L’art de remédier aux erreurs des amis

Dans nos relations quotidiennes avec nos frères, nous commettons forcément des erreurs. Qui n’en a jamais commis. Tout le monde fait des erreurs, c’est même dans la nature de l’homme. Or, on peut remarquer que la génération actuelle amplifie la gravité des erreurs et focalise sur les fautes. Et agir ainsi affecte la fraternité et mène les gens à se tourner le dos et aux disputes.

Il existe des règles de vie qu’il faut absolument prendre en compte afin de préserver l’amitié qui nous lie aux autres. Ce sont des qualités requises de chacun permettant de consolider la cohésion de la société et de préserver les liens de fraternité. Nous citerons les suivantes :

- Blâmer et reprocher le moins possible son prochain. Les blâmes et les reproches ne font que corrompre l’amour entre les gens. En plus, il n’y a aucune utilité à le faire. Le poète de la Jâhiliya disait déjà :

Cessez de me blâmer j’en ai déjà assez

Il n’y a aucun intérêt et rien à y gagner

Savez-vous que blâmer n’a que peu d’utilité

Est-ce ma nature que vous me reprochez

Afin de pérenniser des relations fraternelles, il faut nécessairement ignorer certaines erreurs et ne pas être à l’affut des fautes commises par son prochain, comme le disent ces vers :

Un idiot n’est jamais le chef parmi les siens

Mais qui fait semblant de l’être est plus malin

Et quelles belles paroles que celles de Bashshâr ibn Bird :

Si tu ne cesses de faire des reproches

Alors n’y échappera aucun de tes proches

Vis seul ou avec ton prochain

Il fautera parfois ou s’en tiendra loin

Si boire ce qui est amer tu ne sais

Assoiffé tu seras et personne n’est parfait

- Accorder de l’importance aux hauts faits et ne pas focaliser sur les sujets futiles. Entre toi et tes amis, il existe un contrat et un pacte non écrit qui stipule de s’entraider à faire le bien et à entretenir votre amitié. Alors, ne cours pas derrière les détails du quotidien et les évènements qui te détourneraient des grands objectifs pour lesquels ont été établis les liens de fraternité et sur lesquels reposent les relations en société. Tourne toute ton attention sur les grandes questions et laisse de côté les détails dans lesquels le diable se cache et via lesquels il titille l’égo de chacun.

- Faire preuve de douceur en remédiant aux erreurs de son frère et de son ami. C’était la méthodologie du Prophète () pour remédier aux fautes. Et vous avez lu l’histoire de ce compagnon qui parlait durant la prière et comment la façon dont il a été corrigé était empreinte de douceur et on constate qu’il ne l’a ni blâmé ni réprimandé. Ce compagnon est Mu’awiyya ibn Al-Hakam. Et voici le hadith : Mou’âwiyah ibn Al-Hakam As-Soulami relate ce qui suit : Alors que nous étions en prière derrière le Messager d’Allah (), l’un des fidèles éternua. Je lui dis : « Qu’Allah te fasse miséricorde. » Les hommes présents me jetèrent alors des regards réprobateurs, mais je poursuivis : « Malheur à moi ! Qu’avez-vous à me regarder ainsi ? » Ils se mirent cette fois à taper sur leurs cuisses. Lorsque je compris qu’ils me demandaient de me taire, je gardai le silence. Lorsqu’il en eut fini avec la prière, le Messager d’Allah (), que mon père et ma mère lui servent de rançon, s’adressa à moi. Je n’ai jamais vu quelqu’un faire preuve d’une telle pédagogie. Par Allah ! Il ne m’a ni réprimandé, ni frappé, ni insulté, se contentant de dire : « Il n’est pas permis de parler en prière, si ce n’est pour glorifier Allah, célébrer Sa grandeur ou réciter le Coran. » Rapporté par Mouslim.

- Choisir des expressions convenables pour corriger les fautes.

Nous savons tous que dans l’éloquence, il y a une part de magie. Alors, pourquoi ne pas utiliser cette magie licite pour remédier aux erreurs ?! Par exemple, lorsque ton frère commet une erreur, dis-lui : ‘’ si tu faisais plutôt cela… ou : que penses-tu si tu faisais plutôt ceci ?... ou : je te propose plutôt de faire cela…’’ ou toute autre expression empreinte de compassion ne comportant aucune dureté et aucune forme de violence.

- Quand tu essaies de corriger une erreur, mentionne les qualités de la personne en question. Rappelle ses belles actions de sorte que les autres acceptent plus volontiers ta critique polie et la façon dont tu corriges l’erreur. Fais-leur ressentir que tout en critiquant l’erreur, tu reconnais les bons côtés de la personne. Dans le recueil de Boukhari, le Prophète () a dit : « Quel homme que ce ‘Abdoullah ! Si seulement il priait la nuit. » Hafsa, sa sœur, ajouta : « Depuis ce jour-là, mon frère ‘Abdoullah ne dormait qu’une petite partie de la nuit. » Quand un homme accomplit une chose en réalisant un pourcentage de réussite, nous devons le louer pour ce qu’il a fait de bien. Puis lui demander de corriger son erreur et en plus de cela, de réaliser un meilleur pourcentage de réussite que la première fois.

- Éviter de prononcer des propos blessants de sorte à conduire votre ami à faire ce qui est juste sans heurter ses sentiments ou le blesser.

- Tâchez de placer l’erreur dans son juste contexte et ne pas amplifier sa gravité. Faites en sorte qu’il soit possible de corriger toutes les erreurs et laissez toujours une fenêtre ouverte à votre frère pour qu’il puisse se corriger. Que la tolérance soit votre devise dans vos relations avec vos frères. Trouvez-leur toujours des excuses. L’imam Al-Harîrî, l’auteur des célèbres Maqâmât a excellé en disant :

Pardonne à ton frère s’il s’est trompé

Évite de le brusquer si un jour il a dévié

Préserve ton estime auprès de lui

Qu’il soit ingrat ou reconnaissant

Honore tes engagements malgré ses manquements

Telles que furent vos conditions

Si tu cherches quelqu’un de parfait

Tu cherches ce qui n’existe pas

Car qui n’a jamais fauté

Et n’est doté que de bonnes qualités !!

En somme, il nous faut préserver nos relations de fraternité dans la foi et d’amitié chaleureuse. Ériger la tolérance comme devise. Accepter les gens avec leurs qualités et leurs défauts. Savoir qu’il n’existe personne de parfait en dehors des prophètes et messagers, et que nous faisons tous des erreurs. Il nous faut donc gérer cela en feignant de les ignorer et en faisant preuve de tolérance :

Y a-t-il un homme dont on agrée tous les aspects

Il suffit à un homme pour être noble, que ses défauts puissent être dénombrés