Allah, exalté soit-Il, dit :
« Par le ciel et ses constellations ! Par le jour promis ! Par le témoin et son témoignage ! Mort aux gens de la tranchée très longue (al-Ukhdûd) ! Au bord d’un feu rugissant, [les mécréants] étaient assis, et regardaient en témoins ce qu’ils faisaient subir aux croyants. Ils ne leur en voulaient que parce qu’ils croyaient en Allah, le Tout-Puissant, le Digne de Toute Louange, Celui à Qui appartient le Royaume des cieux et de la terre, Allah, Qui de Toute chose est le Témoin. Ceux qui ont infligé les pires épreuves aux croyants et aux croyantes, puis qui ne s’en sont pas repentis, auront le supplice de la Géhenne et le supplice du Brasier infernal. Ceux qui ont cru et ont accompli les bonnes œuvres auront des jardins sous lesquels coulent les rivières. Tel est le succès suprême ! Les représailles de ton Seigneur seront très dures. » (Coran 85/1 à 12).
Ces versets font allusion à l’histoire des membres d’un peuple ancien qui furent appelés à abjurer leur foi mais refusèrent. Ils furent alors jetés dans des fossés (al-Ukhdûd) et brûlés vifs. Le hadith suivant va dans le même sens :
D’après Suhayb (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : « Jadis vivait un roi qui avait un sorcier. Quand le sorcier se sentit vieillir, il dit au roi : « Me voilà maintenant âgé. Envoie-moi donc un jeune homme pour que je lui enseigne la magie ». Il lui envoya un jeune homme. Sur son chemin vers le sorcier, le jeune homme rencontra un moine. Il s’assit auprès de lui et écouta ses paroles qui lui plurent. Il faisait ainsi chaque fois qu’il se rendait chez le sorcier. Quand il arrivait auprès du sorcier, ce dernier le frappait pour son retard. Il s’en plaignit au moine qui lui dit : « Quand tu as peur de la colère du sorcier, dis-lui : « J’ai été retenu par ma famille » et quand tu crains la colère de la famille, dis-lui : « J’ai été retenu par le sorcier ». Entre-temps, voilà qu’une bête énorme interdit le passage aux gens. Le jeune homme dit : « Aujourd’hui je vais savoir qui du sorcier ou du moine à la plus grande valeur ». Il prit une pierre et dit : « Seigneur Dieu ! Si l’œuvre du moine T’est préférable à celle du sorcier, tue cette bête afin de permettre aux gens de passer ». Il la frappa alors avec la pierre et la tua sur le coup. Les gens eurent ainsi la voie libre. Il vint en informer le moine qui lui dit : « Mon petit, tu es devenu maintenant plus fort que moi puisque tu es arrivé à ce miracle et tu vas certainement être mis à l’épreuve. S’il en est ainsi, ne dis à personne qui je suis ». Ainsi donc le jeune homme en arriva à guérir l’aveugle de naissance et le lépreux. Il guérissait les gens de la plupart de leurs maladies. L’un des courtisans du roi qui était aveugle en entendit parler et se rendit auprès de lui avec de nombreux cadeaux. Il lui dit : Tout ce que tu vois là est à toi si tu arrives à me guérir ». Le jeune homme lui dit : « Je ne guéris personne moi-même mais c’est uniquement Allah le Très-Haut qui guérit. Si tu crois en Allah le Très-Haut, je Le prierai et Il te guérira ». Le courtisan crut en Allah et Allah le guérit. Il se rendit chez le roi et s’assit près de lui comme il en avait coutume. Le roi lui demanda : « Qui donc t’a rendu la vue ? ». Il dit : « Mon Seigneur et Maître ». Il lui dit : « Est-ce que tu as un Seigneur autre que moi ? ». Il dit : « Mon Seigneur et le tien est Allah ». Le roi le jeta en prison et ne cessa de le torturer jusqu’à ce qu’il dénonçât le jeune homme. On fit alors venir le jeune homme et le roi lui dit : « Mon petit, te voilà arrivé à guérir avec ta magie l’aveugle de naissance et le lépreux et à faire telle et telle chose ». Le jeune homme lui dit : « Je ne guéris personne mais c’est Allah Seul Qui guérit ». Il le jeta donc en prison et ne cessa de le torturer jusqu’à ce qu’il dénonçât le moine. On fit venir le moine et on lui dit : « Renie ta foi ! » chose qu’il refusa catégoriquement. On ordonna d’apporter une scie qu’on lui plaça sur la raie de ses cheveux. On lui coupa ensuite la tête qui tomba en deux morceaux. On fit alors venir le courtisan et on lui dit : « Renie ta foi ! » mais il refusa. On lui plaça la scie sur la raie de ses cheveux et on lui coupa la tête qui tomba en deux morceaux. On fit enfin venir le jeune homme et on lui dit : « Renie ta foi ! » Mais il refusa. Le roi le jeta à quelques-uns de sa suite et leur dit : « Amenez-le à telle montagne et escaladez-la avec lui. Une fois parvenue à son sommet, demandez-lui de renier sa foi, sinon jetez-le du haut de la montagne. Ils le prirent donc avec eux et escaladèrent la montagne. Il dit : « Seigneur Allah ! Sauve-moi d’eux par le moyen qui Te plait ! ». La montagne se mit alors à branler. Ils tombèrent dans le vide et il vint dire au roi : « Allah m’a sauvé d’eux ». Le roi le jeta à des gens de sa suite et leur dit : « Allez avec lui et mettez-le dans une grande barque. Une fois arrivés au large, demandez-lui de renier sa foi, sinon jetez-le à la mer ». Ils partirent avec lui et, une fois en pleine mer, il dit : « Seigneur Allah ! Sauve-moi d’eux par le moyen qui Te plait ! ». La barque se retourna et ils se noyèrent. Il vint en marchant (sur l’eau) jusqu’au roi qui lui dit : « Qu’ont fait tes compagnons ? ». Il lui dit : « Allah m’a sauvé d’eux ». Il dit alors au roi : « Jamais tu ne pourras me tuer si tu ne fais pas ce que je vais t’ordonner de faire. « M’ordonner quoi ? ». Demanda le roi. « Tu rassembles ton peuple sur un même plateau puis tu me crucifies sur le tronc d’un palmier. Tu prends alors une flèche de mon carquois, tu places la flèche au milieu de la corde de l’arc, tu dis : « Au nom d’Allah, Seigneur et Maître de ce jeune homme » puis tu lances la flèche en ma direction, si tu fais tout cela, tu me tueras sûrement ». Il rassembla donc les gens sur un même plateau, crucifia le jeune homme sur le tronc d’un palmier, prit une flèche de son carquois et la plaça au milieu de la corde de l’arc. Puis il dit : « Au nom d’Allah, Seigneur et Maître du jeune homme ! ». Il tira alors la flèche qui alla se planter dans sa tempe. Le jeune homme porta la main à sa tempe et mourut sur le coup. Les gens dirent alors : « Nous croyons en le Seigneur et Maître du jeune homme ». On vint dire au roi : « Ce que tu craignais est survenu ! Par Dieu, l’appréhension que tu avais s’est concrétisée et voilà que ton peuple a cru en Allah ». Il ordonna de creuser des fossés à l’entrée de chaque route. On les creusa et on y alluma le feu. Le roi dit : « Jetez-y tous ceux qui ne veulent pas renier leur foi ». C’est ce qu’ils firent jusqu’à ce que vint le tour d’une femme qui portait son bébé. Elle eut peur et refusa de se jeter dans le feu. Son bébé lui dit alors : « Mère ! Patiente car tu es sur la juste voie ».
Ce hadith est rapporté par Mouslim et Tirmidhî. Sa version rapportée par ce dernier laisse penser que la sourate 85 et le hadith renvoient à la même histoire.
Le récit des gens du Fossé relaté dans la Sourate al-Burûdj et dans le hadith susmentionné est un exemple exceptionnel de bravoure et de sacrifice. Il contient des leçons et des avertissements pour les mécréants, les tyrans et les dictateurs qui s’efforcent à convaincre les gens d'accepter leur tyrannie.
Cette sourate et ce hadith nous assurent qu’Allah, exalté soit-Il, est le Tout-Puissant et qu’Il est le Seul capable de faire ce qu’Il veut et que rien ne Lui échappe.
L'oppression qu’exerçaient le roi et ses collaborateurs sur ce peuple opprimé était accablante. Les gens qui ont creusé les fossés ont mérité la malédiction d’Allah et Son châtiment alors que le peuple qui a retrouvé sa foi et sa confiance en Allah et qui a préféré être brulé vif dans les fossés plutôt que de renier sa foi était au rendez-vous avec le succès suprême : il a été admis dans les jardins sous lesquels coulent les rivières.
La méditation sur le récit des gens du fossé nous aide à puiser les leçons suivantes :
- Le musulman n’a pas été créé sur terre uniquement pour subvenir à ses propres besoins vitaux. Il a une grande mission à remplir et un noble objectif à atteindre.
- Le musulman doit faire prévaloir la vérité, même au détriment de sa propre vie.
- Il doit faire face à la tyrannie sans violence ni agression mais avec sagesse et fermeté.
- Le musulman doit consacrer sa vie au service des humbles et s’abstenir de flatter les dictateurs. La vie étant de courte durée il doit la vivre pour un idéal.
- Il doit avoir une confiance absolue en Allah et endurer avec patience toute sorte d’épreuve sans jamais perde de vue qu’Allah est le Dominant, le Maître absolu des cieux et de la terre et que rien ne se produit dans Son Royaume sans Sa volonté.