Une des causes d’excès : l’erreur de compréhension de la foi

30/09/2024| IslamWeb

 

Une des causes d’excès : l’erreur de compréhension de la foi

 

 

Ibn Taymiyya a intitulé un chapitre de son livre Al-‘Aqîda Al-Wâsitiyya ainsi : Chapitre : Le juste milieu des adeptes de la Sunna parmi les sectes de la communauté. Il y dit : « Les adeptes de la Sunna se situent au juste milieu parmi les sectes de la communauté comme cette communauté se situe au juste milieu parmi les autres. » De nombreuses causes ont poussé certains, par le passé et de nos jours, a dévié de ce juste milieu préconisé par l’Islam. Ils se sont retrouvés à faire preuve d’excès qui est justement ce qu’Allah a défendu à Ses serviteurs.

Et il est possible dans ces quelques lignes de nous arrêter sur la première cause d’excès qui est la plus importante et remettre à plus tard nos propos concernant le reste de ces causes que nous traiterons dans d’autres articles. Ceci, de façon à ce que notre application de la religion se fasse selon ce principe de juste milieu et de modération qui correspondent justement aux préceptes enseignés par notre Prophète Mohammed ().

L’erreur dans l’explication de la foi : parmi les causes les plus évidentes qui ont poussé les membres de certaines sectes à faire preuve d’excès dans la religion, leur erreur dans l’explication de la signification de la foi. La foi, en langue arabe, correspond à la loyauté et au fait de croire son prochain. La loyauté est le contraire de la trahison. Ce qui signifie le repos du cœur et le fait de croire en la véracité des propos. Allah, exalté soit-Il, dit :

« Tu ne nous croiras pas, même si nous disons la vérité » (Coran 12/17).

C’est-à-dire que tu ne croirais pas en la véracité de nos propos. Ibn Taymiyya considère que la foi correspond à l’approbation et non pas seulement au fait de croire en la véracité du message. Il dit : « L’explication de la foi par le terme d’approbation est plus proche de la vérité que de l’expliquer par le terme de croire en la véracité de propos, il y a une différence entre les deux. »

Sur le plan théologique, la foi se définit ainsi : « La foi est donc parole et acte : parole du cœur et de la langue, et acte du cœur, de la langue et des membres. Elle augmente par l’obéissance et diminue par la désobéissance. » Boukhari a dit : « J’ai rencontré plus de mille savants de différentes contrées et je n’ai vu personne qui s’opposait au fait que la foi est parole et acte, et qu’elle augmente et diminue. » De nombreux versets et hadiths prouvent que la foi augmente en accomplissant des actes d’obéissance et diminue quand on commet des péchés. Parmi ces textes, citons ces versets :

« Ceux qui, lorsqu’il leur fut dit : « Prenez garde ! Vos ennemis ont rassemblé leurs forces contre vous », ne fit qu’accroitre leur foi. » (Coran 3/173).

« Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent de peur à l’évocation d’Allah, dont la foi s’affermit à l’écoute de Ses versets et qui s’en remettent entièrement à leur Seigneur, » (Coran 8/2).

Et parmi les hadiths :

« La foi comporte plus de soixante-dix branches, la plus élevée consiste à attester qu’il n’y a de divinité en droit d’être adorée qu’Allah, et la moins élevée consiste à écarter de la voie publique ce qui pourrait nuire aux passants. La pudeur est l’une des branches de la foi. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.

Ce hadith prouve que les bonnes œuvres sont incluses dans ce qu’on appelle la foi et que c’est une de ses branches comme le dit Ibn Al-Qayyim et d’autres.

En plus de cela, certains versets et hadiths montre que la foi et la mécréance, ou la foi et l’hypocrisie, peuvent se réunir dans le cœur d’un fidèle, au même moment. Parmi ces textes, nous citerons ceux-ci :

« Et la plupart d'entre eux ne croient en Allah, qu'en Lui donnant des associés. » (Coran 12/106).

Dans ce verset, Allah atteste qu’ils ont la foi avec la présence de polythéisme. La même chose est dite dans ce hadith :

« Quatre qualités révèlent le parfait hypocrite ; quiconque en possède une, garde en lui une part d’hypocrisie, et ce, jusqu’à ce qu’il s’en soit débarrassé :  Il trahit quand on lui fait confiance, Il ment quand il parle, il manque à sa parole quand il prend un engagement et il fait preuve de méchanceté lors de litiges. » Rapporté par Boukhari.

Ce hadith prouve qu’il y a, dans le cœur du croyant, une ou plusieurs caractéristiques des hypocrites, et que la foi y est bien présente.

Et lorsque certaines sectes ont commis une erreur dans la compréhension de la réalité de la foi et son lien avec les actes, ils se sont égarés du juste milieu enseigné par le Prophète () et sont tombés dans l’excès. Reproduisons ici les propos d’Ibn Taymiyya au sujet des sectes des Khawârij et des Mu’tazila et leur explication des actes et de leur statut par rapport à la foi. Il dit : « Les Khawârij et les Mu’tazila affirment : nous savons avec certitude que les actes font partie de la foi. Ainsi, quiconque délaisse les actes a délaissé une partie de la foi. Mais si une partie de la foi a disparu alors elle a complètement disparu puisque la foi est un tout qui ne peut se subdiviser et un fidèle ne peut avoir en même temps de la foi et de l’hypocrisie. Il fait donc partie des auteurs de péchés qui iront éternellement en Enfer puisqu’il ne dispose alors d’aucune part de foi. »

L’origine de l’égarement de ces gens est qu’ils pensent qu’un homme ne peut pas mériter une récompense et un châtiment en même temps, ou qu’on lui promette une récompense et qu’on le menace d’un châtiment en même temps. Pour eux, c’est soit l’un soit l’autre, parce que la foi selon eux ne peut pas se subdiviser. Ainsi, si un fidèle commet un grand péché, ses bonnes actions sont annulées et on ne peut plus lui attribuer de foi puisque la foi est un acte d’obéissance et qu’elle n’est plus en raison de la désobéissance commise. En se basant sur cette compréhension de la foi, ils ont jugé mécréants de nombreux musulmans pour le seul fait qu’ils aient commis des péchés majeurs. Ils se sont alors érigés en ennemis contre eux et les ont combattus.

C’est en fonction de cette explication de la foi que cheminent les extrémistes de nos jours. Ils expliquent la foi notamment en donnant l’image suivante : la foi est à l’image d’un homme parti en voyage d’un pays à un autre. Et peu avant d’arriver à sa destination, il s’arrête pour une raison quelconque. Ils considèrent alors que la destination finale est le seuil minimum pour être considéré comme musulman et que, ne pas être arrivé à destination signifie qu’on n’a pas obtenu le seuil minimum d’Islam. Et que tout le chemin parcouru jusque-là n’est d’aucune utilité. C’est avec une telle explication qu’ils ont également jugé de nombreux musulmans comme étant mécréants. Et à cause de cela, ils ont commis beaucoup de transgression en faisant couler du sang et autres, au sujet desquelles l’Islam ne les acquiesce pas.

Une des réfutations des savants à cette ambiguïté fut la suivante : les éléments composés sont de deux types : un type dont chaque élément est une condition pour pouvoir désigner l’ensemble par son nom. Et un autre type où il n’est pas une condition que tous les éléments soient présents pour le désigner par son nom. Par exemple, le chiffre 10 : la présence du chiffre 1 est une condition pour qu’on puisse donner le nom de 10 à l’ensemble de ces chiffres. Le deuxième type est comme la mer et le fleuve. Si un élément de la mer lui est ôtée, ce n’est pas pour autant qu’on ne l’appellera plus par le nom : la mer. Le nom subsiste bien que la mer soit amputée d’une de ses parties. Ibn Taymiya a dit : « Et il est bien connu que le nom de ‘’foi’’ fait partie de cette catégorie. En effet, le Prophète () a dit : « La foi comporte plus de soixante-dix branches, la plus élevée consiste à attester qu’il n’y a de divinité en droit d’être adorée qu’Allah, et la moins élevée consiste à écarter de la voie publique ce qui pourrait nuire aux passants. La pudeur est l’une des branches de la foi. »

Et il est bien connu que si on n’écarte pas de la voie publique ce qui pourrait nuire aux passants, le nom de ‘’foi’’ ne disparait pas pour autant.

Ce genre d’exposé permet au fidèle de s’arrêter sur la nécessité de connaitre le sens de la foi et ce qui en découlent de connaissances puisées des paroles des savants. Ceci afin de ne pas se retrouver dans une attitude excessive et taxer de mécréance et d’égarement les serviteurs d’Allah.

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