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Vivre avec des membres de sa famille dans le même domicile

Vivre avec des membres de sa famille dans le même domicile

Ne considérez pas votre domicile comme un territoire mais plutôt comme un effort de groupe où chacun a un rôle à jouer. Par Michelle Nasr.
D’après Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, le Messager d’Allah () a dit :
« Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou alors qu'il se taise. Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier traite bien son voisin. Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier traite généreusement son hôte. » (Boukhari)
Vivre avec des proches parents que ce soient les beaux-parents ou un autre proche est une chose que nombre d’entre nous auront à vivre à un moment ou un autre de notre vie. Parfois, il s’agit uniquement de visites courtes de la part d’un cousin ou de notre belle-famille ; et parfois, il peut s’agir d’une visite plus longue. Mais quel que soit le cas, il existe des moyens pour que nous puissions gérer les problèmes fréquents qui peuvent surgir quand on vit dans un espace confiné avec nos proches parents, et il existe des méthodes que nous pouvons utiliser pour préserver ces relations importantes, malgré les problèmes.
Le fait est que nos proches parents ont des droits sur nous, plus particulièrement les père et mère (sens du verset) :
« Et ton Seigneur a décrété : « N’adorez que Lui ; et (marquez) de la bonté envers les père et mère : si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : « Fi ! » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. Et par miséricorde, abaisse pour eux l’aile de l’humilité, et dis : « Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit ». Votre Seigneur connaît mieux ce qu’il y a dans vos âmes. Si vous êtes bons, Il est certes Absoluteur pour ceux qui Lui reviennent se repentant. « Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment » (Coran 17/23-26).
Vous faites peut être partie de ceux qui aiment beaucoup leur beaux-parents ou proches parents, mais même ceux d’entre nous qui sont très affectueux ont des limites quant au degré de contrôle qu’ils sont prêts à céder chez eux. Il s’agit certainement d’un test pour notre patience, et pour la plupart, il peut également s’agir d’une épreuve terrible pour leur mariage. Mais comme l’ancien adage le dit : « Quand on veut on peut. » et il existe vraiment des techniques pour gérer les situations sans marcher sur les plates-bandes de quiconque ou provoquer de la rancune, si vous avez la volonté de le faire. Gardez à l’esprit que vous allez avoir besoin d’une volonté de fer.


Se détacher de l’idéal
Avant le mariage ou même après, chacun d’entre nous maintient dans son esprit l’image du mariage idéal. Personne ne rêve d’une tierce personne entrant en scène - exception faite de ses propres enfants. Donc lorsqu’un proche parent s’installe chez nous, nous nous retrouvons dans une situation qui n’est pas idéale, et perdre notre idéal peut représenter un vrai choc et une déception. Une fois que nous nous rendons compte qu’un bon nombre de nos sentiments négatifs sont le résultat de cette déception et de la perte de notre foyer idéal, il devient plus facile de faire face parfois, avec la volonté d’Allah, exalté soit-Il, à presque toutes les rancœurs que nous pouvons ressentir. Quoiqu’au début, nous pouvons même être en colère devant une telle situation, si elle est inévitable, nous devons la gérer du mieux que nous pouvons.
Nous pouvons nous rappeler les paroles d’Allah, exalté soit-Il, au sujet de ceux qui donnent la charité et qui évitent la colère (sens du verset) : « qui dépensent dans l’aisance et dans l’adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Allah aime les bienfaisants » (Coran 3/134)
Parce que le problème ici se réduit à un seul point : le devoir. Nos obligations envers les parents, cette responsabilité s’applique plus particulièrement au fils envers ses parents, et aucun autre proche parent n’a le même statut ; à l’exception du cas de l’obligation du frère de se soucier du bien-être de sa sœur si elle n’est pas mariée et qu’aucun parent ne peut la prendre en charge. Il faut comprendre que ceci est une obligation et non une option, dans notre religion. Quand vous considérez la situation sous cet angle, elle devient plus facile à accepter.
Djarîr, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit : « Celui qui est dépourvu de bonté est en fait dépourvu du bien. » (Mouslim)
Bien qu’il puisse être très difficile de le faire au moment où vous pleurez la perte de votre idéal, essayez de porter un regard de compassion sur leur situation (celle de ces proches). Gardez à l’esprit qu’ils ont eux aussi dû se défaire de leur indépendance et de leur vie privée à cause de leur âge avancé. Comprenez également qu’ils n’ont peut-être pas d’autre choix, étant âgés, que de résider avec vous. Ainsi tout le monde est dans le même bateau, et a perdu son intimité, sa liberté et ses idéaux.

L’intimité

Les problèmes d’intimité sont inévitables. Des sœurs parmi nous ont vu leurs affaires personnelles (jusqu’à leurs articles de toilettes) fouillées par une belle-mère trop curieuse. Ce genre d’incidents a lieu la plupart du temps. Vous devez établir des lois et instaurer immédiatement certaines règles au sein du foyer quand il s’agit de vie privée, sinon vous pourriez le regretter plus tard. Vous devez être assurée que vous avez le droit d’avoir des endroits personnels et privés chez vous - et qui plus est, d’un point de vue islamique, il est de votre droit d’avoir des moments privés avec votre époux sans avoir peur d’être interrompus.
Allah, exalté soit-Il, a clairement mentionné qu’il existe des moments de la journée pendant lesquels un couple doit pouvoir avoir de l’intimité (sens du verset) :

« Ô vous qui avez-cru ! Que les esclaves que vous possédez vous demandent permission avant d’entrer, ainsi que ceux des vôtres qui n’ont pas encore atteint la puberté, à trois moments : avant la Ṣalât de l’aube, à midi quand vous enlevez vos vêtements, ainsi qu’après la Salât de la nuit; trois occasions de vous dévêtir. En dehors de ces moments, nul reproche ni à vous ni à eux d’aller et venir, les uns chez les autres. C’est ainsi qu’Allah vous expose clairement Ses versets, et Allah est Omniscient et Sage. » (Coran 24/58)

Et bien que le verset susmentionné indique 'ceux des vôtres qui n’ont pas encore atteint la puberté’, il s’applique à tout le monde, comme cela est mentionné plus loin ‘trois occasions de vous dévêtir’, il est clair que ces périodes privées ne doivent pas être enfreintes.
Evidemment, quand il s’agit de toute autre chose, il existe une limite à ce que vous pouvez faire au sujet des proches qui aiment s’ingérer dans vos affaires personnelles, mais vous pouvez essayer d’établir des limites. Une sœur dont les effets personnels ont été saccagés et fouillés a eu un entretien avec sa belle-mère et lui a expliqué qu’il s’agissait de ses affaires personnelles et qu’à moins qu’il s’agissait de quelque chose d’illicite, ces limites ne devaient pas être dépassées. Elle a gardé de bonnes relations avec sa belle-mère et a été également capable d’établir certaines règles de base pour pouvoir vivre ensemble en paix et en ayant une certaine vie privée. Elle l’a fait en douceur, avec le sourire, et elle en a informé son mari qui a également parlé à sa mère, au sujet de l’importance d’avoir une certaine intimité avec sa femme, au cours d’une conversation où il lui a suggéré de se mettre à la place de son épouse. L’incident ne s’est plus jamais reproduit. Faisant équipe, entre mari et femme, le message était plus efficace, mais loin d’être irrespectueux et dur.

Les problèmes de vie privée sont probablement les aspects les plus difficiles à gérer avec quelqu’un qui emménage chez vous. Il sera plus difficile de s’habituer à la perte de l’intimité plus particulièrement si vous n’êtes pas très sociable. Quoi qu’il en soit, même si vous êtes à l’aise en compagnie d’autrui tout le temps, ce sera difficile car votre foyer est votre lieu de réconfort et votre refuge pour vous éloigner de tout.
Safwân ibn Sâlim, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit :

« Celui qui prend en charge une veuve ou travaille pour elle ou pour un pauvre, est comme un combattant sur le sentier d’Allah ou comme une personne qui jeûne pendant la journée et prie pendant toute la nuit. » (Boukhari)

Les différends et le maintien de la paix
Il n’y a aucun doute que si les gens qui ne font pas partie de nos plus proches parents viennent à habiter chez nous, de nombreux différends surgiront, au sujet de tout, de l’éducation des enfants aux menus à qui va préparer le dîner. Pendant les moments difficiles, nous devons garder notre patience et nous concentrer sur les sages paroles du Prophète (). Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit :
« L’homme fort n’est pas celui qui se bat bien. L'homme fort est celui qui sait dominer sa rage. » (Mouslim)
Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, a également rapporté qu’une personne a dit au Prophète () : « Ô Messager d’Allah, j’ai des parents avec lesquels j’essaie de maintenir les liens de parenté mais ils rompent (cette relation). Je les traite bien, mais ils me traitent mal. Je suis doux avec eux mais ils sont durs envers moi. » Suite à cela le Prophète () a dit :

«S’il en est ainsi, c’est comme si tu leur donnes à avaler de la cendre chaude. Et tant que tu te comportes avec eux de la sorte, Allah ne te privera pas de Son soutien. » (Mouslim)

Prenons quelques exemples où une belle-mère s’installe chez le couple, qui est probablement le cas de proches parents le plus difficile à gérer pour les belles-filles. Ce serait une bonne idée de consacrer certaines journées particulières à votre belle-mère pour qu’elle se sente plus chez elle. Une journée où vous sortirez avec elle et lui ferez faire ce qu’elle aime, comme rendre visite à des gens qu’elle connaît ou faire du shopping dans les magasins qu’elle préfère. Ceci peut aider à la mettre à l’aise et vous rapprocher d’elle incha Allah. De même, quand elle veut cuisiner, considérez la journée comme votre jour de congé et non pas une invasion de votre cuisine. Ne considérez pas votre domicile comme un territoire mais plutôt un effort de groupe où chacun a un rôle à jouer. Quand votre belle-mère veut discipliner les enfants, au lieu de critiquer sa façon de faire (tant qu’elle ne leur cause pas de tort), vous pouvez sortir et faire des courses seule. Ceci lui donnera le temps d’être seule à seule avec ses petits-enfants, et lui permettra de se rapprocher d’eux. Si elle se plaint de la manière de faire la vaisselle ou d’autre chose, permettez-lui avec courtoisie de vous montrer sa manière de faire. Vous n’arriverez à rien en lui disant qu’elle ne sait ce qu’elle fait ou qu’elle a tort, sauf à envenimer la situation. Elle se sentira insultée d’être réprimandée comme une enfant - rappelez-vous qu’elle est la plus âgée.
C’est difficile, car nous avons tous notre propre manière de faire les choses, plus particulièrement ceux parmi nous qui sont plus âgés. Il n’est pas étonnant que les personnes âgées s’irritent si, après toutes ces années, elles ne peuvent plus faire les choses comme elles ont eu l’habitude de le faire pendant toute leur vie et qu’elles sont forcées de vivre selon les habitudes de quelqu’un d’autre. La manière dont ils ont l’habitude de faire les choses -toutes les choses- fait partie de leur identité et de leur indépendance. Permettez-leur de temps en temps de prendre les rênes de la maison, et considérez cela simplement comme une expérience d’apprentissage et une pause.
Et rappelez-vous de ce qu’Allah, exalté soit-Il, dit au sujet de la bienfaisance envers les parents quand ils deviennent vieux (sens du verset) :
« Et Nous avons enjoint à l’homme de la bonté envers ses père et mère: sa mère l’a péniblement porté et en a péniblement accouché ; et sa gestation et sevrage durent trente mois ; puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit : « Ô Seigneur ! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m’as comblé ainsi qu’à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine. Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis». Ce sont ceux-là dont Nous acceptons le meilleur de ce qu’ils œuvrent et passons sur leurs méfaits, (ils seront) parmi les gens du Paradis, selon la promesse véridique qui leur était faite […] » (Coran 46/15-17)

Comme ce dernier verset est extraordinaire ! ‘Ils seront (ceux qui sont bienfaisants et bons envers les parents) parmi les gens du Paradis, selon la promesse véridique qui leur a été faite […]’. Ceci est votre billet pour le Paradis. Il se peut que ce ne soit pas le sentier le plus facile, mais soyez en sûrs - c’est une promesse de vérité et elle vous mènera là où vous désirez vous rendre. Vous-rappelez-vous de cet idéal que vous avez au sujet du mariage et de la vie ? Jetez-le par la fenêtre, car la vraie vie éternelle de paix et de bonheur au Paradis est meilleure que tout autre rêve idyllique jamais imaginé ; et lorsque vous prenez en compte les circonstances et le résultat - le fait de vous soucier de vos beaux-parents est-il un investissement si coûteux à faire en comparaison avec la promesse d’un résultat si magnifique et éternel ?

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