Le ‘Aïd al-Adha est la seconde fête islamique. Elle intervient à la fin de la première décade de Dhoul Hidjah, expressément les meilleurs jours de l’année selon certains oulémas, car, d’après Djâbir, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Les meilleurs jours sont la première décade du mois de Dhoul Hidjja » [Al-Bazzâr (Al-Albânî : sahîh)].
Quant au jour même de le ‘Aïd al-Adha, il est le meilleur auprès d’Allah, exalté soit-Il, puisque le Prophète () a dit : « Les jours les plus importants aux yeux d’Allah, exalté soit-il, sont : le jour du sacrifice, puis le jour du Qarr » (Abû Dâwud, An-Nisâ`î, At-Tirmidhî et Ibn Mâdja). Ce dernier correspond au onzième jour de Dhoul Hidjjah, où les pèlerins s’installent à Mina. Le Prophète () a également dit :
« Le jour de ‘Arafat, celui du sacrifice et ceux de Mina sont nos jours de fête, à nous les musulmans. Ce sont des jours où l’on boit, où l’on mange et où l’on évoque Allah »[Abû Dâwud, An-Nisâ`î, At-Tirmidhi et Ibn Mâdja (Al-Albânî : sahîh)].
Le ‘Aïd al-Adha est lié à moult dispositions et règles, et parmi les plus importantes citons :
1- Les takbîr-s relèvent de la Sunna : Les takbîr-s sont recommandés à partir de la nuit précédant la fête, le jour de la fête et jusqu’à la fin des jours de Tachrîq, à savoir avec le coucher du soleil du quatorzième jour de Dhoul Hidjjah, compte tenu du verset, dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et invoquez Allah pendant un nombre de jours déterminés » (Coran 2/203). Dans ses fatwas, le cheikh de l’Islam Ibn Taymiya a noté : « Il est convenu à l’unanimité que le takbîr est prescrit pendant le ‘Aïd al-Adha », et d’ajouter : « Quant au takbîr le jour du sacrifice, il est confirmé encore davantage, étant donné qu’il est recommandé après l’accomplissement des prières prescrites, que les oulémas sont unanimes à son propos, que le lieu et le temps de la fête du sacrifice y sont ad hoc et que cette dernière est meilleure que le ‘Aïd al-Fitr. Voilà pourquoi les cultes qui y sont pratiqués sont le sacrifice et la prière ». Il a souligné, qu'Allah lui fasse miséricorde : « Quant à l’immolation de la bête de sacrifice, elle est prescrite en tant qu’acte d’adoration indépendant à effectuer après la prière, puisque Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) : « Accomplis la prière pour ton Seigneur et sacrifie. Celui qui te hait sera certes, sans postérité » (Coran 108/2-3). Ceci signifie que la prière, accomplie par les musulmans dans les différentes contrées, équivaut à la lapidation de la stèle de ‘Aqaba, effectuée par les pèlerins, et que l’immolation de la bête de sacrifice, accomplie par les premiers, équivaut au même rite, effectué par les seconds.
Par analogie, les oulémas sont d’accord sur le fait que les musulmans dans les différentes contrées doivent répéter les takbîr-s à partir de l’aube du jour de ‘Arafat jusqu’au dernier des jours de Tachrîq, se basant sur le hadith susmentionné, et sur un autre, rapporté par Djâbir, qu’Allah soit satisfait de lui, et narré par ad-Dâraqutnî, ainsi que sur le consensus des grands Compagnons, et Allah sait mieux ». La formule de takbîr est la suivante : « Allahu Akbar, Allahu Akbar, Allahu Akbar (Allah est Plus Grand), Lâ ilaha illa Allah (Nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah). Allahu Akbar, Allahu Akbar, wa lillahil hamd (à Allah les louanges) ».
Comme nous l’avons déjà dit, le ‘Aïd al-Adha est la seconde fête islamique. Elle intervient à la fin de la première décade de Dhoul Hidjjah, expressément les meilleurs jours de l’année selon certains oulémas.
2- La disposition de la prière de la fête : Les Hanbalites considèrent que cette prière est une obligation collective, alors que les deux imams Mâlik et Ach-Châfi’î la considèrent comme une sunna. Abû Hanîfa, qu'Allah lui fasse miséricorde, de même que certains oulémas vérificateurs, dont Ibn Taymiya et son disciple Ibn Al-Qayyim, et certains contemporains, dont Ibn Sa’dî, Ibn Bâz et Ibn ‘Uthaymîn, qu'Allah leur fasse tous miséricorde, pensent que l’accomplissement de cette prière est obligatoire, puisque le Prophète () l’a faite et a ordonné aux femmes de la faire, y compris celles qui avaient leurs menstrues et les filles vierges. Umm ‘Atiyah, qu’Allah soit satisfait d’elle, a dit : « Les jours du ‘Aïd al-Fitr et du ‘Aïd al-Adha, le Prophète () nous ordonnait d’emmener les filles au seuil de la puberté, les femmes qui avaient leurs menstrues et les vierges à la mosquée ; les secondes n’accomplissaient pas la prière et profitaient des bienfaits et des invocations des autres musulmans. Je demandai au Prophète () : 'Ô Messager d’Allah, certaines d’entre nous ne possèdent pas de robe [à porter pour sortir de chez elles]'. 'Que sa coreligionnaire lui donne l'une des siennes', me répondit-il » (Boukhari et Mouslim). L’imam dirige la prière à la mosquée, en accomplissant deux rak’a-s, puis en prononçant deux sermons. Il est préférable d’accomplir la prière de la fête dès que le soleil se lève, car Yazîd Ibn Khumayr a rapporté ce qui suit : « ‘Abd Allah Ibn Busr, qu’Allah soit satisfait de lui, sortit avec les gens pour accomplir la prière, le jour du ‘Aïd al-Fitr ou du ‘Aïd al-Adha. Il réprouva le retard de l’imam et dit : 'Au temps du Prophète (), nous aurions terminé les takbîr-s et nous aurions commencé la prière' » (Abû Dâwud et Ahmad).
3- Il est interdit de jeûner le jour du sacrifice et les jours de Tachrîq : Il est interdit de jeûner le jour du sacrifice, car, dans un récit étayé par des preuves, Abû Sa’îd Al-Khudrî, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Le Prophète () a interdit de jeûner deux jours, à savoir celui de la fête d’al-Fitr et celui dde la fête du sacrifice » (Boukhari et Mouslim). Quant à l’interdiction du jeûne les jours de Tachrîq, elle est fondée sur le hadith suivant du Prophète, (), rapporté par Nubaycha al-Hadhli, qu’Allah soit satisfait de lui, : « Les jours de Tachrîq sont des jours où l’on boit, où l’on mange et où l’on évoque Allah » (Mouslim). Par ailleurs, Aicha et Ibn ‘Umar, qu’Allah soit satisfait d’eux, ont affirmé : « Le Prophète () n’a autorisé personne à jeûner les jours de Tachrîq, sauf ceux qui n’ont pas trouvé de bête à sacrifier » (Boukhari).
4- Les meilleures œuvres à accomplir le jour de la fête sont la prière de la fête, puis l’immolation de la bête de sacrifice. Le musulman doit avant tout commencer par accomplir la prière de la fête, la faisant suivre par l’immolation de la bête du sacrifice. Al-Barâ’, qu’Allah soit satisfait de lui, entendit le Prophète () dire dans un sermon :
« La première chose à faire en ce jour est de prier puis de revenir pour immoler (une bête). Quiconque fait ainsi a suivi notre tradition » (Boukhari).
Rappelons que les Hanbalites estiment que la prière de la fête est une obligation collective, alors que les deux imams Mâlik et Ach-Châfi’î la considèrent comme une sunna.
5- La Sunna veut que le musulman se fasse beau et porte ses plus beaux vêtements le jour de la fête. Cependant, la femme sort de chez elle pour accomplir la prière de la fête sans ornement ni parfum et doit porter son voile, puisqu’elle est enjointe de se dissimuler et n’a pas le droit de montrer ses atours ni de mettre des parfums en sortant de chez elle. ‘Abd Allah Ibn ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Un jour, ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, vit qu’on était en train de vendre une tunique (d’homme) en soie sur le marché. Il l’apporta et la montra au Prophète () en lui disant : 'Ô Messager d’Allah, pourquoi ne l’achètes-tu pas pour la mettre pendant la fête et lors de la réception des délégations ?'. 'Ceci est le genre d’habit que portent ceux qui n’auront aucune part dans l’au-delà', lui répondit le Prophète (). Après quelque temps, le Prophète () envoya à ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, une tunique de brocart. Il se rendit donc avec cette tunique chez le Prophète () et lui demanda : 'Ô Messager d’Allah, tu m’as dit que c’est le genre d’habit que portent ceux qui n’ont aucune part dans l’au-delà, et pourtant tu m’as envoyé cette tunique ?'. 'Je te l’ai envoyée pour que tu la vendes ou que tu la donnes à tes femmes', lui expliqua le Prophète () » (Boukhari). La première fois, le Prophète () avait réprimandé le comportement de ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui, parce que la tunique en question était en soie, et que les hommes n’ont pas le droit de porter de la soie. Comme l’a expliqué Ibn Hadjar, qu’Allah lui fasse miséricorde, dans son Fath al-Bârî, ce hadith prouve que le Prophète () a approuvé le fait de se faire beau à l’occasion de la fête, mais a réprouvé le port, par les hommes, d’habits en soie.
6- L’immolation d’une bête de sacrifice constitue une sunna avérée. Cependant, cette bête doit remplir les conditions suivantes :
a- Elle doit être une bête de cheptel qui a atteint l’âge légalement approuvé. Les bêtes de cheptel sont les chameaux, les bovins et les ovins, et l’âge légalement approuvé est cinq ans pour les premiers, deux pour les seconds, un pour les chèvres et six mois pour les moutons. Notons que l’immolation d’un seul chameau ou d’une seule vache est valable pour sept personnes.
b- Elle doit être exempte des quatre défauts qui invalident le sacrifice, c'est-à-dire qu’elle ne doit pas être manifestement boiteuse, ni malade d’une maladie apparente, ni manifestement borgne, ni frêle au point d’être sans moelle.
c- Elle doit être immolée au moment prescrit, c'est-à-dire après la prière de la fête, de préférence après que l’imam a terminé les deux sermons. Ce temps arrive à échéance avec le coucher du soleil du troisième jour de Tachrîq.
La Sunna veut que l’on consomme une partie de la viande de la bête de sacrifice, comme l’a fait le Prophète (). Le musulman qui fait le sacrifice a la pleine liberté de cuire sa part, de la donner à titre d’aumône ou de l’offrir à titre de cadeau.
7- Le fait de manifester sa joie et de pratiquer des jeux autorisés relève de la Sunna, car 'Aicha, qu’Allah soit satisfait d’elle, a dit : « Un jour, le Prophète () entra chez moi, alors que j’avais deux servantes qui chantaient des poèmes, inspirés par la bataille de Bu’âth (qui eut lieu entre Al-Aws et Al-Khazradj). Le Prophète () s’étendit sur le lit et tourna le visage pour ne pas voir les deux servantes. Lorsqu’ Abû Bakr entra, il me réprimanda et me dit : 'Les psaumes du Diable chez le Prophète () ?', mais le Prophète () lui dit : 'Laisse-les'. Dès que le Prophète () fut pris par le sommeil, je leur fis un clin d’œil et elles sortirent ».
Elle rapporta également ce qui suit : « Un jour de fête, des Abyssiniens étaient en train de jouer avec leurs boucliers en cuir et leurs lances. Quand je demandai au Prophète () ce que c’était, il me dit : 'Veux-tu regarder ?'. 'Oui', lui dis-je. Alors, il me mit derrière lui et moi de coller ma joue contre la sienne, puis il dit : 'Continuez, ô Banû Arfida'. Puis, lorsque je me fus lassée, il me dit : 'Tu en as assez ?'. Je répondis affirmativement. Il poursuivit : 'Alors, va' » (Boukhari).
Commentant ce hadith, Ibn Hadjar, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : « En vertu de ce hadith, il est utile du point de vue de la Charî’a de faire preuve de générosité à l’égard de sa famille pendant les jours de fête, en leur assurant des moyens de divertissement et de repos après les charges imposées par les actes d’adoration, bien qu’il soit mieux de s’en abstenir. Il indique également que la religion veut que l’on manifeste de la joie pendant les fêtes ».
8- La Sunna conseille également de choisir deux itinéraires différents à l’aller et au retour, puisque Djâbir, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « De retour de la prière le jour de la fête, le Prophète () empruntait un chemin différent de celui de l’aller » (Boukhari). Dans son ouvrage Fath al-Bârî, Ibn Hadjar a cité la narration d'Al-Ismâ'îlî qui a dit : « Le jour de la fête, le Prophète () empruntait un chemin de retour différent de celui qu’il avait emprunté en allant à la mosquée ».
9- La Sunna ne prescrit pas d’accomplir deux rak’a-s avant ni après la prière de la fête, si cette dernière est effectuée dans un lieu consacré à la prière d’une manière exceptionnelle. Cependant, si elle est effectuée dans la mosquée, nul grief de faire les deux rak’a-s de la salutation de la mosquée. Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, dit : « Le jour de la fête, le Prophète () a accompli deux rak’a-s sans rien d’autre avant ni après » (Boukhari et Mouslim). Quiconque rate la prière de la fête doit la rattraper. Or, les avis des oulémas ont divergé par rapport au nombre de ses rak’a-s : selon Boukhari et ses adeptes, il faut rattraper deux rak’a-s ; l’imam Ahmad et Ibn Taymiya, qu'Allah leur fasse miséricorde, sont pour le rattrapage de quatre rak’ah-s. Pour sa part, Ibn Ishâq, qu'Allah lui fasse miséricorde, a adopté une position médiane et dit qu’il faut effectuer cette prière en deux rak'a-s si elle est accomplie en commun ou en quatre si elle doit être rattrapée.
10- Le fait d’échanger les félicitations à l’occasion de la fête relève de la Sunna. Le Musulman peut dire à son coreligionnaire des formules telles que : « Qu’Allah accepte nos œuvres et les vôtres » ou « Que cette fête soit bénie » ou encore « Qu’Allah nous permette, nous et vous, de la revoir ». Ibn Hadjar dit : « Et nous avons rapporté, d’après Djubayr Ibn Nufayr, que quand les Compagnons se rencontraient le jour de la fête, ils se disaient : 'Qu’Allah accepte nos œuvres et les vôtres' ».
J’implore Allah, exalté soit-Il, d’accepter mes œuvres, ainsi que celles de tous les musulmans, de nous faire vivre une joyeuse fête, de dissiper les soucis et les malheurs de nos coreligionnaires aux quatre coins du monde, car Il entend tout et exauce les invocations.
Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Mohammad, ainsi que de sa famille et de ses Compagnons.