Situation conflictuelle avec un directeur

4-1-2018 | IslamWeb

Question:

Je suis médecin et je travaille dans un hôpital gouvernemental où sont employés d’autres médecins musulmans et non musulmans de différentes nationalités. Je fais ce travail depuis maintenant un an et demi et j’ai un directeur musulman qui me traite bien, jusqu’à présent. Le problème est qu’il ennuit mes collègues musulmans s’ils s’opposent à ses points de vue. Il abuse de sa fonction de directeur de l’unité dans laquelle nous travaillons pour leur mettre les bâtons dans les roues. Grâce à Allah, exalté soit-Il, j’étais le seul à lui dire que ce qu’il faisait ne convient pas.
En dépit de mes critiques, nous avons gardé de bonnes relations, peut-être parce qu’il craint ma colère. Je m’emporte très rapidement, et je perds alors complètement le contrôle sur moi-même. J’ai pris l’habitude de faire de mon mieux pour satisfaire Allah, exalté soit-Il. C’est pourquoi je suis très tolérant, et quand l’un de mes coreligionnaires me fait du mal ou me trompe, je lui pardonne, bien que je sois capable de me venger, Je me persuade qu’il est mon frère et que je dois laisser passer pour la fraternité. Mais s’il en fait trop, je deviens furieux et je ne parviens plus à me contrôler.
Il y a deux semaines, j’ai discuté avec mon directeur et je l’ai, comme d’habitude, critiqué. Il a reconnu avoir commis des fautes et nous nous sommes séparés en bons frères. Mais depuis ce jour là, son comportement a changé avec moi. Il s’est retourné contre moi et a commencé à nouer des amitiés avec les autres, envers qui il était bien désagréable auparavant. Grâce à Allah, ma relation avec tous mes collègues est bonne. Quant à lui, je n’ai jamais adopté d’attitude agressive face à son comportement.
Il avait l’habitude auparavant de qualifier d’hypocrite l’un de nos collègues les plus respectueux et les plus vertueux. Il le faisait même en présence des autres collègues, mais cela n’a jamais dévalorisé ou déshonoré ce frère qui est toujours resté décent. Mais aujourd’hui, celui qu’il traitait autrefois d’hypocrite est devenu son meilleur ami.
Conseillez-moi, qu’est-ce que je dois faire avec cet homme, à la lumère du Coran et de la sunna ? Est-ce que je dois continuer à lui pardonner, tout en m’en remettant à Allah, exalté soit-Il, ou est-ce que je dois lui apprendre une leçon inoubliable comme j’ai envie de faire ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

 

Qu’Allah, exalté soit-Il, vous accorde la meilleure récompense pour votre bienséance et votre éloignement des vices. Sachez que votre clémence, votre pardon, et votre magnanimité envers votre directeur sont des vertus auxquelles vous devez vous attacher. Ces vertus sont susceptibles, avec la volonté d’Allah, exalté soit-Il, d’améliorer votre relation avec lui, même après un certain temps. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

 

« La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n’est donné qu’à ceux qui endurent et il n’est donné qu’au possesseur d’une grâce infinie » (Coran 41/34-35).

 

Sachez qu’Allah, exalté soit-Il, promet à ceux qui pardonnent à leurs frères leurs peccadilles la meilleure récompense (sens des versets) :

 

·        « Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous pas qu’Allah vous pardonne ? et Allah est Pardonneur et Miséricordieux ! » (Coran 24/22) ;

 

·        « La sanction d’une mauvaise action est une mauvaise action [une peine] identique. Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire incombe à Allah. Il n’aime point les injustes ! » (Coran 42/40) ;

 

·        « Et celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires » (Coran 42/43).

 

Allah, exalté soit-Il, décrit les pieux en disant (sens du verset) : « Qui dominent leur rage et pardonnent à autrui – car Allah aime les bienfaisants » (Coran 3/134).

 

Et le Prophète () a évoqué le mérite de la clémence en disant :

 

« L’aumône ne diminue pas l’argent ; Allah, exalté soit-Il, n’accorde à Son serviteur qui pardonne aux autres que plus de noblesse. Et quiconque agit avec modestie, Allah élèvera son rang » (Mouslim).

 

Vous devez continuer à conseiller votre directeur en respectant les règles islamiques de bonne conduite. L’Islam nous appelle à choisir les meilleures paroles, car la bonne parole est une aumône. Evitez de conseiller votre directeur en public, car celui qui conseille quelqu’un à l’abri des regards le conseille et l’honore, alors que celui qui conseille quelqu’un en public le dénigre et le diffame. Vous devez également choisir les meilleurs moyens pour le conseiller. Par exemple, vous pouvez lui offrir des CD ou des livres qui parlent du péché d’attaquer les musulmans dans leur honneur et de la bassesse de l’injustice. Vous pouvez aussi demander à l’imam de la mosquée dans laquelle votre directeur fait sa prière de parler de ces vices dans le sermon du vendredi, entre autres moyens.

 

Par ailleurs, vous devez vous contrôler, car d’après Abû Hurayrah, , un homme vint dire un jour au Prophète () : « Conseille-moi ». « Ne te mets pas en colère », répondit-il. L’homme répéta la question plusieurs fois et le Prophète () de lui répondre à chaque fois : « Ne mets pas en colère » (Boukhari). Lorsqu’on s’emporte en effet, on ne parvient pas à se maîtriser et on peut commettre des actes qu’on regrettera par la suite.

 

Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous aider, vous et nous, à accomplir ce qu’Il aime et agrée.

 

Et Allah sait mieux.

www.islamweb.net