Louanges à Allah Seigneur de l’univers, qu’Allah accorde Sa paix et Sa bénédiction à notre Prophète Muhammad, ainsi qu’à sa famille et à ses Compagnons.
Un des bienfaits et des dons éminents qu’Allah, exalté soit-Il, nous a accordés est de faire de notre credo et de notre Charia un des piliers essentiels sur lesquels se base l’éducation de l’âme, sa réforme et sa promotion vers les rangs de la perfection. La foi en Allah suffit pour enraciner dans l’âme la crainte de notre Seigneur, exalté soit-Il, et ressentir Sa grandeur et Son éminence. La foi en les Anges nous apprend l’auto surveillance. La méditation sur les plus beaux Noms et les Attributs sublimes d’Allah, exalté soit-Il, fait ressentir la proximité de Celui qui entend tout (al-Samî`), qui sait tout (al-`Alîm), le Parfaitement Connaisseur (al-Khabîr). Lumière, splendeur et honneur se conjuguent dans une série de sens que nous inspirent les Noms et les attributs d’Allah, le Grand, le Très Haut ; lesquels méritent bien que les oulémas se consacrent à les étudier et à les méditer.
Quant à la noble Charia, elle a le même effet sublime que le credo :
– la prière préserve contre la turpitude et le blâmable et habitue à la discipline et au perfectionnisme.
– La Zakât apprend à donner généreusement et à se purifier l’âme.
– Le jeûne apprend la patience sous toutes ses formes et unifie les sentiments des gens dans un état sans pareil.
Cet effet est commun à toutes les pratiques cultuelles, mais il est plus manifeste dans un culte éminent que les prophètes et les gens vertueux ont accompli successivement et auquel les musulmans ne cesseront d’aspirer avec ardeur et nostalgie jusqu’à ce que l’ordre d’Allah, exalté soit-Il, se réalise. Ce culte est le Hadj qui offre au serviteur d’Allah l’opportunité de se purifier de ses péchés et de ses méfaits en redevenant tel qu'il était le jour où sa mère l'a enfanté, comme le confirme le hadith sahîh du Prophète () à ce sujet.
Citons, parmi les effets éducatifs du Hadj au niveau de l’individu et de la communauté, ce qui suit :
1. Enraciner et raffermir le credo du Tawhîd dans les âmes :
C’est ainsi que se réalise l’Ikhlâs, la première condition à remplir pour qu’Allah, exalté soit-Il, accepte notre culte, c’est que le Hadj doit être exclusivement voué à Allah, exalté soit-Il, tel que le confirme Ses paroles (sens des versets) :
• « Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et la ‘Umra » (Coran 2/196)
• « Abstenez-vous de la souillure des idoles et abstenez-vous des paroles mensongères. (Soyez) exclusivement [acquis à la religion] d’Allah ne Lui associez rien » (Coran 22/30-31)
Ceci se manifeste de même dans la Talbiya, le slogan du Hadj, par lequel le pèlerin proclame solennellement que son Hadj est voué exclusivement à Allah, exalté soit-Il, en disant :
« Labbayka-Allahumma labbayk, labbayka lâ charîka laka labbayk, Inna al-hamda wanni'mata laka wal-mulk, lâ charîka lak »
(Me voici, ô Allah ! Me voici, ô Toi qui n’as pas d’associé. Certes les louanges, les biens, la royauté T’appartiennent, Tu es sans associé)
2. Suivre tous le même modèle :
Telle est la seconde condition à remplir pour que le culte soit correctement accompli et obtienne l’agrément d’Allah, exalté soit-Il. Le modèle unique à suivre est certes celui du Prophète () au niveau de ses paroles, ses actions et ses approbations. C’est ainsi que le serviteur d’Allah proclame l’unicité du modèle à suivre, et parvient à s’affranchir du polythéisme qui risque d’entacher son obéissance, à se sauver de la tentation des bid'a-s et à s’arracher au joug des habitudes et des passions, car c’est uniquement du Prophète () qu’il faut apprendre les rites à accomplir.
3. Désavouer et contredire les polythéistes :
Cela constitue en fait une des consignes de la Charia, car le Prophète () s’est démarqué des polythéistes en maintes circonstances au cours du Hadj, comme le fait de formuler l’intention d’effectuer une 'Umra au cours des mois du Hadj, de proclamer la Talbiya, de faire halte à `Arafat et de dévaler de Muzdalifa.
Si seulement l’on apprenait de cela ce qu’est l’honneur, et comment désavouer les polythéistes et s’abstenir de les imiter au lieu de suivre l’exemple de nombre de musulmans, lesquels prennent à la légère le danger de l’ennemi envahisseur et se laissent dominer par le désir d’imiter ses pires hommes et femmes dans des choses qui, au mieux, n’apportent aucun profit ! Que dire alors s’ils imitent leurs actes répréhensibles et leurs mauvaises mœurs ?!
4. Exalter les injonctions sacrées d’Allah :
Tel est l’un des objectifs les plus éminents du Hadj, car l’éducation du serviteur d’Allah, exalté soit-Il, consiste à honorer les rites sacrés d’Allah, à les vénérer, à les aimer, à faire preuve de générosité vis-à-vis de leurs pratiquants, à avoir des scrupules à les transgresser, à montrer davantage de vénération et de soumission en se découvrant la tête (pour les hommes). Allah, exalté soit-Il, dit à ce sujet (sens du verset) : « Voilà [ce qui est prescrit]. Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs » (Coran 22/32).
5. Apprendre les bonnes mœurs et les qualités louables :
Parmi ces bonnes mœurs, figurent la chasteté, la domination de la colère et l’abandon des disputes tel que l’indique Allah, le Très Haut, par Sa parole (sens du verset) : « Le pèlerinage a lieu dans des mois connus. Si l’on se décide de l’accomplir, alors point de rapport sexuel, point de perversité, point de dispute pendant le pèlerinage » (Coran 2/197).
Il est à noter que le mot du verset, « al-rafath » traduit par « rapport sexuel » s’étend pour englober également les préliminaires de ce rapport qu’il s’agisse de paroles ou d’actes.
Quant à la « dispute », elle se définit dans ce contexte par la polémique qui mène à susciter la colère des deux parties.
L’apprentissage des bonnes mœurs se manifeste également dans la douceur, l’indulgence et la sérénité. En effet, le Prophète () entendant derrière lui une violente bousculade lors du dévalement de Muzdalifa, dit à ses Compagnons : « Ô gens ! Faites les choses avec sérénité, car le bien ne vient jamais avec la précipitation ».
L’apprentissage des bonnes mœurs se manifeste de même dans l’abnégation en affranchissant son âme de ses chaînes mondaines et en se mêlant à la foule à tous les niveaux : l’habillement, la devise, le déplacement et l’acte.
L’apprentissage des bonnes mœurs englobe également la modestie là où personne n’est privilégié, et où aucun pèlerin n’est préféré à un autre au niveau des questions religieuses : les piliers du Hadj ainsi que ses rites obligatoires et surérogatoires sont pareils pour tout le monde.
Cette éducation embrasse également la patience sous toutes ses formes : patience dans l’effort d’obéissance à Allah, exalté soit-Il ; patience en s’abstenant de Lui désobéir notamment dans l’encombrement et la foule ; et patience du pèlerin face au destin qu’Allah, exalté soit-Il, lui a réservé.
Cette éducation englobe aussi la générosité et la libéralité, car le Hadj est un culte qui s’effectue en faisant des investissements aussi bien physiques que financiers. Lors de l’accomplissement des rites, les sentiments s’affinent et l’on voit le riche dépenser de son argent pour abreuver les pèlerins, dissiper leurs soucis et satisfaire leurs besoins.
Cette éducation se manifeste enfin dans le sentiment de fraternité, d’amour, d’harmonie et de sacrifice de soi, notamment lorsque le pèlerin se trouve entouré de ses compagnons et de ses amis.
6. Apprendre à assumer les conséquences de ses erreurs :
Ceci se manifeste clairement dans l’obligation d’effectuer une fidya (rachat expiatoire) qui incombe à quiconque commet un des interdits de l’ihrâm (état de consécration rituelle) ou abandonne une de ses obligations. Il est indubitable que le sens de la responsabilité est un signe de la maturité et de la perfection humaine, ce qui constitue en soi un des objectifs de l’éducation.
7. Rappeler le Jour du Jugement Dernier :
Le pèlerin vit ces moments plusieurs fois au cours du Hadj :
– lorsqu’il quitte son pays et se sépare des siens : cela lui rappelle la séparation qui aura lieu en quittant la vie ici-bas ;
– lorsqu’il met des vêtements non cousus et abandonne toutes sortes d’atours : cela lui rappelle le linceul et la sortie des serviteurs d’Allah de leurs tombes sans vêtements, pieds nus et incirconcis ;
– le voyage, la fatigue, la foule, la soif et la transpiration rappellent la situation sur le lieu de la Résurrection et le moment où tous les serviteurs d’Allah seront ressuscités.
8. Apprendre à se soumettre et à se plier à l’ordre d’Allah, le Très Haut, et à lutter contre les passions de l’âme :
Cela se fait en préférant l’amour d’Allah et la recherche de Son agrément aux désirs et passions de l’âme. Cela donne accès à un rang plus élevé et plus privilégié où le serviteur n’aime et ne recherche que ce qui plaît à Allah. C’est alors que le musulman atteint un degré éminent et honorable par la grâce et le succès que lui accorde Allah, exalté soit-Il.
9. Approfondir le sentiment de fraternité basée sur la foi et d’unité islamique :
Le Hadj est un grand congrès islamique mondial où se réalise l’union au niveau de la source dans laquelle les rites sont puisés, de l’intention du cœur, de l’action des membres du corps, du temps, du lieu, de l’habillement, du dhikr, et des rites. Les différences de langue, de couleur et de pays qui séparent les musulmans disparaissent dans un état qui est l’état originel abandonné ; et ce n’est qu’à Allah, exalté soit-Il, que l’on se plaint.
10. Lier les pèlerins à leurs pieux ancêtres :
L’essence même des rites du Hadj rappelle l’histoire de notre père Ibrâhîm (Abraham) (Alaihi Assalâm) et son voyage avec son épouse Hadjar et leur nouveau-né Ismaïl (Alaihi Assalâm) à destination de La Mecque et les péripéties de ce voyage. Ceci rappelle de même l’histoire des autres Prophètes et Messagers d’Allah (Alaihim Assalâm) jusqu’à arriver au Hadj d’adieu avec le meilleur et le dernier des Messagers d’Allah (). L’on se rappelle ensuite le modèle des Compagnons, des Tâbi'în, des oulémas et des gens vertueux jusqu’à nos jours. Nombreux sont les enseignements et les morales à tirer de la vie de ces grands hommes et nombreux sont ceux qui, parmi eux, sont à prendre comme modèle à suivre.
11. Multiplier le dhikr d’Allah, le Très Haut :
Le Hadj est un rite qui abonde en dhikr, ce qui lui confère davantage d’éminence et de splendeur. Allah, exalté soit-Il, dit à ce sujet (sens du verset) : « Invoquez Allah, à al-Mach'ar al-Harâm (al-Muzdalifa) » (Coran 2/198).
Le Prophète () l’a confirmé par son hadith : « Le Tawâf, le Sa’î entre Safâ et Marwa et la lapidation des stèles furent prescrits pour l’évocation d’Allah, exalté soit-il, sur terre ».
12. S’habituer à l’ordre et à la discipline :
Les rites suivent un certain ordre et un système qui ne doivent aucunement être ébranlés. Nombreux sont ceux qui voient leur caractère capricieux et instable se corriger par le Hadj.
13. Assurer une éducation basée sur la foi :
Cette éducation se manifeste dans la répugnance de la désobéissance à Allah, exalté soit-Il, et le refus de commettre les péchés tel que l’indique Allah, exalté soit-Il, par Sa parole : « Le pèlerinage a lieu dans des mois connus » (Coran 2/197).
Cette éducation englobe également l’effort dépensé avec zèle pour accomplir des actes d’obéissance et bien exploiter le temps. Tel est ce qu’Allah, exalté soit-Il, indique par Sa parole (sens du verset): « Et le bien que vous faites, Allah le sait » (Coran 2/197)
Cette éducation se manifeste également dans le fait d’invoquer Allah, d’implorer Son aide et de s’adresser à Lui. Le Prophète () a dit à cet égard : « La meilleure invocation est celle formulée le jour de ‘Arafat ».
En effet, au Hadj il y a six lieux qui sont, par la grâce d’Allah, privilégiés par le mérite de l’exaucement des invocations qui y sont faites, à savoir : le Tawâf ; Safâ et Marwa ; le jour de `Arafat ; al-Mach'ar al-Harâm ; après la lapidation de la stèle mineure puis de la stèle moyenne, sachant que le Hadj dans son ensemble est une occasion à saisir pour voir ses invocations exaucées, évoquer Allah et implorer Son pardon.
Cette éducation embrasse de même la bonne conduite à préserver même après le Hadj, ainsi que le souci de voir ses invocations exaucées et les registres de ses actes purifiés de tous les péchés. A ce sujet, al-Hasan al-Basrî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Le Hadj accompli avec piété consiste à ce que le pèlerin retourne chez lui en ayant renoncé à la vie d’ici-bas et en désirant l’Au-delà. Tel est ce dont témoigne la parole d’Allah, le Très Haut, (sens du verset) : ‘ Quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida encore plus et leur inspira leur piété’ (Coran 47/17) ».
14. Apprendre à l’âme à appeler les gens vers le sentier d’Allah, à prescrire le bien et à proscrire le mal :
Le regroupement des gens et l’ignorance de certains au niveau des consignes du Hadj est une occasion propice pour exhorter ces derniers, corriger leurs idées et réformer leur comportement. De même, l’existence de bid'a-s, de faits répréhensibles et peut-être d’actes entachés de polythéisme implique de prescrire le bien et de proscrire le mal. A ce sujet, Chudjâ' ibn al-Walîd, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « J’ai accompli le Hadj avec Abû Sufyân : sa langue ne cessait pas de prescrire le bien et de proscrire le mal, à l’aller comme au retour ».
15. Assurer l’éducation par l’ihrâm :
Lorsque le musulman s’interdit les plaisirs et les ornements de ce bas monde qu’Allah, exalté soit-Il, a rendus licites à celui qui n’est pas en état de consécration rituelle, quelle sera donc son attitude vis-à-vis des actes prohibés en permanence ?
Comment certains peuvent-ils se vautrer dans un acte dont le caractère illicite ne fait pas de doute alors qu’ils craignent de commettre un acte licite qui ne leur est interdit que temporairement ?
16. Assurer l’éducation par la Talbiya :
La Talbiya réalise en soi l’unification de l’objectif, assure la réponse à l’ordre d’Allah, exalté soit-Il, et proclame la promesse de Lui obéir et de contredire les polythéistes. Si tel est le cas de celui qui prononce la Talbiya une fois par an, pourquoi délaisse-t-il le dhikr quotidien ?
17. Apprendre à avoir une détermination sincère et une forte volonté :
Celui qui accomplit le Hadj a assujetti sa passion, vaincu son penchant pour le plaisir du repos et de la détente, et est parti accomplir une mission difficile, sans succomber à l’ennemi ni se laisser détourner par toute personne décourageante, notamment de nos jours où sont légions ceux qui veulent décourager par des arguments faibles et des illusions sans valeur.
18. Apprendre à s’arracher aux habitudes, à abandonner les désirs mondains et à changer son mode de vie :
L’habitude est ce à quoi l’on tient fermement comme la tranquillité et l’aisance. De même, les plaisirs mondains et les gens auxquels s’attache le cœur au détriment de son attachement à Allah, exalté soit-Il. Leur abandon ne se fait que par le fort attachement à l’objectif suprême de notre vie sur terre, à savoir l’obtention de l’agrément d’Allah, exalté soit-Il, et l’accès à son cher Paradis.
19. Le Hadj offre un entraînement pratique :
Le pèlerin est le seul responsable du parachèvement des rites de son Hadj. Il se peut qu’il se trouve au sein d’un voyage organisé ou en compagnie d’amis dont il se charge de certaines des affaires, trouvant ainsi l’occasion d’une application pratique et d’un entraînement intensif, qui ne lui étaient pas accessibles en dehors du Hadj.
20. Le Hadj forme à apprendre soi-même et à enseigner à autrui :
Le pèlerin apprend quels sont les rites et les interdits du Hadj. Il peut encore assister à un stage avant le Hadj ou poser des questions à un mufti durant le pèlerinage. L’on dit que poser la bonne question permet d’acquérir la moitié du savoir. Il peut de même assimiler les enseignements et les fatwas relatifs au Hadj si parfaitement qu’il finisse par devenir capable de les transmettre à autrui en tant que prédicateur et enseignant.
Qu’Allah nous facilite un Hadj accompli avec piété et des efforts louables et qu’Il pardonne nos péchés et nos erreurs, et Allah, le Très Haut, sait mieux.