Islam Web

  1. Fatwa
  2. Fikh desTransactions
  3. Le travail
Recherche Fatwas

Travailler en tant qu’infirmier : statut, mérites, règles de la mixité dans les hôpitaux

Question

Quel est le statut religieux d’exercer le métier d’infirmier pour un homme ? obligation de suffisance communautaire (Fard kifaya), c'est à dire que c'est une obligation qui concerne toute la communauté musulmane, mais si l’un de ses membres assume sa responsabilité, les autres en seront dispensés, et si personne ne l’entreprend la communauté tout entière sera fautive. NDT) ? Est-il possible qu’une telle activité puisse être considérée comme un acte d’obéissance à Allah ?
Et qu’en est-il si on est amené à regarder une femme qui n’est pas voilée sans avoir l’intention de le faire étant donné que les femmes travaillent dans le même service que nous. Lorsque nous circulons au sein du service, nous sommes amenés à nous mêler à des femmes et il arrive de se retrouver avec certaines d’entre elles même dans la chambre où on administre des médicaments aux patients ?
Quel est le statut de travailler dans de telles conditions ? Est-ce que délaisser un tel emploi d’infirmier est plus sûr pour la religion du fidèle ou commet-il un péché pour avoir délaissé ce qui relève d’une obligation solidaire puisqu’il n’y a pas d’homme pouvant apporter des soins infirmiers à d’autres hommes ?
Et pourquoi le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a-t-il autorisé à la dénommée Rafîda – qu’Allah soit satisfait d’elle et qu’Il la satisfasse – à donner des soins infirmiers à des hommes qui étaient blessés ?
Est-ce une dérogation faite aux femmes qui ont donc droit de soigner des hommes indiquant qu’il n’y a pas besoin que des hommes le fassent ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il n’échappe à personne que les gens ont besoin des sciences médicales et notamment des soins infirmiers et d’autres. Et tout ce dont les gens ont besoin en matière de savoirs et de métiers fait partie des obligations de suffisance communautaire (Fard kifaya).
Dans son ouvrage Ihyâ ‘Ulûm al-Dîn, Al-Ghazâlî a dit : « Les obligations de suffisance communautaire correspondent à tous les savoirs indispensables à la vie en société comme la médecine. C’est une nécessité et un besoin impérieux du corps pour subsister. Il en est de même des mathématiques, c’est une connaissance nécessaire pour assurer les transactions, partager les biens, les héritages et autres. S’ils ne disposaient pas de ces savoirs, les gens d’un pays se retrouveraient dans la gêne. Mais si une personne est en mesure de les prendre en charge, cela n’est plus obligatoire pour les autres.
Que l’on ne s’étonne pas de nos paroles au sujet du caractère d’obligation de suffisance communautaire de la médecine et des mathématiques. Les fondamentaux de tous les métiers le sont aussi à l’image de l’agriculture, le tissage, la politique. Et même l’extraction de sang par les ventouses (Al-Hijâma), la couture. Un pays sans personne pour faire la Hijâma précipiterait ses habitants à leur perte, il serait bien gêné de s’exposer à leur fin.
Celui qui a créé la maladie a aussi créé son remède autant qu’il a orienté les gens vers la façon de l’utiliser et mis en œuvre les moyens de l’ingérer. Il n’est donc pas permis de négliger cela au point de s’exposer à la mort. » Fin de citation.
Et il ne fait aucun doute que le musulman, en espérant la récompense divine à travers son emploi d’infirmier, alors cela est considéré comme un acte permettant de se rapprocher d’Allah et un acte d’obéissance dans le sens où son emploi constitue en soi une aide aux musulmans et un service. Mais aussi, dans le sens où le musulman, par cet emploi, gagne sa vie et dépense son argent pour lui-même et sa famille ce qui lui permet de ne pas avoir à solliciter l’aide des gens.
Avec une bonne intention, les actes que le musulman fait au quotidien sont comptés comme des adorations, comme cela est dit dans le Sahih Al-Boukhârî, selon Mu’âdh, qu’Allah soit satisfait de lui, qui a dit : « J’espère être récompensé quand je dors au même titre que j’espère être récompensé quand je veille la nuit en prière. »
Dans son livre Miftâh Dâr Al-Sa’âda, Ibn Al-Qayyim a dit : « Un fidèle qui aime véritablement et sincèrement Allah considère que c’est une trahison de sa part envers Celui qu’il aime de faire un acte de son plein gré qui ne le satisferait pas. Et s’il venait à faire un acte passionnel inhérent à sa nature humaine, il s’en repentirait tout comme il se repentirait d’un péché. Un tel sentiment devient de plus en plus intense au point où tous les actes qui sont seulement permis deviennent des actes d’obéissance. Le fidèle espère alors être récompensé quand il dort, mange et se repose au même titre qu’il espère l’être quand il veille la nuit en prière, jeûne et fait des efforts. Le fidèle est donc constamment entre un bienfait pour lequel il est reconnaissant et une difficulté devant laquelle il patiente. Il est toujours sur le chemin d’Allah quand il dort et quand il est éveillé.
Un savant a dit : « Les actes du quotidien des gens intelligents sont comptés comme des adorations. Et les adorations des gens bêtes sont comme des actes du quotidien. »
Un prédécesseur a dit : « Quand un homme intelligent mange ou dort, cela est encore meilleur qu’un homme bête qui passe la nuit en prière et la journée à jeûner. »
Un fidèle qui aime sincèrement Allah, quand il parle c’est pour Allah et à travers Allah. Et quand il se tait, c’est pour Allah. S’il agit, c’est par un ordre d’Allah. Et s’il n’agit pas, c’est qu’il sollicite l’aide d’Allah pour Le satisfaire. Il vit pour Allah, par Allah et avec Allah. » Fin de citation.
Il est des savants qui sont d’avis que le musulman est récompensé pour des actes dont l’utilité profite à autrui – comme les soins infirmiers – même s’il n’a pas d’intention particulière en le faisant.
Pour ce qui est de la mixité dans les hôpitaux : cela dépend du degré de mixité, des proportions dans lesquelles les femmes respectent l’obligation du voile islamique et le réel besoin exigeant de se retrouver dans une situation de mixité.
Le fidèle doit s’efforcer de détourner son regard de ce qui est interdit sachant que si ses yeux se posent furtivement sur ce qui l’est, il en est pardonné.
Quant à regarder à plusieurs reprises une femme alors cela n’est pas permis sauf s’il y a un besoin réel considéré comme tel comme des soins médicaux ou autre. Jarîr rapporte avoir interrogé le Messager d’Allah () sur le regard qui tombe par inadvertance sur une femme. Il répondit : « Détourne immédiatement le regard. » Mouslim.
Dans son livre Ikmâl Al-Mu’allim, le cadi ‘Iyâd a dit : « Un regard par inadvertance est un regard qu'il n’avait pas l’intention de porter sur une femme. Un tel regard est pardonné. »
Ce qui est interdit c’est le regard illicite, c'est-à-dire regarder avec insistance et contempler la beauté d’une femme pour prendre du plaisir et exciter ses pulsions. C’est pour cela que dans un hadith, le Messager d’Allah () dit à Ali : « Si tes yeux se posent sur une femme par inadvertance, alors n’insiste pas à la regarder une deuxième fois. La première fois t’est pardonnée, mais pas la deuxième. » Allah a intimé l’ordre aux croyants de détourner leur regard de ce qui est interdit tout comme Il leur a intimé l’ordre de préserver leur chasteté. Et le Messager d’Allah () a dit : « L’œil commet la fornication… »
Détourner son regard de ce qui est interdit est obligatoire dans bien des cas, comme les parties intimes et ce qui y est assimilé. Cela est obligatoire dans des cas et pas dans d’autres, selon la situation. C’est obligatoire sauf pour un objectif valable comme un témoignage, regarder une femme pour se marier, un médecin qui ausculte son patient, et autre cas similaire. » Fin de citation.
Aussi, il n’est pas possible d’affirmer de façon absolue que délaisser le métier d’infirmier est plus à même de préserver la religion du fidèle. Il n’est pas concevable d’affirmer que les médecins et les infirmiers et tous les musulmans qui travaillent dans le domaine médical sont négligents dans leur religion ?!
Celui qui redoute de tomber dans la tentation là où il travaille alors qu’il travaille dans un autre endroit où il sera à l’abri de la tentation.
Avec ceci, le musulman ne commet aucun péché s’il décide de délaisser son emploi d’infirmier. Ce n’est pas une obligation individuelle au point de dire que celui qui le délaisse commet un péché !
Si un musulman s’engage dans un emploi en tant qu’infirmier puis décide d’arrêter alors il n’est coupable d’aucun péché tant qu’il y a suffisamment de gens qui occupent ce poste.
Pour ce qui est des soins infirmiers que des femmes apportent aux hommes comme cela est relaté dans le hadith de Rabî’, la fille de Mi’wadh ibn ‘Afrân qui a dit : « Au cours d’une bataille avec le Messager d’Allah (), nous donnions à boire aux combattants et étions à leur service. Nous ramenions les morts et les blessés à Médine. » Rapporté par Boukhari.
Selon Mahmûd ibn Labîd : « Lorsque Sa’d fut blessé le jour de la bataille des tranchées, il était si lourd qu’on a dû le ramener auprès d’une femme appelée Rafîda pour qu’elle prenne soin de lui. Il s’agit d’une femme qui soignait les blessés… » Rapporté par Boukhari dans Al-Adab Al-Mufrad.
On doit comprendre qu’elle faisait cela dans une situation où le besoin se faisait ressentir et que c’était un cas de nécessité.

Et Allah sait mieux.

Fatwas en relation

Recherche Fatwas

Vous pouvez rechercher une fatwa à travers de nombreux choix

Le plus lu aujourd’hui