Ibn Kathir a dit dans l’introduction de son célèbre Tafsir : « ....il est du devoir des oulémas de dévoiler la signification de la Parole d’Allah, de l'expliquer et, à ce titre, de faire toute recherche pertinente pour y arriver, pour l’apprendre et l’enseigner comme les y incite le Coran dans les versets suivants:
Avant nous, Allah a déjà condamné les gens du Livre pour avoir tourné le dos au Livre qui leur était révélé et pour y avoir préféré les richesses de la vie d’ici-bas qu’ils se sont mis à amasser oubliant, dans la foulée, les ordres et les injonctions du Livre d'Allah.
C'est le sens du Hadith : «J'ai reçu le Coran et son équivalant», autrement dit la Sunna. En fait la Sunna a été révélée au Prophète () au même titre que le Coran, à la différence qu’elle n’est pas récitée comme l’est le Coran. Ainsi, l’imam Ach-Chafi'i, (qu'Allah lui fasse miséricorde) et autres oulémas ont présenté tant de preuves à l’appui de cela, seulement ce n’est pas le lieu ici pour entrer dans les détails.
L’idée est que l’on doit d’abord chercher l'interprétation du Coran dans le Coran lui-même, si on ne la trouve pas on doit la chercher dans la Sunna comme indiqué par le Messager d’Allah à Mou’adh quand il l’a chargé d’une mission au Yémen : «Sur quoi te baseras-tu dans ton jugement?» Lui demanda le Prophète. «Sur le livre d’Allah. » répondit Mou’adh « Et si tu n’arrives pas à ce que tu cherches ?» reprit le Prophète. « J'aurai recours à la Sunna du Messager d’Allah », affirma Mou’adh. « Et si », continua le Prophète, « tu n’arrives pas à en déduire la réponse recherchée de la Sunna? » « Dans ce cas je m’efforcerai d’y arriver avec ma propre opinion »conclut Mou’adh. Le Messager d’Allah frappa alors sa poitrine et dit: «Louange à Allah qui a orienté le messager du Messager d'Allah vers une approche satisfaisante pour le Messager d’Allah». Ce Hadith est mentionné dans le Mousnad et les Sunan avec une bonne chaîne de transmission, comme indiqué dans ses références.
Citant successivement Jabir Ibn Noh, Al A’amaach, Abou Douha et Masrough, l’Imam Abou Ja'far ibn Mohamed ibn Jarir rapporte que : « Abdallah Ibn Mas’ud a dit: « Je jure par Celui Qui n’a pas d'associés qu’il n’existe aucun verset du Coran que je n’en sache à qui il se réfère et où il a été révélé. Mieux, si je connais un endroit où peut se trouver quelqu’un qui soit mieux versé que moi dans le Livre d’Allah et qui soit accessible par les moyens de transport disponibles, je n’hésiterai pas à le rejoindre.» Aussi, citant successivement Abou Wael et Ibn Mas’ud, Al A’amach a dit encore: « lorsque l’un de nous apprenait dix versets du Coran il ne les dépassait pas avant d’en cerner le sens et avant de les mettre en pratique. »
Abou Abdul Rahman Al Soulaymi a dit : «Ceux qui nous enseignait le Coran nous racontaient que souvent ils demandaient au Prophète () de leur faire entendre le Coran. Aussi avaient-ils l’habitude, quand ils apprenaient dix versets du Coran, de s’y limiter jusqu’à en apprendre le sens pour les appliquer.
Ibn Jarir a dit: « Mohamed Ibn Bachar citant successivement Waki’, Soufyan, Al A’amach et Mouslim a dit : « Abdallah Ibn Mas’ud a dit au sujet d’Ibn Abass : “Quel excellent interprète du Coran !”» Ensuite il a rapporté la même chose citant successivement Ibn Yahya, Ibn Dawood, Ishagh Al Azragh, Sufyan Al A’amaach, Mouslim ibn Soubeih Abou Douha, Masrough et Ibn Mas'ud qui a dit: «Ibn Abbas, quel excellent interprète du Coran ! » . Ensuite, il a rapporté la même chose citant successivement Bindar, Jaafar Ibn Al-Aoun et Al A’mach.
Il s'agit d'une bonne chaîne de transmission qui arrive jusqu’à Ibn Mas'ud qui s’étonne de l’énorme savoir d’Ibn Abbas en matière d’interprétation du Coran. Ibn Mas'ud (qu'Allah soit satisfait de lui) est, selon de bonnes sources, décédé en l’an trente-deux de l’Hégire alors qu’Ibn Abbas l’a survécu de trente six années. Imaginez l’énorme quantité de connaissances qu’il a dû amasser après Ibn Mas’ud !
Al A’amach Ibn Abou Wael a dit: « Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) désigna Ibn Abass pour commander les musulmans lors du Hajj et ce dernier fit, à l’occasion, un sermon dans lequel il récita la Sourate d’Al-Baqarah ou, selon une autre version, celle d’Al-Nour qu’il a si admirablement expliquée que si les Romains, les Turcs et les Daylam l’avaient entendu ils auraient tous, à coup sûr, accepté l'Islam.»