Islam Web

Hadj & Omra

  1. Hadj & Omra
  2. Articles
  3. Purification de soi

Rétablir la mission de la mosquée

Rétablir la mission de la mosquée

En Islam, les croyants, l’adoration comme style de vie, et la notion de la mosquée comme un centre communautaire, sont inséparables. Ils trouvent leur origine les uns dans les autres, ont besoin les uns des autres pour bien fonctionner et pour continuer à exister.
La mosquée est aussi ancienne que l’homme sur terre, car la vérité (L’Islam) est tout aussi ancienne. Le premier homme et en même temps le premier prophète, Adam (’) a bâti les premières mosquées sur terre : Al-Masjid al-Harâm à La Mecque et Al-Masjid al-Aqsâ à Jérusalem. La période qui a séparé la construction des deux anciennes mosquées est de 40 ans.
On ne peut concevoir la vie d’un croyant sans cette institution qu’est la mosquée et qui, en tant que centre communautaire, devrait toujours occuper autant que possible, les emplacements stratégiques et centraux des villages, des quartiers, des petites et grandes villes.
La mosquée devrait toujours contenir autant de composantes et d’installations significatives et utiles que possible, pour pouvoir fonctionner en tant que centre communautaire animé et efficace.
Les bonnes mosquées sont accessibles, agréables et conviviales. Elles sont économiques, respectent l’environnement et elles sont durables. Elles offrent un large éventail d’activités, d’avantages et de services pour leurs utilisateurs, de manière à devenir pleines de ressources, utiles, animées, précieuses et attirantes aussi bien pour les hommes que pour les femmes, les jeunes et les personnes âgées, les riches et les pauvres, les personnes très occupées et les gens oisifs, et aussi bien pour les musulmans exemplaires que pour ceux qui sont plus ordinaires.
Les mosquées doivent être les biens de ceux qui les fréquentent et non pas des charges.
Le croyant n’est pas seulement attaché à la mosquée de manière physique, mais également de manière spirituelle et mentale, par ses pensées et ses envies. Certainement, le cœur d’un vrai croyant aspire toujours à la mosquée. Il se sent plus tranquille et plus satisfait au sein de la mosquée. Quand il la quitte, son cœur y reste attaché jusqu’à ce qu’il y revienne. Les mosquées sont les Maisons d’Allah, exalté soit-Il, (Buyut Allah). Elles incarnent l’Islam. Et par conséquent, elles doivent être considérées, construites et utilisées uniquement dans ce but.
Ces vérités et d’autres qui leur ressemblent, doivent être retenues et scrupuleusement respectées pendant le processus de planification, de design et de construction des mosquées. Les mosquées doivent être une réalité vivante ; elles doivent être l’incarnation d’un Islam vivant. Elles ne doivent pas devenir un concept élitiste. Elles ne doivent pas devenir des monuments, des sites touristiques, les faux symboles d’un faux pouvoir, et des monuments presque morts.
Avant tout, l’architecture de la mosquée devrait rester reliée au monde pluridimensionnel de la fonctionnalité. Elle ne doit pas dévier de son caractère authentique et s’égarer dans le monde de l’invention et de l’abstraction excessives. L’architecture de la mosquée ne doit pas être un jouet entre les mains de certains bienfaiteurs, architectes et artistes égarés.
En vérité, quand les musulmans perdent leur lien émotionnel et spirituel avec la mosquée, virtuellement, tout l’art authentique de la mosquée et son architecture prennent alors fin. La mosquée est un microsome de l’Islam et de l’identité de chaque vrai croyant.
Quand le prophète Mohammad () a émigré de La Mecque vers Médine, la première et la plus urgente des tâches qu’il a entreprises relative au processus et à l’établissement de la communauté a été de construire la principale mosquée de la ville, appelée également la mosquée du Prophète (). Toute autre action entreprise, y compris la construction de maisons pour les émigrés, dont la majorité était pauvre et pratiquement sans domicile, a dû être différée jusqu’à ce que la construction de la mosquée du Prophète () soit achevée.
Une fois finie, la mosquée du Prophète () avait une forme extrêmement simple. Malgré sa forme sans prétention, la mosquée, et ce depuis le premier jour, a servi de vrai centre communautaire qui s’est rapidement transformé en un complexe multifonctionnel. Elle ne servait pas uniquement à l’accomplissement des prières aux heures fixées, mais  elle avait également de nombreuses autres fonctions religieuses, sociales, politiques et administratives. Les principaux rôles et fonctions de la mosquée tournaient autour du fait qu’elle soit un centre pour les actes cultuels en groupes, un centre d’enseignement, le siège du gouvernement du Prophète () un centre d’activités humanitaires et de bienfaisance, un centre de détention et de réadaptation, un lieu de traitements médicaux et de  soins infirmiers, et le lieu d’accomplissement de certains loisirs.
La mosquée du Prophète () était le centre nerveux du large éventail d’activités et des aspirations de la Oumma musulmane en plein essor. L’impact du complexe de la mosquée sur le développement de Médine fut d’une telle ampleur que le centre de la ville a finalement presque pris une forme concentrique, centré sur le complexe. Ainsi, la norme était établie pour chaque ville musulmane future concernant le rôle de ses principales mosquées, ainsi que sa position vis-à-vis des composantes spatiales de la ville.
Après la mort du Prophète () l’institution de la mosquée a continué à se développer de manière rapide, proportionnellement à l’essor rapide de l’Etat islamique et de ses défis : géographiques, démographiques, économiques et culturels. Ceci eut pour résultat que le rôle et les fonctions d’origine de la mosquée sont devenus des institutions par eux-mêmes, faisant de la mosquée un complexe institutionnel.
Par la suite, il y eu une décentralisation institutionnelle dans laquelle certaines institutions, qui sont nées, se sont développées et ont mûri sous les auspices de la mosquée, ont dû s’en séparer.
Les principales raisons de cette décentralisation institutionnelle étaient : l’urbanisation et le développement rapide dans les villes islamiques, l’émergence du phénomène de la Madrasa, le soufisme ainsi que le schisme religieux et politique. Cependant, hormis certaines circonstances et cas rares et atypiques, l’institution de la mosquée et les autres institutions indépendantes se soutenaient et s’entraidaient pour atteindre leurs objectifs communs. Elles étaient des alliées pour obtenir un bien réciproque, au lieu d’être des adversaires complotant les uns contre les autres, ou essayant de se supplanter les uns les autres pour atteindre leurs objectifs respectifs et spécifiques. Il existait le plus haut niveau d’harmonie idéologique et institutionnelle, au lieu de la dichotomie entre l’institution de la mosquée et les autres institutions et établissements sociaux.
Pendant cette nouvelle phase de l’existence de la mosquée, qui fut marquée par une décentralisation institutionnelle partielle, il y a eu, dans l’ensemble, trois schémas dans les relations entre la mosquée et les institutions religieuses, sociales, politiques et éducationnelles nouvellement modelées.
Premièrement,  la mosquée principale (Djâmi’) resta isolée, ou avec quelques institutions qui y étaient attachées, ou qui se trouvaient à proximité, alors que d’autres institutions ont été séparées et individuellement éparpillées à travers la ville.
Deuxièmement, la principale mosquée (Djâmi’) resta isolée, ou avec quelques institutions qui y étaient attachées, ou qui se trouvaient à proximité, alors que d’autres institutions étaient regroupées les unes autour des autres, loin de la mosquée, formant ainsi de nouveaux centres communautaires ou axes séparés.
Troisièmement, les mosquées principales dans les centres des villes, étaient entourées d’une majorité d’institutions sociales et éducationnelles, formant ainsi des centres villes énormes, vastes et animés, contenant  la plus grande partie des institutions. Ces institutions étaient donc dominées par les mosquées principales.
Bien que plusieurs institutions dans  le troisième schéma de la relation entre la mosquée et les autres institutions aient pu se ramifier à partir de la mosquée principale (Djâmi’), ceci eut lieu cependant, en raison d’opportunités conjoncturelles, plutôt qu’en fonction de principes directeurs.
De plus, le phénomène de désaccord entre les savants (oulémas) et les Hukkâm (dirigeants), et l’émergence d’institutions sombres alimentées et encouragées aussi bien par le laxisme spirituel des gens que par les conflits et les dissensions politiques, ont, sans aucun doute, laissé la tache la plus sombre et indélébile sur le développement de l’institution de la mosquée en tant que centre communautaire.
Aujourd’hui, dans le cadre d’un plan d’islamisation holistique, le fait de faire revivre l’idée de la mosquée en tant que centre communautaire, est essentiel. Le concept du complexe de la mosquée étant l’objet principal de la vie des musulmans, aussi bien sur les plans physique que spirituel, devrait figurer notamment dans les contenus éducationnels des musulmans à tous les niveaux. Cependant, pour ne pas être qu’un objectif en soi, la mosquée doit jouer un rôle actif et de premier plan dans la stimulation d’une telle perspective éducationnelle. Elle doit être, elle-même, transformée en  un centre éducationnel dynamique et visionnaire.
La mosquée doit fonctionner en tant que centre communautaire, comme cela a toujours été son rôle, et répondre aux besoins et capacités des gens. On devrait affecter à la juridiction de la mosquée et de ses annexes le plus grand nombre possible de rôles et fonctions religieux, sociaux, éducationnels et de bienfaisance. De nombreux autres rôles et fonctions seront inévitablement partagés avec d’autres institutions, certaines plus que d’autres.
Aux côtés de ces autres institutions et établissements sociaux, la mosquée doit alors ouvrir la voie de la transformation et de la revitalisation des sociétés musulmanes. La mosquée dirigera une coalition institutionnelle qui représentera tous les segments et couches de la société. Par conséquent, ni l’institution de la mosquée à elle seule, ni les autres institutions sociales isolées de la mosquée, ne sont capables de faire renaître la prospérité des musulmans et des sociétés islamiques.
La mosquée et les autres institutions doivent travailler ensemble au bien commun des musulmans. Elles ne doivent ni adopter ni encourager une dichotomie idéologique ou conceptuelle entre elles. Elles doivent partager presque le même credo, les mêmes visions et missions, alors que leurs systèmes de mise en œuvre et leurs stratégies opérationnelles doivent être différents.
Elles ne doivent pas être en désaccord les unes avec les autres, essayant chacune de nuire ou de détruire l’autre. Elles ne doivent pas comploter les unes contre les autres et essayer de se faire de l’ombre. Ce même schéma de relation doit sûrement être adopté et suivi par les parties qui ont le plus d’influence dans la société : les oulémas (savants) et les dirigeants, qui ont, essentiellement et virtuellement, la charge de toutes les institutions, corps et établissements dans la société.
Un scénario différent de celui-ci causera la faiblesse et le désastre de tous. De plus, les mosquées doivent avoir le pouvoir de devenir les détecteurs et les destructeurs de toutes les croyances, traditions et innovations religieuses et culturelles immorales. La société en entier, dirigée et guidée par le pouvoir et le charisme de la mosquée, doit résolument faire face à ces tendances et à leurs protagonistes, qui semblent vouloir instaurer, pratiquer et encourager de telles croyances et traditions ignobles.
Tout dans la société islamique, que ce soit dans le cadre de la mosquée ou en dehors, est soumis à l’autorité de la mosquée. C'est-à-dire à l’autorité que la mosquée caractérise, l’autorité de l’Islam. Ils proviennent tous, d’une manière ou d’une autre, de la mosquée et c’est vers elle qu’ils se tournent pour la validation et l’approbation de leurs identités, éthique et pratiques. Le Dieu de la mosquée est sans nul doute le Dieu de toute autre chose.
Les musulmans ne peuvent pas adorer Allah, exalté soit-Il, à la mosquée, puis, en dehors, adorer ou glorifier d’autres dieux, divinités ou idoles. De même, les musulmans ne peuvent pas diffuser et tenir en haute estime la vision du monde, les principes et les valeurs de l’Islam dans la mosquée, puis en dehors, défendre et tenir en haute estime d’autres visions du monde, principes et valeurs. Les musulmans ne peuvent pas être des croyants et des serviteurs d’Allah, exalté soit-Il, dans leurs mosquées et dehors, par exemple, des laïcs en politique, des matérialistes et ambitieux dans le commerce, des hédonistes dans les loisirs et les divertissements, des fraudeurs et menteurs dans les mass-médias, des chercheurs extrêmes de carriérisme dans l’éducation, et des individualistes narcissiques chez eux. En Islam, la vie, dans sa totalité, doit être considérée comme une adoration d’Allah, exalté soit-Il,  et la terre entière comme une mosquée. Dans toutes ses poursuites terrestres, un musulman ne doit se considérer que comme un esclave de son Créateur et Seigneur, Allah, exalté soit-Il.
Si la mosquée ne joue pas le rôle d’un centre communautaire, et pire encore, si l’institution de la mosquée est empêtrée dans une confrontation idéologique institutionnelle avec d’autres institutions, le pouvoir et la volonté des gens deviendront, à la fin, réduits et leur concentration dispersée. Les luttes de la vie perdront leur sens et signification ontologique transcendantal, devenant de pures routines mondaines sans intérêt.
Les gens, plus particulièrement les enfants et les jeunes, seront perplexes quant à leur choix idéologique et à celui qu’ils doivent soutenir : celui de la mosquée ou celui des autres institutions. Comme une ligne de conduite,  pourtant impossible et futile, de nombreuses personnes essaieront probablement de fusionner les éléments de la dichotomie idéologique existante ou le conflit entre l’institution de la mosquée (Islam) et les autres idéologies et visions du monde. Cependant, aussi dangereux que ce soit, un tel exploit ne fera qu’augmenter la confusion spirituelle et mentale et la perturbation des gens, ce qui, à son tour, pourra causer de sérieux doutes, de l’anxiété, de la négation et du rejet absolus, car la vérité et le faux, la lumière et l’obscurité, ne peuvent être fusionnés ni conciliés.
Une indication de la relation idéale entre la mosquée et ses idéaux, et entre les autres soucis matériels qui sont incarnés dans d’autres institutions sociales, est donnée dans le verset coranique suivant (sens du verset) :
« Dis : "Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers qu'Allah, Son messager et la lutte dans le sentier d'Allah, alors attendez qu'Allah fasse venir Son ordre. Et Allah ne guide pas les gens pervers. » (Coran 9/24)
Tous les établissements, institutions et corps dans la société islamique doivent coopérer en suivant l’esprit des paroles suivantes d’Allah, exalté soit-Il (sens du verset) :
« Ô les croyants ! Ne profanez ni les rites du pèlerinage (dans les endroits sacrés) d'Allah, ni le mois sacré, ni les animaux de sacrifice, ni les guirlandes, ni ceux qui se dirigent vers la Maison sacrée cherchant de leur Seigneur grâce et agrément. Une fois désacralisés, vous êtes libres de chasser. Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes, dur en punition! » (Coran 5/2)
Dans le même ordre d’idées, il a été rapporté que le Prophète () a dit :
« Les croyants sont comme un seul homme qui, s’il est atteint d’un mal de tête, voit ses autres membres partager avec elle l’insomnie et la fièvre. » (Mouslim, livre 0.32, hadith : 6258)
Il ()  a également dit : «
« Les croyants doivent être entre eux comme une construction dont les matériaux se renforcent mutuellement. » En disant cela, le Prophète () a serré ses mains en entrelaçant les doigts. (Boukhari, vol. 3, livre 43 : 626)
Dr. Spahic Omer
http://www.islamonline.com/news/articles/114/Restoring-the-Mission-of-the-Mosque.htmlv

Articles en relation

Vertus du Hadj