Dans toute l'histoire de l’humanité Allah, exalté soit-Il, n'a jamais envoyé un livre aux gens pour qu'ils le lisent sans qu’Il ne le fasse accompagner d’un messager humain chargé de le porter et de le communiquer. En effet, Allah le Tout Puissant a toujours choisi et sélectionné des messagers parmi les Anges et parmi les hommes.
Le messager humain chargé de la communication de la révélation aux hommes devait être le premier à se conformer aux ordres et aux interdictions de celle ci. C’est pourquoi Choayb (Alaih Salam) ne cessait de répéter aux siens (sens du verset) « Je ne veux nullement faire ce que je ce que je vous interdit ». (Coran : 11/88)
La série des prophètes a pris fin avec l’arrivée de Mohammed () qui en est la parfaite conclusion et le meilleur élément de tout le système. Le Prophète () a dit dans ce sens : « Mon cas et celui des Prophètes qui m’ont précédé est pareil au cas d’un homme qui a bâti une maison, l’a embellie et ornée, laissant vacante la place d’une brique. Les gens viennent en faire le tour, l’admirent et disent : Dommage ! Pourquoi n’a-t-on pas mis cette brique ? – Eh bien, je suis cette brique ! Je suis le sceau des prophètes ! » (Rapporté par Boukhari et Mouslim)
La mort du Prophète () a signifié la fin de la descente de la révélation aux hommes, la rupture des nouvelles du ciel. Al-Boukhari a rapporté dans son Sahih qu’Abou Bakr a dit à Omar, après la mort du Messager d'Allah () : "Allons voir Oum Ayman pour lui rendre visite à l’instar du Prophète ()." Quand ils sont venus chez elle, elle s’est mise à pleurer. La voyant ainsi ils lui demandèrent : "Pourquoi pleures-tu ? Ne sais-tu pas que ce qu’Allah réserve à son Prophète vaut mieux pour lui ()?!"
Elle répondit : « Si je pleure ce n’est pas parce que je ne sache pas que ce qu’Allah réserve à son Messager est beaucoup mieux pour lui, mais je pleure à cause de la rupture de la révélation venant du ciel ! » Tellement leur passion était devenue vive à la suite de ce qu’elle leur a dit qu’ils se mirent à leur tour à pleurer avec elle.
Cette femme était une véritable savante. La perte du Messager d'Allah () n’était pas une mince affaire pour elle. D’ailleurs comment peut-il en être autrement alors qu’elle était non seulement sa gardienne mais également parmi les personnes les plus proches de lui. Le Prophète () l’aimait aussi beaucoup. Il était attentionné et gracieux à son égard. De plus, son fils Oussama et son mari, Zaid étaient parmi ses favoris (). Il est vrai aussi que la perte du Prophète n’est pas facile à digérer. Mais Oum Ayman envisageait le cas sous un autre aspect, celui là même qui a été pris en considération par Hassan ibn Thabit qui, dans un éloge funèbre qu’il dédia au Messager d'Allah () dit :
« La révélation et les nouvelles du ciel ne nous arrivent plus
Par le biais de l’ange Gabriel qui en faisait la navette. »
Mais Allah dans Ses faveurs immenses et illimitées est venu, comme toujours, à la rescousse de cette Oumma dont l’existence se perpétuera jusqu'à la fin des temps. Allah a choisi parmi elle des «héritiers» aux prophètes qui, à leur instar, enseignent, éduquent et orientent les hommes vers la Vérité et la Justice (sens du verset) « Parmi les êtres ceux que Nous avons créés, il se trouve une communauté qui guide (les autres) sur la voie de la vérité et qui juge en toute équité. » (Coran : 7/181). Il s’agit donc de toute une communauté et non d’un certain nombre limité d’individus.
Tel est le sens de ce qui est prêché par le Prophète () dans le Hadith rapporté par une bonne vingtaine de ses compagnons et dans lequel Il dit: " Il restera un groupe de ma Communauté, établissant la justice et vainquant leurs ennemis, auxquels nul, parmi ceux qui leur tiendront front, ne pourra causer du tort — sauf à être trahis — jusqu’à ce que le Commandement d’Allah (le Jour du Jugement dernier) arrive alors que leur attitude demeurera inébranlable. " Il s’agit en fait de balises qui ne sauraient disparaître quelque soit l’épaisseur de l'obscurité et la noirceur de la nuit.
Ceci constitue sans nul doute un signe que la Jahiliya absolue ne saurait jamais prédominer la Oumma du Prophète Mohammed () sauf pendant une période limitée, celle précédant l’arrivée de l’Heure lorsque l’Islam s’effacera tels les traits des habits au point que les hommes en viennent à ignorer la prière, le jeûne, la charité et les rituels, comme indiqué dans les Sunan d’Ibn Majah et dans le Moustadraq d’Al-Hakem sur l’autorité de Houdhayfah avec une bonne chaîne de transmission.
Il s’agit - d'une part – d’un événement prédestiné et qui donc interviendra quoi qu’il en soit et quelque soit la réaction des sceptiques. Mais –d’autre part – il s’agit d’une injonction religieuse adressée à l’endroit de la Oumma pour que ce groupe réformateur émerge de son sein. C'est une injonction qui ressemble à celle contenue dans le verset (sens du verset): « Que se dresse, parmi vous, une communauté qui prêche le au bien, ordonne ce qui est convenable et proscrive ce qui est blâmable ; ceux-là seront les bienheureux. » (Coran : 3/104).
En conséquence, l’Oumma est légalement tenue de constituer cette communauté et de mettre à sa disposition les moyens susceptibles de l’aider à s’acquitter convenablement de sa tâche divine. S’agit-il seulement de rester conforme à la Vérité et accroché à la Sunna en actes et en paroles? Ou bien s’agit de quelque chose de plus ? Évidemment ... sa tâche est beaucoup plus grande et plus générale.
En effet le groupe qui est convaincu de la nécessité de se reformer lui-même tout en se limitant à cela sans jamais résister au mensonge ou le combattre est tout simplement appelé le groupe qui sera «sauvé», ayant évité le chemin des peuples voués à la ruine à cause de leur égarement. Mais ce groupe n'a pas été décrit par le Prophète () comme étant un groupe qui sera sain et sauf. La description qu’il en a faite () va beaucoup plus loin :"le groupe victorieux et manifeste ».
Il s’agit, premièrement, d’un groupe qui s’accroche à la Vérité et qui ne s’en départ jamais quelque soit les circonstances.
Deuxièmement, c’est un groupe "manifeste " donc non caché ou dissimulé, ni faible ou vaincu, ni craintif pour taire ou adultérer la vérité à laquelle il adhère.
Troisièmement, il est «victorieux» ce qui veut dire qu’il est a priori «militant» parce que la victoire n’est donnée qu’aux militants dans le domaine de la parole, du prêche et de l'épée.
Il est en première ligne dans la confrontation avec les chefs de file des sectes déviantes et des partisans des desseins destructeurs, c'est lui qui met à nu les astuces des conspirateurs défendeurs des suspicions et des plaisirs sensuels et qui, avec la patience, la foi et la certitude reçoit la victoire alors que ses dirigeants et ses responsables obtiennent l'Ordre de l’Imama « parce qu’ils étaient persévérants dans la voie de la vérité et profondément convaincus du message nous en avons fait des imams qui orientent les autres à la lumière de ce que nous avons fait descendre. » (Coran : 32/24)
Soufian Ath-Thawri (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : «C'est par la persévérance et la certitude qu'on accède au rang d’Imam (guide spirituel) dans la religion".
Si les dirigeants de cette communauté et ses leaders ne sont pas les oulémas que le Prophète () a décrits comme étant "les héritiers des prophètes», qui d'autres seront-ils alors?
Si l’héritage de la prophétie ne se réalise pas par les connaissances solides extraites du Coran et de la Sunna et de l’enseignement de ceux-ci aux autres ... de quel héritage parle- t- on alors? C'est la mission des oulémas divins et de ceux qui suivent leur voie « … mais soyez oulémas divins en étudiant et en enseignant le Livre » (Coran : 3/79).