Islam Web

Hadj & Omra

  1. Hadj & Omra
  2. Articles
  3. L’interprétation de quelques hadiths

Principes pour traiter les hadiths sur les Fitan (troubles)

Principes pour traiter les hadiths sur les Fitan (troubles)

 

Principes pour traiter les hadiths sur les Fitan (troubles)

 

 

 

 

L'application des textes prophétiques à la réalité découle de l'authenticité de leur établissement et de la rigueur de leur compréhension selon les significations de leurs termes. Chaque étape de ce processus a ses propres règles et principes directeurs. Nous allons parler d'un principe important que les savants utilisent dans le traitement des textes sur les fitan (troubles), qui est le respect des règles pour appliquer les textes aux personnes et aux événements.

La mise en application du texte prophétique dans la réalité doit découler de la validité de son authenticité et de la juste compréhension de ses termes selon leurs véritables significations. Chaque étape a ses propres règles et principes directeurs. Cela souligne que cette application est une question extrêmement sensible, car elle peut entraîner dans son sillon des jugements sur le licite et l'illicite, l'action et l'abstention, et même la légitimation du sang, des biens et de l'honneur des gens. Il est donc essentiel de réguler cet aspect des choses par des règles claires et de ne laisser en aucun cas cette démarche, ni aux débutants, ni aux impétueux, mais plutôt de la réserver aux savants profondément enracinés dans la science, et en mesure de faire un effort collectif et consultatif, qui tienne compte non seulement de la considération des termes et des significations, mais aussi des situations présentes et futures.

 

 

Parmi les règles destinées à appliquer les hadiths sur les troubles : la validité de l'application doit être établie soit par le texte, soit par des indices clairement établis. Le texte doit mentionner de façon explicite les détails de la Fitnah (trouble), sa période ou son contexte. En l’absence de ces précisions, il faut être en mesure d’y déterminer de claires indications, car les hadiths sur les troubles, les batailles et les signes de la fin des temps relèvent des choses cachées sur lesquelles l'opinion personnelle n'a pas lieu de se prononcer. Elles dépendent du texte et de réelles informations qui puissent permettre leur juste application. Nulle place pour des calculs numériques, des prédictions politiques, ou des pratiques divinatoires et de sorcellerie. L'application doit se baser sur un écrit clair ou d’évidentes pistes, comme le montre l'approche des compagnons, (qu’Allah soit satisfait d’eux), dans leur traitement de ces hadiths. Nous donnerons plusieurs exemples illustrant leur méthode, pour s’appuyer sur les écrits et décider de leur exécution à partir de probants indices en fonction des événements.

Sans ces éléments, il convient de ne pas de s'aventurer vers l’application à partir de vagues ressemblances, comme l'a dit Al-Qurtubi dans Al-Tadhkirah: « Ce qu'il convient de dire à ce sujet concernant ce que le Prophète () a annoncé comme troubles et événements, arrivera de façon inévitable, mais comme la détermination du moment exact nécessite une preuve claire et irréfutable (pour l'heure de la Résurrection par exemple), personne n’est en mesure de dire quelle année ni quel mois cela se produira ».

Exemples de la manière dont les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux), ont traité les hadiths sur les troubles à la lumière du précédent critère :

 

 

Premier exemple :

L'annonce du Prophète () concernant le combat contre les kharijites, et la confirmation par ‘Ali, (qu’Allah soit satisfait de lui), de leurs signes. Dans Sahih Mouslim, Zayd ibn Wahb al-Juhani (qu’Allah soit satisfait de lui), raconte qu'il faisait partie de l'armée qui accompagnait ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) dans son combat contre les kharijites. ‘Ali, (qu’Allah soit satisfait de lui), dit alors : Ô gens, j'ai entendu le Messager d’Allah, , dire : « Il sortira de ma communauté des gens qui réciteront le Coran ; votre récitation ne sera rien comparée à la leur, ni votre prière à la leur, ni votre jeûne à leur jeûne. Ils réciteront le Coran en pensant qu'il est en leur faveur alors qu'il est contre eux. Leur prière ne dépassera pas leur gorge. Ils sortiront de l'Islam comme la flèche sort de l’arc, si seulement ils savaient ce que l'armée qui leur infligera ce que la parole de leur Prophète () leur a prédestiné, ils cesseraient, mais ils ne le savent pas. Un signe distinctif est qu'il y aura parmi eux un homme avec un bras mais sans avant-bras, avec une excroissance sur son extrémité ressemblant à un mamelon, avec quelques poils blancs dessus. Vous allez vous diriger vers Muʻâawiyah et les gens de Syrie, et vous leur confierez vos familles et de vos biens. Par Allah, j'espère que ce seront ces gens-là, car ils ont versé du sang sacré et attaqué les troupeaux des gens ». Alors, avancez au nom d’Allah. Salamah ibn Kuhayl (qu’Allah soit satisfait de lui), dit :« Zayd ibn Wahb (qu’Allah soit satisfait de lui), m'a posté à un endroit précis jusqu'à ce que nous traversions un pont. Lorsque nous avons rencontré les kharijites ce jour-là, ʻAbdullah ibn Wahb al-Râsibi, leur dit: ‘‘Jetez vos lances et tirez vos épées de leurs fourreaux, car je crains qu'ils ne vous supplient comme ils l'ont fait à Harourâʼ ’’. Ils retournèrent leurs lances et dégainèrent leurs épées, et les gens les affrontèrent avec leurs lances. Certains d'entre eux furent tués, s’entassant les uns sur les autres, et seulement deux personnes furent tuées de notre côté ce jour-là. ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui), dit : ‘‘Cherchez parmi eux le manchot’’. Ils le cherchèrent mais ne le trouvèrent pas. ‘Ali se leva lui-même et se rendit à l'endroit où certains étaient entassés les uns sur les autres et dit: ‘‘Écartez-les’’. Ils le trouvèrent alors parmi ceux qui étaient les plus proches du sol. ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui), s'exclama alors « Allahu Akbar » (Allah est grand) et dit : ‘‘Allah a dit la vérité et Son messager a transmis’’. ʻUbaydah al-Salmâni lui dit : ‘‘Ô Commandeur des croyants, par Allah, nul dieu en droit d’être adoré sauf Lui, as-tu entendu ce hadith du Messager d’Allah () ?’’ ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) répondit : ‘‘Oui, par Allah, nul dieu en droit d’être adoré sauf Lui’’. ʻUbaydah lui fit jurer trois fois, et ‘Ali jura trois fois ».

 

 

Deuxième exemple :

Dans Sahih-Mouslim, Hudhayfah (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte : « Nous étions auprès de ʻUmar (qu’Allah soit satisfait de lui) et il dit : ‘‘Qui parmi vous se souvient du hadith du Messager d’Allah () concernant la fitnah (trouble) de la façon exacte qu’il l’a dit ?’’  Je répondis : ‘‘Moi’’. Il dit: ‘‘Tu es audacieux. Comment l'a-t-il dit ?’’ Je dis : J'ai entendu le Messager d’Allah, , dire : ‘‘La tentation qui guette l'homme dans sa famille, ses biens, sa personne, ses enfants et ses voisins, est expiée par le jeûne, la prière, l'aumône, le fait d'ordonner le bien et d'interdire le mal’’. ʻUmar (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : ‘‘Ce n'est pas celle que je veux. Je veux celle qui est comme les vagues de la mer’’. Je répondis : ‘‘Ô Commandeur des croyants, entre elle et toi, il y a une porte fermée’’. ʻUmar dit : ‘‘La porte sera-t-elle brisée ou ouverte ?’’ Je répondis : ‘‘Elle sera brisée’’. ʻUmar dit: ‘‘Cela signifie qu'elle ne se fermera jamais’’. Nous avons demandé à Hudhayfah (qu’Allah soit satisfait de lui) : ‘‘Est-ce que ʻUmar savait qui était la porte ?’’ Il répondit : ‘‘Oui, il le savait aussi bien qu’il savait que la nuit précède le jour. Je lui ai raconté un hadith authentique, sans erreurs’’. Nous avons eu peur de demander à Hudhayfah qui était la porte, alors nous avons demandé à Masrouq, de lui demander. Il demanda à Hudhayfah, qui répondit : ʻCette porte n’est autre que Umar’ »

 

 

Troisième exemple :

Dans Sahih Al-Boukhari, Abou Hurayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), rapporte : « J'ai entendu le Messager d’Allah, le véridique et digne de confiance, dire : ‘‘La destruction de ma communauté sera causée par des jeunes de Quraysh’’. Marwân dit : ‘‘Des jeunes ?’’  Abou Hurayrah répondit : "Si tu veux, je peux les nommer, les fils d'untel et les fils d'untel »

 

 

Quatrième exemple :

Par application des indices : Dans Sahih Mouslim, concernant l'histoire de l’assassinat d'Ibn al-Zubayr (qu’Allah soit satisfait de lui), ʼAsmaâ bint Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait d’elle), dit à Al-Hajjâj: « Le Messager d’Allah () nous a dit : ‘‘Il y aura dans la tribu de Thaqîf un grand menteur et un tyran (un exterminateur)’’. Le grand menteur nous savons déjà qui il est, il s’agit d’Al Mukhtar At-Thaqfi. Quant au tyran, je n’ai aucun doute qu’il s’agisse de toi ! Al-Hajjâj se leva et ne lui répondit pas ».

 

 

Après avoir rapporté ce hadith, Al-Tirmidhi a mentionné une confirmation de ce fait tirée de la réalité. Il a rapporté de Hishâm ibn Hassan qu'il a dit : « Quand ils comptèrent le nombre d’hommes qu’Al-Hajjâj avait fait exécuter, ce nombre atteignit cent vingt mille personnes ».

L'indice montre clairement que les deux personnes désignées étaient bien les destinataires de cette prédiction, car ils sont tous deux de Thaqîf. L'un se trouve être un grand menteur, Al-Mukhtârqui (il s’est fait passer pour un partisan de ‘Ali avant de revendiquer qu’il recevait la Révélation de la part de Jibrîl), et l'autre est sans aucun doute un tyran et un exterminatuer, donc l'application de cette prédiction à leur sujet est d’évidente clarté.

 

 

Cinquième exemple :

Al-Boukhari rapporte de Hârithah ibn Wahb (qu’Allah soit satisfait de lui) qu'il a dit : J'ai entendu le Prophète () dire : « Donnez en aumône, car viendra un temps où un homme marchera avec son aumône mais ne trouvera personne pour l'accepter. L'homme dira : ‘‘Si tu étais venu hier, je l'aurais acceptée, mais aujourd'hui, je n'en ai pas besoin’’ ».

 

 

Al-Qastalâni dit dans ʼIrshâd al-Sâri: « Il est fort probable que cela fasse référence à ce qui eut lieu à l'époque de ʻUmar ibn `Abd al-ʻAzîz et Al-Bayhaqi a confirmé cela ».

 

 

Quant aux efforts des savants pour établir le lien entre certains textes et certains événements, cela relève de l'effort de réflexion (Ijtihâd) qui ne doit pas manquer d'indices historiques et réels, comme on le voit dans Sahih al-Boukhari dans le hadith de Hudhayfah ibn al-Yamân (qu’Allah soit satisfait de lui) qui dit : « Les gens interrogeaient le Messager d’Allah () sur le bien, mais moi, je l'interrogeais sur le mal par crainte qu'il ne m'atteigne. J'ai dit : ‘‘Ô Messager d’Allah, nous étions dans l'ignorance et le mal, puis Allah nous a apporté ce bien. Y aura-t-il du mal après ce bien ?’’ Il dit : ‘‘Oui’’. Je dis : ‘‘Et y aura-t-il du bien après ce mal ?’’  Il dit : ‘‘Oui, mais il y aura avec un peu de fumée (dakhan)’’.  Je dis : ‘‘Qu'est-ce que ce trouble ?’’ Il dit : ‘‘Des gens qui guident sans ma guidance, tu reconnaîtras certaines choses venant d'eux et tu en désapprouveras d’autres’’. Je dis : ‘‘ Y aura-t-il du mal après ce bien ?’’Il dit : ‘‘Oui, des prêcheurs aux portes de l'Enfer, quiconque leur répondra, ils le jetteront dedans’’. Je dis : ‘‘Ô Messager d’Allah, décris-les-nous’’. Il dit : ‘‘Ils ont la couleur de notre peau et parlent notre langue’’. Je dis : ‘‘Que me commandes-tu de faire si cela m'atteint ?’’. Il dit : ‘‘Reste avec le groupe des musulmans et leur imam’’. Je dis : ‘‘Et s'il n'y a pas de groupe ni d'imam ?’’. Il dit : ‘‘Évite toutes ces sectes, même si tu dois mordre les racines d'un arbre jusqu'à ce que la mort t'atteigne dans cet état’’ ».

 

 

Le ministre Ibn Hubayrah dit dans Al-Ifsâh : « Le bien pur était à l'époque du Messager d’Allah (Salla allahou Alihi we Sallam) et à l'époque d'Abou Bakr, ʻUmar et ʻUthmân, jusqu'à ce que survienne le mal qui a conduit à l'assassinat de ʻUthmân (qu’Allah soit satisfait de lui), et qu'après cela, le bien soit revenu comme à l'époque de ʻUthmân, (qu’Allah soit satisfait de lui), mais ce bien était porteur d’un trouble évident qui se manifesta de nouveau par les événements de l'époque de ‘Ali, les troubles et les hésitations jusqu'à ce que surviennent les conflits entre les compagnons le jour de la bataille du Chameau et celle de Siffîn et autres événements similaires. Le bien se transforma en mal, et ceux qui prêchaient la religion se sont retrouvés devant la porte de l'enfer, à l’instar des gouverneurs dont les actions se sont manifestées lors des événements de Harrah, Kerbala et du Territoire sacré ».

 

 

Al-Qurtubi a dit dans son ouvrage Al-Mufhim concernant le hadith « Un bien avec un peu de fumée (dakhan) » : « Il est préférable d'interpréter cette phrase comme faisant référence à la période du califat de Muʻâwiyah (qu’Allah soit satisfait de lui), qui a duré dix-neuf ans et trois mois. C'était une période de trêve marquée par une certaine tension. Lorsqu’Al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) a prêté allégeance à Muʻâwiyah, et que les gens se sont ralliés à lui, beaucoup l'ont ressenti avec amertume dans leurs cœurs. Cette amertume est restée vivace en eux, mais durant le règne de Muʻâwiyah, ils ne pouvaient la manifester. Ce n'est qu'à l'époque de Yazîd, le fils de Muʻâwiyah, que leur mécontentement a commencé à s’exprimer. Durant le califat de Muʻâwiyah, le mal était limité et le bien prédominait, ce qui correspond à la description du Prophète () : « Vous reconnaîtrez et vous rejetterez certaines choses ». Quant au califat de son fils, ce fut le début du troisième mal. Yazîd et la plupart de ses gouverneurs, ainsi que ceux qui lui ont succédé parmi les califes des Omeyyades, correspondent à ceux qui ont été désignés comme prêcheurs aux portes de l'enfer. Quiconque les suivait était donc destiné à être précipité en enfer, car la justice et l’équité avaient disparu durant leur gouvernance. Cela apparait comme une évidence lorsqu'on examine leurs récits et leurs biographies. On ne peut pas contester cela en mentionnant le bref califat de ʻUmar ibn ʻAbd al-ʻAzîz, car bien que ce fût un règne juste, il ne dura que deux ans et cinq mois, bien trop bref et rare parmi les Omeyyades. Il semble donc que ce hadith ne le concerne pas. Et Allah sait mieux ».

 

 

Quant à certaines interprétations contemporaines qui ne reposent ni sur des textes, ni sur des traditions, ni sur des indices probants, ni sur une correspondance avec la réalité, elles doivent être considérées comme des abus des textes et des ignorances n'ayant aucun lien avec la science. Le cours des événements a établi la fausseté de certains écrits et prédictions et continuent de l'être avec chaque nouvelle occurrence. Cela inclut des interprétations relatives aux hadiths sur le Mahdi, le faux messie, Yaʼjouj et Maʼjouj (Gog et Magog), les grandes batailles de la fin des temps, ou les prédictions sur le califat bien guidé, affirmant que telle personne est le Sufyâni, telle autre est le Qahtâni, ou que tel groupe est visé par le hadith des drapeaux noirs, et que telle bataille concerne le hadith sur le combat contre les Juifs à la fin des temps. Ces lectures variées et contradictoires, ces interprétations hâtives, tombent dans la catégorie des discours sur Allah, le Tout-Puissant, sans connaissance.

Articles en relation

Vertus du Hadj