, chère sœur, pour votre souci de mieux comprendre votre religion et de communiquer avec nous, et nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous guider tous vers ce qu’Il aime et agrée, de nous montrer la Vérité telle qu’elle est et de nous aider à la suivre, et de nous montrer le Faux tel qu’il est, en nous aidant à l’éviter.
Tout d’abord, nous devons nous mettre d’accord sur le fait que l’Islam désigne le fait de se soumettre totalement à Allah, exalté soit-Il, et à Son jugement. Autrement dit, s’il est établi qu’Allah, exalté soit-Il, a prescrit une chose dans Son Livre ou par le biais de Son Prophète (), alors il faut l’accepter avec soumission, car c'est une condition sine qua non de la foi. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Non ! Par ton Seigneur ! Ces gens ne seront de vrais croyants que lorsqu’ils t’auront pris pour juge de leurs différends et auront accepté tes sentences sans ressentiment, en s’y soumettant entièrement » (Coran 4/65).
Lorsque nous discutons d'une question quelconque avec des musulmans, notre priorité n’est pas de montrer que les prescriptions divines sont conformes aux exigences de la raison et de la nature humaine et qu’elles visent la rectitude de l’individu et de la société toute entière (bien que ce soit là la finalité de la Charia). Ce qui nous importe en premier lieu c’est de prouver que ces prescriptions proviennent d’Allah, exalté soit-Il, ce qui est suffisant pour qu’un musulman les accepte avec soumission, car accepter les prescriptions divines est une exigence de la foi. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• « La seule réponse qu’il sied aux croyants de donner quand ils sont convoqués devant Allah et Son Prophète pour que celui-ci juge leurs différends, est de dire : 'Nous avons entendu et nous obéissons !'. Ce sont ceux-là les bienheureux, car ceux qui obéissent à Allah et à Son Prophète, qui craignent Allah et Le redoutent, ceux-là sont sûrs de réussir » (Coran 24/51-52) ;
• « Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s’est égaré certes, d’un égarement évident » (Coran 33/36).
Cela ne signifie pas que nous ignorions la sagesse contenue dans les dispositions de la Charia mais que notre foi absolue en Allah, exalté soit-Il, nous dispense à la base de rechercher à chaque fois ces sagesses, car nous sommes parfaitement certains qu’une sagesse existe dans chaque disposition divine. La vérification n’intervient qu’en second lieu pour ancrer davantage notre foi et notre certitude.
Commençons par la fin de votre question, là où vous dites : « Privilégiez donc le Coran sur les hadiths et lisez ces derniers à la lumière du Coran », et ainsi de suite.
Nous disons : nous acceptons effectivement les prescriptions du Coran et nous nous y soumettons dans ce qui a trait à la pratique ou à la croyance. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• « Nous n’avons envoyé de Messager que pour qu’il soit obéi par la permission d’Allah » (Coran 4/64) ;
• « Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah » (Coran 4/80).
Donc l’obéissance au Prophète () est une obligation qui revient à obéir à Allah, exalté soit-Il, car à l’origine, le Prophète () n’a rien légiféré de lui-même ; il n’a fait que transmettre la Révélation. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) : « Et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée » (Coran 53/3-4). Il n’est donc pas permis de faire la distinction entre le Coran de la Sunna et d’invoquer une divergence entre les deux car tout provient de la même source divine. Quant à savoir lequel des deux explique l’autre, c’est la Sunna qui explique les versets et dispositions du Coran, puisqu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• « Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent » (Coran 16/44) ;
• « Et Nous n’avons fait descendre sur toi le Livre qu’afin que tu leur montres clairement le motif de leur dissension, de même qu’un guide et une miséricorde pour des gens croyants » (Coran 16/64).
Ainsi, il s’avère que la Sunna explicite et détaille les enseignements du Coran, si bien qu’il s’avère impossible de comprendre ce dernier sans la Sunna. C’est la raison pour laquelle un érudit a dit : « Le Coran a plus besoin de la Sunna que la Sunna a besoin du Coran. En fait, la Sunna explique le Coran mais le Coran n'explique pas la Sunna ». Dans l’introduction de son exégèse, al-Qurtubi, qu'Allah lui fasse miséricorde, rapporte que ‘Imrân ibn Hussayn, , interrogea un idiot : « Trouves-tu dans le Livre d’Allah que la prière de midi s’accomplie en quatre Rak'as, dans lesquelles la lecture doit se faire à voix basse ? ». Il énuméra ensuite la prière, l’aumône, etc., et conclut en disant : « Trouves-tu ces dispositions expliquées dans le Livre d’Allah ? Le Coran en a parlé de manière globale et c’est la Sunna qui les explique ». De son côté, Hassân ibn ‘Atiyah a dit que : « La Révélation descendait sur le Prophète (), puis Djibrîl () lui apportait la Sunna pour l’éclaircir ». Mak-hûl a déclaré que : « Le Coran a plus besoin de la Sunna que la Sunna du Coran ». Et Yahya ibn Abî Kathîr de renchérir : « La Sunna explique le Coran mais le Coran n'explique pas la Sunna ».
Ceci montre que le Coran doit être lu à la lumière de la Sunna, et non pas le contraire ! Qui plus est, le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) a dit :
• « J’ai reçu le Livre et son équivalent » [Ahmed et Abou Daoud (al-Albâni : sahîh)] ;
• « Il s’en faut de peu pour qu’un homme repus, prélassé sur son divan, après avoir pris connaissance de l’un de mes hadiths dise : ‘ Le livre d’Allah est là pour nous départager ; ce que nous y trouverons licite nous le jugerons licite et ce que nous y trouverons illicite, nous le jugerons illicite’. Or, ce que le Messager () a interdit équivaut à ce qu'Allah ce qu'Allah a interdit. » [al-Tirmidhi, ibn Mâdjah et Ahmed (al-Albâni : sahîh)].
Ce qui précède permet de mesurer le degré de témérité et de sophisme de l’auteur de la question lorsqu’elle décrit ceux qui se basent sur les hadiths pour prouver les dispositions de la Charia en disant : « Vous vous basez sûrement sur des hadiths mais quelle injustice que de puiser dans l’œuvre d'un être humain de pareilles injustices à l'égard de la femme » !
Il faut également souligner que l’explication du Coran par la Sunna est identique à l’explication des versets coraniques les uns par les autres. Car il y a des textes ayant un sens général qui doivent être traités avec les textes ayant un sens spécifique. Et cela ne signifie pas que le Coran se contredise. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! » (Coran 4/82).
Les contradictions que certains trouvent entre le Coran et la Sunna sont seulement le fruit de leur imagination et de leur (mauvaise) compréhension et n’ont en réalité aucun fondement. Prenons à titre d’exemple vos propos qui illustrent ces présomptions. Vous avez compris que les versets (sens du verset) : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance » (Coran 2/228) et (sens du verset) : « Et comportez-vous convenablement envers elles » (Coran 4/19) s’opposent au fait que la femme doive demander la permission de son mari pour sortir de son foyer ! Pour tirer cette question au clair, nous devons préciser ce qui suit :
Premièrement : aucune disposition n’interdit à la femme de sortir de chez elle, du moment qu’elle respecte les normes de la Charia, c'est-à-dire qu’elle doit porter le voile et éviter de se parfumer, de se mêler aux hommes d’une manière suspecte et de leur adresser la parole avec complaisance, entre autres règles tirées du Coran et de la Sunna authentique. Cependant, il lui est préférable de rester au foyer, sauf en cas de nécessité : comme étudier, maintenir les liens de parenté, occuper une fonction adéquate utile aux musulmans, comme le fait de soigner ou d’instruire les femmes, à condition qu’elle ne néglige pas pour cela un devoir qui lui incombe.
On peut citer également dans le cadre de ces nécessités le fait de gagner sa vie, s’il n’y a personne pour l’entretenir. La preuve se trouve dans l’histoire de Mûsâ () avec le peuple de Madyan. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Arrivé enfin au point d’eau de Madyan, il y trouva un attroupement de gens occupés à abreuver leurs troupeaux, pendant que deux jeunes femmes, retenant leurs bêtes, se tenaient à l’écart. “Quel est votre problème ?”, leur demanda Mûsâ. “Nous ne pouvons, répondirent-elles, abreuver notre troupeau que lorsque les bergers seront partis, car notre père est d’un âge fort avancé” » (Coran 28/23).
Al-Sa’di dans son exégèse, affirme que l'une des leçons tirées de ce récit est la licéité pour la femme de sortir de chez elle pour gagner sa vie et la licéité de parler aux hommes sans complaisance, comme l’a fait la sœur de Mûsâ () et les filles du pieux habitant de Madyan.
Nous vous recommandons de consulter l’exégèse de cette histoire dans la sourate al-Qassas (le Récit), pour connaître les règles que la femme doit observer en sortant de chez elle et en parlant aux hommes lorsque le besoin se fait sentir, ainsi que les mesures qu’elle doit prendre pour ne pas sortir de chez elle, dont le fait de louer les services d’une personne pour accomplir les tâches nécessaires hors de la maison, pour ne pas être contrainte de sortir.
Deuxièmement : la femme mariée a des devoirs envers son mari, tout comme elle a des droits à obtenir de lui. Parmi ces devoirs, figure le fait de demander sa permission avant de sortir de son foyer, à partir du moment où il lui fournit tous ses besoins et lui épargne la peine de sortir de chez elle.
En réalité, ceci ne s’oppose absolument pas aux deux versets susmentionnés, puisqu’Allah, exalté soit-Il, a fait de la bienséance et du comportement convenable des conditions pour l'application de ces dispositions, et ceci rentre dans le cadre de la bienséance. Certains oulémas ont confirmé ce fait par d'autres versets encore. Dans l’Encyclopédie jurisprudentielle, une citation d’al-Kâssâni, dans le contexte des dispositions du mariage en bonne et due forme, évoque le droit du mari à retenir son épouse au foyer et à lui interdire de sortir et de se montrer, en vertu du verset (sens du verset) : « Et faites que ces femmes habitent où vous habitez, et suivant vos moyens » (Coran 65/6). L’ordre de loger les femmes dans ce verset implique l’interdiction qu’elle sorte, qu’elle se montre et de les faire sortir, car le fait d’ordonner une chose implique l’interdiction de son contraire. Il y a également d'autres versets qui vont dans le même sens comme (sens des versets) :
• « Restez dans vos foyers » (Coran 33/33) ;
• « Ne les faites pas sortir de leurs maisons, et qu’elles n’en sortent pas » (Coran 65/1).
Al-Qurtubi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ce verset ordonne aux femmes de rester dans leurs foyers. S’il est vrai que le discours est adressé aux épouses du Prophète () l’ensemble des musulmanes est également concernée. Si ce verset était la seule preuve pour inclure l’ensemble des femmes, elle serait suffisante. Or, on remarque que la Charia comprend une multitude de dispositions ordonnant aux femmes de rester dans leur foyer et les exhortant à ne pas sortir sauf en cas de nécessité ».
Tel était l'avis de jurisconsultes datant de plusieurs siècles précédant la naissance du cheikh Mohammed ibn ‘Abd al-Wahhâb. Ont-ils été, eux aussi, influencés par la doctrine wahhabite ?
La Sunna nous apporte d'autres preuves sur cette question. Le Prophète () a dit : « Si vos femmes vous demande la permission de se rendre à la mosquée, ne les en empêchez pas. » (Boukhari et Mouslim). Ce hadith prouve que, en principe, le mari est en droit de le lui interdire, et cela implique que la femme doit demander l’autorisation de son mari. Dans son ouvrage intitulé Fath al-Bârî, Ibn Hadjar a dit concernant les enseignements de ce hadith : « La femme ne doit donc pas sortir de chez elle sans la permission de son mari. Si tel n’avait pas été le cas, le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) aurait directement ordonné à la femme de se rendre à la mosquée, avec ou sans la permission de son mari. Il n'y a, à notre connaissance, aucune divergence entre les oulémas sur le fait que la femme ne doit pas se rendre à la mosquée sans la permission de son mari. Cet avis a été partagé – entre autres – par Ibn Mubârak, Al-Châfi’i, Mâlik et Ahmed. Cependant, selon certains oulémas contemporains, il suffit pour la femme en guise de permission que son mari soit au courant de sa sortie et ne le lui interdise pas.
Observez donc, qu’Allah vous fasse miséricorde, ce consensus relaté par ce savant du VIIIème siècle de l’Hégire, qui ont rendu l’âme quatre siècles avant la naissance d’Ibn ‘Abd al-Wahhâb.
La permission que la femme doit demander à son mari est comparable à celle, par exemple, que demande l'employé au responsable de l’entreprise dans laquelle il travaille. Elle vise seulement à faire respecter la discipline, éviter le désordre et permet la communication dans sa gestion.
Quant à ce que vous dites sur l’ordre de rester au foyer et le fait qu'il soit adressé uniquement aux épouses du Prophète () car « elles étaient la cible d’attaques par les hypocrites ou les opposants du Prophète () » et que « Dieu les a exhortées à rester en sécurité dans leurs foyers (sourate 33:33) mais pas à y être enfermées ! », il ne s'agit d'aucune manière de propos que peut tenir quelqu’un qui a médité sur la Parole d’Allah, exalté soit-Il, ou qui la comprend à la lumière de la Sunna et de la biographie du Prophète (). En effet, Allah, exalté soit-Il, fait suivre l’ordre donné aux femmes de rester dans leurs foyers d’une interdiction qui met en relief le sens du verset. Il dit à Lui la Gloire (sens du verset) : « Restez dans vos foyers ; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes d’avant l’Islam (Djâhiliyah) » (Coran 33/33), puis Il montre la sagesse et la moralité de cet ordre lorsqu'Il dit (sens du verset) : « Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô gens de la maison [du Prophète], et veut vous purifier pleinement » (Coran 33/33). C’est là une sagesse évidente. Et c’est pour cela qu’Allah, exalté soit-Il, dit également dans la même sourate (sens du verset) : « Et si vous leur demandez (à ses femmes) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau » (Coran 33/53), et Il explique, à Lui la Gloire, la raison de cet ordre lorsqu'Il dit (sens du verset) : « C’est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs » (Coran 33/53). Al-Sa’di a interprété ce verset ainsi : « Cela permet de rester à l'écart des suspicions. Plus l’homme s'éloigne des causes du mal, plus cela est sain et plus pur pour son cœur. C’est pourquoi, on constate que l’un des enseignements religieux dont Allah, exalté soit-Il, a mentionné de nombreux détails, stipule que tout chemin, procédé, ou principe débouchant sur un mal est interdit et qu’il est demandé de s'en écarter par tous les moyens ».
Troisièmement : pour prouver que l'Islam reconnaît l’égalité entre l'homme et la femme dans les droits vous avancez le verset dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance » (Coran 2/228), Or, celui qui lit le verset jusqu’à la fin – a fortiori une personne versée dans les sciences du Coran – ne peut, en aucun cas, avancer une telle chose. Allah exalté soit-Il, dit en effet, tout de suite après (sens du verset) : « Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles » (Coran 2/228). Ibn Kathîr, qu'Allah lui fasse miséricorde, explique : « Cette prédominance de l'homme sur la femme se situe dans la constitution physique, le rang de l'homme, et les responsabilités qui lui incombent d'entretenir le foyer et de subvenir à ses besoins ainsi que par le devoir d’obéissance que lui doit la femme et son mérite dans ce bas monde et dans l’au-delà, en vertu du verset (sens du verset) :
“Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages qu'Allah leur a accordés sur elles, et en raison aussi des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien. En revanche, les épouses vertueuses sont obéissantes, demeurent toujours fidèles à leurs maris pendant leur absence et préservent leur honneur, conformément à l’ordre qu'Allah a prescrit.” (Coran 4/34) ».
Bien que l’égalité entre l'homme et la femme dans les droits et les dispositions de la Charia soit la règle de base en Islam, il n’en demeure pas moins que ce principe est limité par cette prédominance qu'Allah, exalté soit-Il, a conférée aux hommes. Par exemple, le témoignage de l’homme équivaut à celui de deux femmes, ainsi que sa part dans l’héritage. Ce sont les indications du Coran que vous nous avez conseillé de privilégier ! Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Le garçon n’est pas comme la fille » (Coran 3/36).
Nous vous invitons à lire et à méditer sur le verset dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages qu'Allah leur a accordés sur elles, et en raison aussi des dépenses qu’ils effectuent pour assurer leur entretien. En revanche, les épouses vertueuses sont obéissantes, demeurent toujours fidèles à leurs maris pendant leur absence et préservent leur honneur, conformément à l’ordre qu'Allah a prescrit. » (Coran 4/34).
Vous trouverez dans ces versets quelques règles coraniques régissant la relation entre les deux époux. Interprétant ce verset, al-Tabari, qu'Allah lui fasse miséricorde, que vous mentionnez dans votre argumentation, dit : « Il s’agit là d’une prévalence qu’Allah, exalté soit-Il, a conférée aux hommes. C’est pourquoi ils ont autorité sur leurs épouses et ces dernières sont tenues d'obéir à leurs ordres dans le cadre défini par Allah, exalté soit-Il (…). Ibn ‘Abbâs, et de son père, a commenté ce verset ainsi : “Cette autorité signifie que l’homme est le chef de la famille, et que son épouse doit lui obéir dans les limites de ce qu’Allah, exalté soit-Il, a prescrit. Cette obéissance consiste pour l'épouse à bien traiter la famille de son époux et à protéger ses biens. L’entretien de l’épouse et les responsabilités attribués à l’homme envers sa famille lui donnent cette supériorité” ».
Et Ibn Kathîr, qu'Allah lui fasse miséricorde, de renchérir : « C'est-à-dire qu’il est son chef, son dirigeant et son éducateur en cas d’écart de conduite ».
Ainsi, il s’avère que le Coran ne dit pas, comme vous le prétendez, que « Dieu parle des responsabilités de l'homme à soutenir sa famille financièrement – c'est tout ! » ! Nous soulignons en l’occurrence que l’homme est tenu d’entretenir son épouse, même si elle est riche ou possède plus d’argent que lui. Si le mari n'a pas les moyens d’entretenir son épouse et que celle-ci ne possède pas d’argent pour pourvoir à ses besoins, la Charia l'autorise à quitter son foyer pour travailler et pour gagner sa vie, même sans la permission de son mari. Aux yeux de la Charia la permission que la femme doit demander à son mari en sortant de son foyer est donc liée à la capacité du mari d'entretenir son épouse et de lui épargner la peine de sortir et de travailler.
Quatrièmement : nous sommes d’accord avec vous sur le fait que cette autorité n’est pas synonyme de despotisme, il s’agit plutôt d’une responsabilité et d’un lien fort qui ont donné lieu à une série de droits et de devoirs pour les deux époux. Dans son ouvrage intitulé Al-Zawâdj fî Dhill al-Islâm (Le mariage à la lumière de l’Islam), le Dr. ‘Abd al-Rahmân ‘Abd al-Khâliq explique : « L’autorité de l’homme sur son épouse signifie que c'est lui qui doit rectifier sa conduite en cas de besoin, et c'est lui qui a le dernier mot au foyer. Si certains jugent que cette autorité est un droit accordé à l’homme, nous préférons plutôt la considérer comme un devoir. En fait, l’homme est responsable de son épouse ; c'est une responsabilité confiée par Allah, exalté soit-Il. Le Prophète () a dit : “L’homme est responsable de sa famille et il sera interrogé sur cette responsabilité”. Donc, cette autorité ne signifie pas que l'homme doit être un tyran dans son foyer et imposer ses ordres à son épouse, qu'il ait raison ou non, mais plutôt le devoir de bien gérer la vie conjugale et avec tact et bienséance, consulter sa femme, être prompt à lui prodiguer conseil et à se montrer intransigeant face à toute forme de déviance et de désobéissance ».
De son côté, al-Sa’di, qu'Allah lui fasse miséricorde, a affirmé : « Ceci prouve que l’homme est pour son épouse comme un chef et un maître. Il assume la charge qu’Allah, exalté soit-Il, lui a confié. L’épouse, elle, doit obéir à Allah, exalté soit-Il, et à son mari. Voilà pourquoi Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) “les épouses vertueuses sont obéissantes, demeurent toujours fidèles à leurs maris pendant leur absence et préservent leur honneur” (Coran 4/34), c'est-à-dire que l'épouse obéissante est celle qui obéit à Allah et à son mari, même en son absence, en préservant son honneur et ses biens ».
Cinquièmement : la distinction entre l’homme et la femme dans certaines dispositions de la Charia contient assurément une moralité et une sagesse claires et évidentes. Si l’on observe les différences physiques et psychiques entre l'homme et la femme, on comprend rapidement que cette distinction relève de l’équité et de la miséricorde de l’Islam. Le but est de donner à chacun d’eux son droit et la responsabilité qui lui convient. La nature admet ces différences entre l'homme et la femme. Ces différences n’existent-elles pas dans le domaine du sport par exemple ? Pourquoi y a-t-il des compétitions sportives pour les hommes et d'autres pour les femmes ? Pourquoi cette séparation n'est-elle pas considérée comme une discrimination ? Où sont donc les partisans de l’égalité homme-femme face à cette ségrégation ? Ou alors, s’agit-il seulement d’une manifestation de frivolité et de la partialité de ces personnes à l’égard de tout ce qui provient d’Allah, exalté soit-Il ? Autre exemple : les femmes normalement constituées choisissent délibérément de se distinguer des hommes dans leurs tenues vestimentaires et leur apparence, à tel point que même les couleurs qu’elles jugent plus adéquates à leur féminité sont différentes.
Dans son ouvrage intitulé Adwâ’ al-Bayân, le cheikh al-Chanqîti, qu'Allah lui fasse miséricorde, a abordé la question en interprétant le verset dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit » (Coran 17/9). Après avoir cité une série de versets coraniques, il a dit : « Il est évident que la femme, par nature, est faible physiquement et psychologiquement. Une personne dotée d'un esprit sain, capable de discerner les choses, comprendra aisément qu’une créature faible par nature soit placée sous la tutelle d’une autre plus complète et plus forte qui lui procurera ce qu'elle ne peut pas se procurer et la défendra lorsqu’elle ne peut pas se défendre. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : “ Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages qu'Allah leur a accordés sur elles” (Coran 4/34). La sagesse parfaite veut que le faible soit placé sous la tutelle du fort. Il est donc naturel que l’homme soit tenu d’entretenir ses femmes et de s’occuper d'elles. Raison pour laquelle Allah, exalté soit-Il, poursuit (sens du verset) : “Et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens” (Coran 4/34).
En fait, Allah, exalté soit-Il, a donné à la femme des qualités qui lui sont spécifiques et qui lui permettent de contribuer à sa manière au développement de la société. Ainsi la femme possède des capacités que l'homme ne possède pas, comme sa capacité de donner naissance aux enfants, de les allaiter, et de les éduquer et sa disposition plus naturelle à assumer les charges de son foyer. Ce rôle qu’elle assume au sein de son foyer en préservant sa chasteté, son honneur, sa vertu et ses valeurs morales, n’est pas moins important que celui assumé par l’homme qui travaille. Les ignares incroyants et leurs partisans prétendent que la femme a le droit de travailler hors de son foyer, au même titre que l’homme, bien que, pendant la période de grossesse, d’allaitement et de lochies, la femme soit incapable d'effectuer un travail pénible, comme chacun peut le constater. Si les deux époux travaillent, qui va alors assumer les responsabilités du foyer telles que : l’éducation des enfants, l’allaitement des nourrissons et la préparation des repas pour le mari lorsqu'il rentre de son travail ? Et si les deux époux emploient quelqu’un pour accomplir ces tâches, ce salarié sera lui-même trop occupé par les charges d’un foyer également trop occupé, à la place de la femme qui aura fui ses responsabilités. Au final la banalisation de l’activité des femmes hors de leurs foyers est un cercle vicieux qui met à mal le sens de l’honneur et la religiosité ».
Dans son ouvrage intitulé ‘Awdat al-Hidjâb, le Dr. Mohammed Ismaïl a déclaré : « L’Islam a d'abord porté un regard sur la nature humaine de la femme, ses aptitudes et sa dignité. Il lui a attribué ensuite des fonctions adaptées à cette nature. Il l’a éloignée des tâches qui ne sont pas en accord avec sa nature ou qui l’empêchent d'assumer pleinement sa fonction au sein de la société. De là, les dispositions consacrées à la femme ont été plus ou moins différentes de celles de l’homme. L'Islam l'a même exonérée de certaines charges religieuses et sociales, comme la prière du vendredi, les vêtements de l’Ihrâm pendant le Hadjj, le djihad sauf en cas de conscription générale, entre autres tâches qui ne sont pas adaptées à sa nature et qu'elle aurait beaucoup de mal à assumer. Le partage des responsabilités conjugales entre l’homme et la femme obéit à cette différence de nature entre les deux sexes.
En fait, Allah, exalté soit-Il, a favorisé l’homme en lui octroyant une plus grande force physique et mentale qui le rendent plus apte au travail, à la protection de la Nation et de l’État en général et de son foyer en particulier ; il est donc tenu d’entretenir sa famille et, corrélativement, il détient l'autorité sur son épouse. Ainsi les hommes sont-ils chargés de présider aux affaires publiques et familiales, sans quoi, il ne saurait y avoir d’ordre publique ni familial. Il en résulte que toutes les tâches extérieures relèvent de la compétence de l’homme, ce qui est en concordance avec sa nature. Quant à la femme, sa nature spécifique lui permet d'assumer d'autres charges comme la grossesse, l’allaitement, l’éducation des enfants et les tâches ménagères ».
Nous vous conseillons de consulter la traduction de cet ouvrage, et notamment son deuxième volume, qui a pour titre Al-Mar‘ah Bayna Takrîm al-Islâm wa Ihânat al-Djâhiliyah (la femme : honorée par l’Islam, humiliée par l’ignorance préislamique).
Il nous reste à aborder la doctrine wahhabite que vous évoquez dans votre question ! Nous vous conseillons simplement d’être objective dans votre critique et de vérifier vos propos avant de lancer des accusations. Nous avons l’impression que vous ne connaissez rien de la doctrine wahhabite hormis quelques vagues idées colportées par les ennemis de cette doctrine. Nous vous demandons ainsi qu'à ceux qui pensent de la même manière que vous, de ne pas formuler un avis sans fondement ou émettre un jugement sans revenir aux références et aux écrits des auteurs en question. Nous devons tous obtempérer à l’ordre d’Allah, exalté soit-Il, Qui dit (sens du verset) : « Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas » (Coran 16/43).
Al-Sa’di a indiqué à propos de ce verset : « Ce verset est général et concerne toutes les questions fondamentales et auxiliaires de la religion. Si quelqu’un ignore une question quelconque, il doit s’informer à son sujet auprès de ceux qui la connaissent. Ce verset nous ordonne d’apprendre et d’interroger les oulémas, car ils sont enjoints d’enseigner aux gens le savoir et de répondre à leurs questions dans la mesure de ce qu’ils connaissent ».
Il faut tenir compte de la parole du Prophète () qui nous a dit : « Ils auraient dû poser la question puisqu'ils ne savaient pas ! En effet, la question est le remède contre l’ignorance » [Abou Daoud, ibn Mâdjah et Ahmed (al-Albâni : sahîh)].
Dans son ouvrage intitulé Al-Tamhîd, ibn ‘Abd al-Barr conclut : « Il incombe à chaque croyant et à chaque croyante de demander, dès lors qu’ils ignorent une question de la religion ».
Nous tenons à attirer votre attention sur un point important, il s'agit du fait qu'une personne sensée doit respecter l'avis des spécialistes. Si seuls les médecins peuvent parler de médecine et seuls les ingénieurs peuvent parler d'ingénierie, la même chose vaut pour la religion. Les oulémas sont donc les seuls capables d’interpréter et de juger les choses licites et illicites. Quiconque parle de la religion d’Allah, exalté soit-Il, et de la Charia sans connaissance préalable montre les défauts de son raisonnement, et cela ne portera jamais préjudice à la religion d’Allah, exalté soit-Il, ni à la Charia, qui sont suffisamment claires et précises. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants » (Coran 9/32).
Toute personne qui parle de la religion sans connaissance préalable suit l’ordre du diable et commet un acte grave et blâmable, puisqu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• « Ô gens ! De ce qui existe sur la terre ; mangez le licite pur ; ne suivez point les pas du Diable car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré. Il ne vous commande que le mal et la turpitude et de dire contre Allah ce que vous ne savez pas » (Coran 2/168-169) ;
• « Dis : 'Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes (les grands péchés), tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l’agression sans droit et d’associer à Allah ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas' » (Coran 7/33).
Et Allah sait mieux.
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