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Blessé par les autres, comment faire face et guérir

Blessé par les autres, comment faire face et guérir

Quand j’étais enfant, je pensais que le monde était un lieu idéal. Le seul problème, c’est qu’il ne l’était pas. Je croyais que tout pouvait toujours être juste. Pour moi, cela signifiait que personne ne devrait jamais être lésé, et que si quelqu’un avait été lésé, justice devait être faite. Je me suis ardemment battu pour la manière dont je croyais que les choses devraient être. Mais dans ma lutte, j’ai négligé une vérité fondamentale concernant cette vie. Dans mon idéalisme enfantin, je n’ai pas compris que ce monde était naturellement imparfait. Nous, en tant qu’êtres humains, sommes, par nature, imparfaits. Par conséquent, nous sèmerons toujours la pagaille. Et ce faisant, nous blesserons inévitablement les autres, sciemment ou non, intentionnellement ou involontairement. Le monde n’est pas toujours juste.
Cela signifie-t-il que nous devions cesser de combattre l’injustice, ou renoncer à la vérité ? Bien sûr que non. Mais cela signifie que nous ne devons pas considérer ce monde et les autres, selon des normes utopiques. Certes ce n’est pas toujours facile.
Comment pouvons-nous vivre dans un monde si imparfait, où les gens nous laissent tomber, et où même notre propre famille peut nous briser le cœur ? Et peut-être est-ce ce qui est le plus difficile, comment apprendre à pardonner quand on a été lésé? Comment devenir fort sans être dur, et rester doux, sans être faible ? Quand devons-nous tenir bon et quand nous devons lâcher prise ? Quand le fait d’être trop affectueux devient excessif ? Et existe-t-il une telle notion que celle d’aimer plus que ce nous devrions ?

Pour commencer à trouver ces réponses, nous devons tout d’abord jeter un regard extérieur à notre propre vie. Nous avons besoin d’examiner si nous sommes les premiers ou les derniers à ressentir de la douleur et à être lésés. Nous avons besoin de regarder ceux qui nous ont précédés, d’étudier leurs luttes, et leurs victoires. Et nous avons besoin de reconnaître qu’on ne grandit jamais sans douleur, et que la réussite n’est que le résultat de la lutte. Cette lutte comprend presque toujours le fait de résister aux torts infligés par les autres et de les surmonter.
En se souvenant des exemples brillants de nos prophètes ’Alaihim Assalam, nous nous rappellerons que notre souffrance n’est pas une exception. Rappelez-vous du prophète Nouh (Noé), ’, qui fut maltraité par son peuple pendant 950 ans. Le Coran nous dit (sens du verset) :
« Avant eux, le peuple de Noé avait déjà crié au mensonge, traitant Notre serviteur d'imposteur, de possédé et le repoussant brutalement. » (Coran 54/9)
Noé fut tellement maltraité que finalement (sens du verset) : « Et Noé implora son Seigneur en ces termes : «Je n'en puis plus ! Viens au secours de Ta religion !»(Coran 54/10)
Ou encore, nous pouvons nous rappeler comment le Prophète Mohammed () fut criblé de pierres, jusqu’à ce qu’il saigne, et comment ses Compagnons furent battus et affamés. Tous ces torts furent infligés par les autres. Même les anges ont compris cet aspect de la nature humaine- avant même que l’on ne soit créé. Quand Allah, exalté soit-Il, a dit aux anges qu’Il allait créer l’humanité, leur première question a été à propos de ce potentiel nuisible chez les humains. Allah, exalté soit-Il, nous dit (sens du verset) :

« Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges: «Je vais établir sur la terre un vicaire «Khalifa». Ils dirent: «Vas-Tu y désigner quelqu’un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier?» - Il dit: «En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas!». » (Coran 2/30)
Ce potentiel des êtres humains à commettre des crimes horribles les uns envers les autres est une triste réalité de cette vie. Et pourtant, nombre d’entre nous sont tellement bénis. La plupart d’entre nous n’ont pas eu à faire face au type de malheurs que d’autres ont enduré à travers les âges. La plupart d’entre nous n’aurons jamais à regarder les membres de leur famille en train d’être torturés ou tués. Et pourtant, peu d’entre nous peuvent dire qu’ils n’ont jamais été blessés, sous une forme ou une autre, par autrui. Ainsi, même si la plupart d’entre nous ne connaîtrons jamais le sentiment de mourir de faim ou de rester impuissant alors que leurs maisons sont détruites, la plupart d’entre nous savent ce que c’est que de de pleurer, le cœur blessé.
Est-il possible d’éviter cela ? Je pense que c’est possible, dans une certaine mesure. Nous ne pourrons jamais éviter la douleur, mais en ajustant nos attentes, nos réactions et en réorientant nos préoccupations, nous pouvons éviter beaucoup de dégâts. Par exemple, le fait de mettre notre entière confiance, dépendance, et espoir en une autre personne, est irréaliste et tout simplement stupide. Nous devons nous rappeler que les humains sont faillibles et par conséquent, notre confiance, dépendance et espoir absolus ne devraient être placés qu’en Allah, exalté soit-Il. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l'erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l'anse la plus solide, sans crainte de rupture. Allah est Celui qui entend tout et sait tout » (Coran 2/256)
Savoir qu’Allah, exalté soit-Il, est le Seul soutien qui ne fait jamais défaut nous sauvera de tant de déceptions inutiles.
Et pourtant, nous ne voulons pas dire que nous ne devrions pas aimer ou que nous devrions aimer moins. C’est la manière dont nous aimons qui est importante. Rien ne devrait être l’objet ultime de notre amour sauf Allah, exalté soit-Il. Rien ne devrait être plus important qu’Allah, exalté soit-Il, dans nos cœurs. Et nous ne devrions jamais en arriver au point d’aimer quelque chose (ou quelqu’un) d’autre qu’Allah, exalté soit-Il, d’une telle manière qu’il nous soit impossible de vivre sans lui. Cette sorte d’amour n’est pas de l’amour, mais c’est en fait de l’adoration et elle ne cause rien d’autre que de la douleur.
Mais que faire si, après avoir réalisé cela, nous sommes tout de même blessés ou lésés par les autres- ce qui arrivera inévitablement ? Comment pouvons-nous apprendre à recoudre nos cicatrices et continuer à être bons envers les gens, même quand ils ne sont pas bons envers nous ?
L’histoire de Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait reflète exactement cela. Après que sa fille 'A’icha, qu'Allah soit satisfait d’elle, fut calomniée de la pire des manières, Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, se rendit compte que l’homme qui avait lancé la rumeur était Mistah, un cousin qu’Abou Bakr entretenait financièrement. Naturellement, Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, arrêta de versait l’aumône qu’il donnait au calomniateur. Aussitôt après, Allah, exalté soit-Il, révéla le verset suivant (sens du verset) :

« Et que les détenteurs de richesse et d’aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire des dons aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le sentier d’Allah. Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous pas qu’Allah vous pardonne? Et Allah est Absoluteur et Miséricordieux! » (Coran 24/22)
Après avoir entendu ce verset, Abou Bakr opta pour le pardon d’Allah, exalté soit-Il, et ainsi il ne se remit pas uniquement à reverser l’argent à l’homme, mais il lui en donna plus.
Cette sorte de pardon est au cœur même du fait d’être croyant. En décrivant ces croyants, Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « qui évitent [de commettre] les péchés les plus graves ainsi que les turpitudes, et qui pardonnent après s’être mis en colère, » (Coran 42/37)
La capacité de pardonner facilement devrait être poussée par une conscience de nos propres défauts et erreurs envers les autres. Mais par-dessus tout, notre modestie devrait être poussée par le fait que nous commettons des fautes envers Allah, exalté soit-Il, chaque jour de nos vies quand nous péchons. Qui sommes-nous face à Allah, exalté soit-Il ? Et pourtant, Allah, exalté soit-Il, le Maître de l’Univers, pardonne de nuit et de jour. Qui sommes-nous pour ne pas pardonner ? Si nous souhaitons être pardonnés par Allah, exalté soit-Il, comment ne pouvons-nous pas pardonner aux autres ? C’est pour cette raison que le Prophète () nous a appris que : « Ceux qui ne se montrent pas miséricordieux envers les autres, n’auront pas droit à la miséricorde d’Allah » (Mouslim)
Cet espoir d’obtenir la miséricorde d’Allah, exalté soit-Il, devrait motiver notre propre désir de pardonner, et d’entrer, un jour, dans le seul monde qui est vraiment parfait.

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